Les discussions techniques et d’idéologie comparant le courant alternatif au courant continu ont fait les belles heures des centres de recherche et des laboratoires de recherche et développement en électricité depuis au moins 125 ans. ABB soutient avoir résolu le casse-tête technique qui avait permis au courant alternatif d’être préféré au courant continu en 1893. Si on se fit aux dires de la compagnie, les réseaux CC superposés pourront relier les pays et les continents. Bonne nouvelle pour les québécois qui aimeraient vendre leurs surplus d’électricité plus loin que sur la Côte Est américaine (texte inspiré d’un communiqué de presse émis par ABB).
ABB a annoncé à la mi-novembre la mise au point d’une innovation qu’elle dit révolutionnaire dans la coupure du courant continu, solutionnant ainsi un casse-tête d’ingénierie électrique vieux de 100 ans, tout en ouvrant la voie à un système d’approvisionnement en électricité qui serait, croit-on, à la fois plus efficace et plus fiable.
Il a fallu des années de recherche pour développer le premier disjoncteur adapté au courant continu à haute tension (HVDC). Ce disjoncteur, associant une mécanique très rapide et un système d’électronique de puissance, sera capable de « couper » des courants d’électricité équivalents à la production d’une grande centrale électrique en l’espace de cinq millisecondes – soit trois fois plus rapidement qu’un battement de cils.
Cette innovation lève un obstacle empêchant depuis 100 ans le développement de réseaux de transport CC, lequel permettrait une intégration et un échange efficaces d’énergie renouvelable. Les réseaux CC amélioreraient en outre la fiabilité de l’approvisionnement en électricité et renforceraient la capacité des réseaux CA (courant alternatif) existants, aux dires de la compagnie. Des discussions ont été entreprises avec quelques services publics afin d’identifier des projets pilotes pour la mise en œuvre de cette innovation.
« C’est une nouvelle page de l’histoire de l’ingénierie électrique, a déclaré Joe Hogan, chef de la direction d’ABB. Cette innovation permettra de créer le réseau de demain, ajoute-t-il. Les réseaux CC superposés pourront relier les pays et les continents, équilibrer les charges et renforcer les réseaux de transport CA existants » , conclut-il
Le développement du disjoncteur HVDC hybride représente l’un des projets de recherche phares de l’entreprise, qui investit plus d’un milliard de dollars par année dans des activités de R&D. L’étendue de son portefeuille et sa combinaison de capacités de production internes de semi-conducteurs de puissance, de convertisseurs et de câbles haute tension (composants clés des systèmes HVDC) ont constitué des avantages évidents dans le développement de cette innovation.
La technologie HVDC est nécessaire pour faciliter le transport d’électricité sur longue distance depuis les centrales hydroélectriques, l’intégration de l’éolien offshore, le développement de projets d’énergie solaire prometteurs, et l’interconnexion des différents réseaux électriques. C’est ABB qui a développé la technologie HVDC il y a près de 60 ans et continue à développer l’électricité avec de nombreuses innovations. Les 70 projets HVDC dans le monde représentent environ la moitié du parc installé, soit une puissance installée de plus de 60 gigawatts (GW) – (60 000 mégawatts).
Le déploiement de la technologie HVDC a eu pour effet d’augmenter le nombre de connexions point à point dans différentes régions du monde. En toute logique, l’étape suivante consiste à raccorder les lignes et à optimiser le réseau. On travaille déjà à l’élaboration de systèmes multiterminaux, tandis que le disjoncteur CC constitue une étape majeure dans l’évolution des réseaux HVDC. Parallèlement au développement du nouveau disjoncteur hybride, ABB a créé un centre de simulation de réseau HVDC développant des solutions pour le fonctionnement futur des réseaux CC superposés.
Un peu d’histoire :
La « guerre des courants » entre Thomas Edison et George Westinghouse a pris toute son ampleur en 1886, alors que l’ingénieur Nikola Tesla devenait le conseiller spécial de Westinghouse et qu’il développa le transport de l’électricité en CA. Le tandem Westinghouse-Tesla remporte la victoire en 1893, alors qu’il obtient le contrat d’installation de toute l’infrastructure électrique des États-Unis.
Tesla s’est toujours considéré comme un découvreur plutôt qu’inventeur. Le disjoncteur HVDC de ABB est une invention qui risque d’apporter de profonds changements dans le transport et la distribution de l’électricité.
Les surplus prévus de production d’électricité au Québec auront peut-être ainsi des preneurs plus loin aux États-Unis que simplement la Côte Est. Reste à voir.
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