Les modifications apportées au Code de construction du Québec, Chapitre V – Électricité, ont pour but de simplifier et de clarifier l’application de la règlementation concernée. La Régie du bâtiment du Québec publie régulièrement des chroniques afin d’apporter davantage de lumière sur certains points qui lui sont signalés comme n’étant pas assez clairs. La protection des câbles dissimulés est capitale et la présente chronique est d’une clarté totale. M. Gilbert Montminy, ing., utilise un langage simple, dans un texte illustré de nombreuses figures.
Introduction
L’édition 2010 du chapitre V, Électricité, du Code de construction du Québec (Code) a apporté des changements importants en ce qui a trait à l’installation et surtout à la protection mécanique à offrir aux câbles sous gaine non métallique, encore communément connus de nos jours sous la dénomination « loomex ».
Sans justifier les raisons de ces nouvelles exigences, il est tout de même essentiel de préciser que trop souvent dans le passé, un bon nombre d’incendies et d’électrisations (qui parfois tournent en pertes de vies) avaient comme origine un clou ou une vis malencontreusement insérée dans un tel câble dissimulé.
Cependant, il semble y avoir une certaine incompréhension sur l’interprétation à donner au nouvel article 12-516, qui est modifié au Québec. Nous tenterons donc de clarifier le tout à l’aide de cette chronique en schématisant le plus possible ces nouvelles exigences.
Exigences
L’article 12-516 du Code se lit de la façon suivante :
« 12-516 Protection des câbles dans les installations dissimulées (voir l’appendice G)
1) La surface extérieure d’un câble doit être maintenue à une distance d’au moins 32 mm du bord de tout élément de charpente destiné à servir de support à un revêtement ou parement ; sinon, il faut protéger efficacement le câble contre l’endommagement mécanique pendant et après l’installation.
2) Si un câble traverse un élément de charpente métallique, il doit être protégé par une garniture approuvée pour l’usage prévu et convenablement fixée en place.
3) Si un câble est installé derrière une plinthe, une moulure ou un autre élément de finition semblable, sa surface extérieure doit être maintenue à une distance d’au moins 32 mm du bord caché de cet élément ; sinon, il doit être protégé efficacement contre l’endommagement mécanique causé par l’enfoncement de clous ou de vis. »
Application
Avant de s’attarder à l’exigence spécifique de chacun de ces paragraphes, il est important d’établir le domaine d’application de l’article. En effet, ces exigences doivent être suivies dès qu’un câble sous gaine non métallique est dissimulé ; que ce soit dans un mur, un plafond ou autre, et également, peu importe le matériau de charpente (charpente métallique ou en bois) ou de finition utilisé. Quant à la signification du terme « dissimulé », rappelons que ce terme est défini à la section 0 du Code. Un câble enfermé dans un mur où il y a une finition (que ce soit un parement ou un revêtement intérieur ou extérieur) qui le rend inatteignable correspond donc à un câble dissimulé.
Cependant, il faut préciser que ces exigences ne sont pas seules. La sous-section complète touche différents aspects dont il faut tenir compte également lors de la conception et de l’installation de ce type de câble. Par exemple, l’article 12-514 prescrit certaines règles touchant spécifiquement les cas où l’on installe de tels câbles sur les solives ou les chevrons. Afin de ne pas alourdir le texte de cette chronique, nous nous limitons cependant à ne discuter que des exigences contenues à l’article 12-516 puisque c’est le seul article à avoir subi des modifications par rapport au Code précédent.
Interprétation
Le paragraphe 1) requiert une distance minimale de 32 mm entre la surface du câble et le bord de l’élément de charpente qui est destiné à servir de support au revêtement. Afin d’alléger le texte, nous parlerons de « façade » et de « gypse » pour désigner ces deux notions mentionnées plus haut. On devine donc que le mot « gypse » doit aussi être vu comme remplaçant le mot « revêtement », peu importe que l’on se place du point de vue de l’intérieur ou de l’extérieur du bâtiment. Si une distance de 32 mm ne peut être respectée, il faut ainsi voir à protéger toute la partie du câble qui se situe à moins de cette distance de la façade, tel que démontré à la figure 1 qui suit.
On remarque que la façade correspond vraiment à la partie du montant (ou autre élément de charpente, telle une fourrure par exemple) qui servira d’appui au gypse (ou autre élément de finition) lorsque ce dernier sera installé.
Précisons que le dégagement minimum prescrit de 32 mm se calcule à partir de toute la surface de la façade. La figure 2 nous montre cette projection dont on doit tenir compte afin de déterminer s’il est nécessaire d’ajouter une protection mécanique ou non.
Ainsi, si un câble se retrouve dans la zone ombragée montrée à la figure 2, il devient nécessaire de le protéger. Au contraire, si le câble est en dehors de la zone ombragée (soit au-dessus, au-dessous ou plus loin derrière), il satisfait à l’exigence du Code et n’a pas besoin d’ajout d’une protection mécanique. L’emplacement du câble doit donc être sélectionné avec ingéniosité si l’on veut éviter l’ajout d’une telle protection.
Par conséquent, comme on peut le voir à la figure 3, si un câble longe l’élément de charpente qui est destiné à servir de support au gypse, il devra le faire en retrait des 32 mm de tout l’espace déterminé à partir de la façade; sinon, il faut le protéger adéquatement.
Cela requiert donc une vigilance accrue de la part de l’installateur, qui verra soit à mettre le câble en dehors de cette zone, ou bien à le protéger mécaniquement au moyen de composants approuvés pour l’utilisation. Cependant, il est clair que tout montage mécanique au niveau de la charpente qui peut éloigner le câble de cette zone interdite peut être réalisé, pourvu qu’il ne rende pas l’installation problématique au niveau d’un des autres chapitres du Code de construction.
Par exemple, comme on peut le voir à la figure 4, il est possible de s’assurer que le câble respectera le dégagement minimum de 32 mm, simplement en ajoutant une pièce de bois que l’on fixe derrière la fourrure, entre cette dernière et le pare-vapeur.
Attention ! Tout ajout comme il a été discuté ne doit être pratiqué qu’avec l’accord de l’entrepreneur général et de son client, de manière à ne pas abîmer le pare-vapeur et aussi à ne pas comprimer l’isolant thermique de façon inappropriée ; par exemple, il sera peut-être nécessaire d’en arrondir les arêtes.
De plus, il est essentiel de prendre les dispositions nécessaires pour que les câbles qui se retrouvent entre le pare-vapeur et la pièce de bois que l’on ajoute restent en place. Il s’agit donc d’innover, en apportant la solution voulue pour satisfaire au Code pour que l’installation soit et permanente.
Enfin, toute protection mécanique installée pour satisfaire à l’exigence du Code doit couvrir le câble de manière à le sécuriser sur au moins 32 mm de la surface discutée plus haut.
Ainsi, comme il est démontré à la figure 5, si l’on choisit d’utiliser une douille approuvée pour l’utilisation et installée au travers du montant (ou entremise), elle doit se prolonger sur une distance supplémentaire de 32 mm de chaque côté de l’élément de charpente qui est destiné à servir de support au gypse pour ainsi couvrir le dégagement prescrit. La douille devrait donc avoir une longueur minimale de 64 mm de plus que la façade du montant qui sert de support au gypse.
Pour ce qui est du second paragraphe de l’article 12-516, il exige simplement qu’une garniture approuvée, de la bonne dimension, soit utilisée pour protéger le câble sous gaine non métallique lorsqu’il traverse des éléments de charpente métallique.
En effet, très souvent, ces éléments de charpente possèdent des trous « préperforés » qui ont des arêtes vives et peuvent facilement abîmer l’isolation du câble et des conducteurs. Le Code exige donc l’installation de la garniture pour ainsi protéger toute altération du câble.
De plus, tel qu’on peut le voir à la figure 6, dans les cas où le trou n’existe pas, il faut s’assurer de le réaliser avec l’aide des outils adéquats.
Aussi, le trou doit être positionné de manière à ce que le câble se retrouve encore à un minimum de 32 mm de la surface destinée à recevoir le gypse, sinon il doit être protégé adéquatement comme l’exige le paragraphe 1) discuté plus haut.
Précisons encore une fois qu’il est essentiel de s’assurer de la compatibilité du trou et de la garniture. Trop souvent, nous avons vu à l’inspection des garnitures qui n’étaient pas du diamètre approprié et se séparaient de l’emplacement ; n’offrant ainsi aucune protection au câble.
À noter également que certaines garnitures présentes sur le marché ne sont pas appropriées pour une telle utilisation car elles ne sont pas approuvées pour du câblage électrique, mais plutôt pour de la tuyauterie.
Quant au paragraphe 3) de l’article 12-516, il poursuit essentiellement les mêmes objectifs que le paragraphe 1), mais dans les cas précis des moulures, plinthes ou tout autre élément de finition semblable. Ainsi, tout câble qui n’est pas à au moins 32 mm du bord caché de la plinthe ou moulure doit être protégé adéquatement. Comme on peut le voir à la figure 7, cette distance doit être mesurée entre le câble et le bord caché de l’élément de finition.
S’il y a un gypse entre l’élément de finition et l’élément de charpente qui le supportera, l’épaisseur du gypse (qui ne peut offrir une protection mécanique valable) ne peut pas être considérée dans le calcul des 32 mm, puisque cela n’est pas permis par le paragraphe 1), même si le paragraphe 3) pourrait le laisser croire. Disons plutôt que le paragraphe 1) a priorité dans un tel cas.
En d’autres termes, le câble doit être à au 32 mm de la façade cachée du gypse, ce qui le rend automatiquement conforme aux exigences du paragraphe 3) puisqu’il sera encore plus distancé du bord caché de la plainte. Par contre, certains éléments de finition (métal, céramique…) peuvent offrir la protection mécanique attendue. Par exemple, l’installation d’un câble dans l’espace prévu derrière une plinthe chauffante électrique pour atteindre le compartiment de raccord est jugée conforme à cette exigence du Code.
Particularités
Certaines particularités s’appliquent en plus de ce qui a été discuté précédemment. En voici donc les principales:
1) Protecteurs spéciaux
Bien qu’ils ne soient pas obligatoires, dans les cas où l’on utilise les montants de bois pour fixer des armoires par exemple, il peut être intéressant et même fortement recommandé de protéger les câbles qui passent devant ces montants à l’aide d’un protecteur spécial tel que démontré à la figure 8.
De cette façon, même si le câble est à plus de 32 mm de l’élément chargé de supporter le gypse (fourrure), il pourrait y avoir des problèmes si le montant sert également de support à une armoire ou un autre objet lourd. Le petit coût supplémentaire déboursé ne sera rien à comparer à la tranquillité d’esprit de l’installateur du câble.
2) Montants de 39 mm par 63 mm (2’’ x 3’’)
Dans le cas où des montants de 39 mm par 63 mm sont employés, l’installateur doit faire preuve d’innovation dans certains cas ; surtout s’il doit traverser de tels montants. Rappelons que, même si l’on ne trouve pas facilement de produits rapidement disponibles sur le marché, il en existe abondamment qui peuvent satisfaire aux exigences du Code.
La RBQ ne peut recommander de produits en particulier, mais l’installateur doit faire connaître ces besoins de façon précise auprès de ses fournisseurs pour que ces attentes soient comblées et que ces derniers possèdent tout le matériel requis et le rendent accessible avec des délais de livraison raisonnables.
3) Position des trous pour le passage des câbles
Dans le titre de l’article 12-516, on propose une référence à l’appendice G. Cette référence concerne la section 9.23.5 du chapitre I, Bâtiment, du Code de construction. Elle concerne les trous dans des éléments d’ossature de plancher, de plafond et de toit. Comme cette exigence doit aussi être respectée, il est clair que la distance de 32 mm sera automatiquement conforme puisqu’on y exige que le trou ne soit pas plus près que de 50 mm du rebord de l’élément de charpente (solive).
4) Retrait des protections installées
Il est malheureux de constater à l’occasion qu’un entrepreneur en construction vienne retirer les plaques et autres éléments de protection ajoutés en surface pour protéger les câbles.
L’entrepreneur en électricité a le devoir de faire en sorte que le Code soit respecté. Il est important de coordonner les travaux et de responsabiliser tous les intervenants concernés. Le retrait de gypse afin de réinstaller les protections retirées ne fait plaisir à personne. Tous doivent collaborer pour éviter de tels désagréments.
Conclusion
La protection mécanique des câbles sous gaine non métallique est un élément essentiel à considérer dans une installation électrique. L’installateur doit s’assurer du respect des exigences du Code et voir à la collaboration de tous les autres intervenants. Souhaitons que les exigences plus sévères ajoutées à l’article 12-516 viennent diminuer le nombre d’incendies et d’électrisations dans un avenir rapproché.
Gilbert Montminy, ing.
Responsable du secteur « Électricité »
Direction de la réglementation et du soutien technique
Régie du bâtiment du Québec
Michel Lachance dit
Donc, techniquement on ne peut passer un câble dans un mur fait de 2×3 car 3po nominal = 2,5po réel = 63,6mm.
Ceci ne laisse pas de place pour l’épaisseur du câble !?!?