Les récents articles concernant les DEL blanches et les problèmes possibles qui y sont reliés ont amené bon nombre de questions de la part des lecteurs du magazine. Surtout, les lecteurs veulent savoir où en est rendu le développement de l’invention des chercheurs du cégep de Sherbrooke. L’invention est bel et bien là, les demandes de brevet sont déposées et on est en phase de développement. Quant à l’entreprise Ledtech, à qui le cégep a confié la mise en marché du filtre en question, elle en est au stage des test, demandes d’homologation et production de prototypes.
La mise en marché de tels produits nécessite d’abord et avant tout que les exigences du marché soient respectées, plus précisément que les normes de IESNA en matière d’éclairage soient rigoureusement suivies. Lorsqu’on parle d’éclairage extérieur, on parle de lampadaires de rues, d’éclairage de grands stationnements et de projecteurs (flood lights) ; pour IESNA, on parle d’équipements de type 1, 2, 3, 4, et 5.
Dans le cas du filtre du cégep de Sherbrooke, qui vise à réduire l’éclairement dirigé vers le ciel, les recherches ont conduit à constater les effets négatifs des ondes bleues des DEL blanches. Le projet est né du besoin pour l’observatoire du Mon-Mégantic de préserver le ciel étoilé, c’est-à-dire de limiter l’éclairage afin de faciliter l’observation du ciel.
L’observatoire du Mont-Mégantic et ses alliés ont réussi à faire déclarer le secteur Réserve internationale de ciel étoilé par l’International Dark Sky Association. Elle fut la première du genre, qui en compte maintenant cinq à travers le monde. Un autre groupe semblable, Starlight Initiative, compte aussi cinq réserves de ciel étoilé officielles. Certains parcs de conservation et des observatoires pratiquent la même protection de ciel étoilé mais n’ont pas de reconnaissance officielle ; on en compte une quarantaine à travers le monde.
C’est cette quarantaine de sites de protection de ciel étoilé qui constitue la clientèle première pour le filtre du cégep de Sherbrooke. En Arizona, dans la ville de Flagstaff, située à plus de 2 000 mètres d’altitude, on peut facilement voir la voie lactée en plein centre ville du fait que depuis longtemps la ville d’environ 60 000 habitants préconise un éclairage bien balancé. La ville s’enorgueillit d’être la ville la plus noire des États-Unis, grâce en particulier à son éclairage de rues au sodium basse pression à zéro émission au-dessus de l’horizon.
Mais on doit reconnaitre que c’est au niveau des municipalités et des ministères des transports que les grandes quantités de lampadaires sont utilisés. Pour les villes, on se préoccupe de plus en plus de la lumière intrusive, soit la lumière de rue qui entre dans les maisons par les fenêtres. C’est justement un des endroits où le filtre du cégep peut être des plus efficaces.
Les villes désirent utiliser judicieusement les deniers publics, donc l’économie que représentent les lampadaires DEL a de quoi séduire : plus de 60% d’économie sur l’électricité utilisée et des sommes colossales en entretien et remplacement, qu’on prévoit environ 10 à 12 fois moindre qu’avec des lampadaires conventionnels. Le hic est justement la lumière intrusive, les dangers provenant des ondes bleues des DEL blanches, qui réduisent les heures de sommeil, sans compter les autres inconvénients au point de vue de la santé des humains et des animaux, en plus de nuire à la croissances de la végétation.
Le principe du filtre du cégep de Sherbrooke, inventé par le professeur-chercheur Martin Aubé, est simplement de réduire les effets néfastes de ces ondes bleues, soit celles dont les couleurs sont moindres que 500 nanomètres. Cette technologie permet de bien filtrer les ondes bleues, tout en limitant la perte d’éclairage à 10%. La technologie de l’enduit de phosphore, elle, provoque des pertes allant jusqu’à 70%, dit-on. Bien sûr, le Colonel Sanders ne donnerait jamais sa recette des 11 épices et fines herbes ; le cégep non plus ne donnera pas sa recette. Mais on sait qu’il s’agit de l’application de 20 à 30 couches minces de certains produits sur une vitre pour filtrer ces ondes bleues. Mieux, on peut appliquer ces produits directement sur les diodes, ce qui en augmente encore l’efficacité.
Les test de ce filtre ont été concluants sur les appareillages de type 5, alors que les test pour les types 1, 2, 3, et 4 viennent d’être faits et seront homologués très prochainement par un laboratoire indépendant reconnu par l’Agence américaine de Protection de l’Environnement (EPA) pour faire des test pour la certification des produits à DEL intégrés du programme ENERGY STAR. C’est là l’une des exigences du marché, en plus de l’homologation IESNA.
Ce filtre, jumelé à une planification judicieuse de l’orientation des lampadaires afin d’éclairer au bon endroit, amènera, de l’avis des experts, un plus grand respect de la vie et … des budgets ! Selon Ledtech et le professeur Aubé, ces produits pourraient être en marché avant que la neige soit toute fondue.
Notre photo montre M. Martin Aubé, qui explique le fonctionnement du filtre qu’il a inventé. Le cégep de Sherbrooke détient le brevet de cette invention.
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