La maitrise de l’énergie prend de plus en plus d’importance auprès des industries, des commerces et des institutions, ce qui amène l’Association québécoise pour la maitrise de l’énergie (AQME), à rendre hommage aux projets les plus performants et prometteurs. L’Association a donc attribué 12 lauréats, plus deux mentions parmi les 45 projets soumis au jury, en plus de rendre hommage à une personnalité méritoire. Le tout s’est déroulé lors de la 24e Soirée Énergia, présentée le mardi 4 février, à Montréal.
Le Magazine Électricité Plus étant consacré uniquement à l’électricité, les hommages mentionnés ici touchent les huit projets pour lesquels l’électricité est en cause. Dans l’ensemble, les 45 projets permettent des économies de plus de 136 gigawatts d’électricité (136 millions de kilowatts), pour une valeur de 6,8 M$, suffisamment pour alimenter 5 500 maisons!
Le grand gagnant de la soirée est sans contredit le Prix du Jury, attribué à la Maison du Développement Durable, projet du groupe Équiterre.
Coup de cœur des membres du jury pour un projet porteur. Ce projet s’est particulièrement démarqué par les résultats obtenus lors de l’étape de l’analyse technique, l’originalité de la démarche, l’ensemble des efforts déployés, le souci d’assurer la pérennité du projet, de même que l’importance des retombées (économiques, sociales et environnementales) du projet. Le projet n’avait pas été primé dans sa catégorie.
La Maison du développement durable (MDD) est la propriété d’un organisme à but non lucratif et abrite les bureaux d’Équiterre et de sept autres organismes environnementaux et sociaux, un restaurant et un centre de la petite enfance.
Construit sur un espace restreint de 1 384 m² en plein cœur du centre-ville de Montréal, l’immeuble à bureaux de 5 étages couvre une superficie de 6 360 m². Avec comme mandat initial l’obtention de la plus haute distinction en énergie selon LEED NC 1.0, Bouthillette Parizeau, de concert avec l’équipe de design intégré, a su mener à terme avec brio un projet restreint par une enveloppe budgétaire serrée, exclusivement composée de dons et d’autofinancement. C’est un mélange de technologies innovantes, efficaces et éprouvées, mais aussi d’idées originales qui ont permis d’obtenir le total des 10 points admissibles en énergie (EAc1).
La performance énergétique du bâtiment, qui s’est vu décerner un total de 59 points sur les 70 points éligibles, est inégalée. En ne consommant que 0,39 GJ/m², cet immeuble à bureaux bénéficie d’une économie de coût, sans considérer les charges aux prises, de 64 % par rapport à la référence Code modèle national de l’énergie pour les bâtiments (CMNÉB) 97 !
Les responsables du projet sont Jacques Lagacé, de Bouthillette-Parizeau, et Normand Roy, d’Équiterre.
Notre photo principale :
De g. à dr, Richard Gervais, de l’Ordre des Technologues du Québec, Jacques Lagacé, de Bouthillette-Parizeau, Normand Roy, d’Équiterre, Isabelle Tremblay, de l’Ordre des ingénieurs du Québec, Claude Décarie, de Bouthillette-Parizeau, et Jean-Pierre Dumont, de l’Ordre des architectes du Québec.
Premier bâtiment à obtenir la certification LEED Platine NC au Québec, la Maison du développement durable est le fruit du savoir-faire d’ici. Un projet synonyme d’ingéniosité, d’innovation et de réussite !
Autre grand vainqueur, le prix Reconnaissance d’Hydro-Québec, est allé au concept de magasin Éco Attitude du groupe BMR Yves Gagnon. Ce projet fait table rase des anciennes pratiques de construction où les centres de rénovation étaient faits d’acier et de béton, sans aucune notion de gestion énergétique. Après avoir étudié ce que les divers organismes de certification proposaient, le Groupe a réalisé qu’aucun ne collait à la vision de l’entreprise et le Groupe a choisi de créer ses propres standards et de concevoir son propre prototype de centre de rénovation écoresponsable.
Inspiré de ce qui se fait de mieux en Europe, le groupe a mis à profit plusieurs technologies et stratégies afin que les nouveaux bâtiments soient le moins énergivores possible : géothermie, puits de lumière et verrière reliée à des détecteurs de luminosité, luminaires efficaces contrôlés par ces détecteurs, ventilateur récupérateur de chaleur, plancher radiant, structure de bois apparente et mur végétal qui agit comme humidificateur d’air géant.
Dans un souci de protection des ressources forestières, on a également implanté un système d’étiquettes électroniques afin d’éliminer le gaspillage lié aux étiquettes en papier. Ce système permet d’éviter la consommation d’environ 107 000 étiquettes en papier par année.
Les responsables de ce projet sont Yves Gagnon, du Groupe BMR inc., et Geneviève Gagnon, du Groupe Yves Gagnon.
Il faudrait de nombreuses photos pour bien illustrer tout ce qu’il y a d’écoénergétique dans ce Magasin BMR de St-Jean : construction en bois, puits de lumière, échangeur d’air, etc. Tout un concept novateur.
Dans la catégorie Bâtiment existant – autres secteurs (plus de 10 000 mètres carrés), le lauréat est le projet du complexe Southwest One (SW1),qui a permis de réduire les coûts d’opération du complexe de 140 000 $/an en plus d’annuler le coût d’installation d’un nouveau condenseur de 250 000 $.
Situé au cœur du secteur résidentiel de Pointe-Claire, le complexe SW1 est un projet immobilier mixte composé de 662 logements résidentiels locatifs incorporant un centre médical de 10 000 m2 . Le complexe comprend près de 65 000 m2 de surface locative résidentielle, pour un total d’un peu plus de 72 000 m2 d’espace locatif. L’eau froide et chaude domestique du complexe est traitée par un système de quartier centralisé, distribuant l’eau à l’ensemble des édifices.
La clinique de radiologie de SW1, d’une superficie d’environ 1 700 m2, a été mise en service durant l’été 2012. La clinique a été réalisée selon des standards énergétiques efficaces et durables, incluant les mesures suivantes :
— Enveloppe efficace, toiture végétalisée ;
— Récupération de chaleur sur l’air évacué ;
— Entraînement à fréquence variable ;
— Sondes CO2 ;
— Ventilation par déplacement ;
— Éclairage efficace ;
— Commande centralisée
Ce prix est attribué à un projet ayant fait l’objet de mesures favorisant l’efficacité énergétique caractérisée par l’introduction de concepts de design et/ou de gestion s’appuyant sur les principes du développement durable et autres éléments de performance énergétique et environnementale reconnus ou non par des programmes tels que LEED, Visez Vert, Green Leaf, Ecoglobes, Green Building Challenge, etc.
Les responsables du projet sont Martin Gauthier, du Complexe SouthWest One, et Stanley Katz, de Koilostat.
140 000$ d’économies par année… l’investissement se rembourse rapidement! En plus d’éliminer un autre investissement de 250 000$.
Dans cette catégorie Bâtiment existant – autres secteurs (plus de 10 000 mètres carrés), une mention spéciale a été accordée au groupe Jaro pour le Palace Royal, comptant 234 chambres. Sur l’atrium vitré donnent la moitié des chambres de l’hôtel créant une atmosphère estivale toute l’année. La température y étant élevée (≈27 °C), la majorité de ces chambres sont continuellement en mode climatisation, été comme hiver. Le Palace Royal utilisait un système de refroidissement qui, essentiellement, transférait cette chaleur vers l’extérieur de l’immeuble en utilisant les 2 refroidisseurs de 180 tonnes ou le mode de refroidissement naturel. Pour réutiliser cette énergie thermique, une pompe à chaleur modulaire produisant de l’eau de chauffage a été installée entre la boucle d’eau refroidie et celle de chauffage. En procurant le refroidissement requis, elle chauffe en priorité l’eau chaude domestique grâce à quatre chauffe-eau indirects. Lorsqu’ils sont satisfaits, elle procure le chauffage de l’hôtel ou celui de la piscine/spa selon les besoins.
Les responsables du projet sont Jacques Robitaille, des Hôtels Jaro inc., et Claude Routhier, de Poly-Énergie inc.
Le Palace Royal est le joyau des Hôtels Jaro. Le propriétaire de la chaîne JARO, M. Jacques Robitaille, est devenu un des plus importants hôteliers fau Québec grâce à son travail de terrain dans tous ses établissements et à son implication personnelle dans tous les aspects de la gestion hôtelière.
Dans la catégorie Transport, la Ville de Trois-Rivières a obtenu une mention spéciale. Depuis 2010, le système d’éclairage sur la portion de la rue des Forges entre le boulevard des Récollets et la rue du Père-Marquette est constitué d’un réseau de 25 luminaires à DEL avec un système graduable. À partir de 23 h, le niveau d’éclairement descend graduellement jusqu’à obtenir un niveau d’éclairement équivalent à celui d’un secteur résidentiel.
Prix accordé en vertu d’une technologie et/ou programme contribuant à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le secteur des transports.
Le projet était sous la responsabilité de l’équipe des Travaux publics et génie de la Ville de Trois-Rivières.
Au niveau du confort, avant de réaliser le projet, le niveau d’éclairement était nettement insuffisant et déficient. Avec l’éclairage aux DEL, nous avons un éclairage répondant aux exigences de l’IES et un éclairage de couleur blanche avec un rendu de couleur d’au moins 70. Les plaintes relatives à l’éclairage ont été éliminées et le confort des piétons et automobilistes en a été grandement amélioré.
Dans la catégorie GESte durable – secteur industriel, Waste Management (WM) et les Serres Demers ont réalisé à Drummondville un projet unique au Canada incarnant l’efficacité énergétique. Il s’agit d’un complexe de serres de tomates de trois hectares développé par la famille Demers sur la propriété de WM à Drummondville, à proximité d’un lieu d’enfouissement de matières résiduelles. WM extrait de ses installations les biogaz issus de la décomposition des matières enfouies. Les biogaz sont acheminés vers une centrale de production d’électricité où ils servent de combustible dans des moteurs, jumelés à des génératrices. Ce projet a nécessité des investissements totaux de 28 millions $, dont 12,5 millions $ pour les serres et a créé une cinquantaine d’emplois. L’utilisation de cette chaleur résiduelle permet d’éviter la combustion de plus de deux millions de litres de mazout annuellement. Bien assez pour leur mériter le lauréat de cette catégorie.
Ce prix s’adresse à des Complexes industriels ou manufacturiers ayant fait l’objet de mesures spécifiques de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GESZ) au niveau du procédé de fabrication. Cette réduction des GES ne doit pas être la conséquence d’une modification totale ou partielle du nombre d’unités produites ou autres raisons de ce genre.
Les responsables du projet sont Daniel Brien, de Waste Management (WM), et Jacques Demers, de Les Serres Demers.
Avec ce projet d’efficacité énergétique, les Serres Demers peuvent produire des tomates durant toute l’année, y compris durant les mois d’hiver où il est très onéreux, voire impossible d’opérer.
Dans la catégorie Bâtiment existant – secteur institutionnel, le lauréat est la Ville de Dollard-des-Ormeaux. Les systèmes installés au Centre civique de la ville de Dollard-des-Ormeaux ont permis une réduction de la consommation énergétique de 31 % par rapport aux années précédentes. Un engouement existe déjà autour du projet d’efficacité énergétique en utilisant le réfrigérant CO2, il suffit de constater le nombre de visiteurs au Centre civique : plus de 200 visiteurs en un an, soit des représentants d’entreprises, de la Ville de Montréal, de Québec, et d’ailleurs au Canada (certains en collaboration avec l’AQAIRS). Ce projet fait figure d’exemple pour les municipalités, dans l’industrie et dans d’autres marchés (les écoles avec complexe sportif par exemple).
Cette catégorie est pour un bâtiment existant, utilisé à des fins institutionnelles (santé, éducation, municipalité), ayant fait l’objet de mesures favorisant l’efficacité énergétique caractérisées par l’introduction de concepts de design et/ou de gestion s’appuyant sur les principes du développement durable et autres éléments de performance énergétique et environnementale reconnus ou non par des programmes tels que LEED, Visez Vert, Green Leaf, Ecoglobes, Green Building Challenge, etc.
Les responsables du projet sont Guy Dubé, de la Ville de Dollard-des-Ormeaux, l’équipe EXP et l’équipe de Carnot réfrigération.
Un an après l’ouverture des patinoires, les résultats sont confirmés. La consommation énergétique est réduite de 4 700 000 kWh, ce qui représente une économie de 257 000 $ par an. Plusieurs entreprises et institutions cherchent à adapter cette nouvelle technologie. Ces résultats sont encensés par Ressources Canada qui érige l’application de la ville de Dollard-des-Ormeaux comme la plus économique et la plus efficace sur le marché.
Les laboratoires du Pavillon Otto Maass, de l’Université McGill, de Montréal, ont mérité une mention spéciale, aussi dans la catégorie Bâtiment existant – secteur institutionnel . Le projet a consisté au réaménagement complet de 35 000 pi2 de laboratoires chimiques dans le Pavillon Otto Maass de l’Université McGill qui a une superficie d’environ 140 000 pi2, en plus du remplacement de tous les systèmes électromécaniques dans les trois appentis mécaniques desservant les laboratoires du bâtiment. Tout le reste du bâtiment, incluant les laboratoires non touchés par les rénovations, est demeuré opérationnel durant les travaux. Pour y arriver, le projet a dû être réalisé en plusieurs phases et a nécessité l’installation de quatre systèmes temporaires à 100 % d’air neuf d’une capacité totale de 120 000 pieds cubes par minute (pcm) pendant plus d’un an pour desservir les laboratoires qui devaient continuer à fonctionner. Ces travaux ont permis de réduire la consommation énergétique du bâtiment de près de 60 %.
Les responsables du projet sont Pierre-Luc Baril, de Pageau Morel, et Denis Mondou, de l’Université McGill.
Par rapport au potentiel de mise en marché et d’application du projet, les stratégies de contrôle et de ventilation utilisées dans ce bâtiment pourraient être reproduites dans la plupart des autres bâtiments de recherche devant être rénovés et qui contiennent des laboratoires chimiques avec hottes. Elles permettent d’assurer une consommation d’énergie minimale tout en maintenant des niveaux de sécurité très élevés pour l’environnement de recherche.
Le lauréat de la catégorie Bâtiment neuf– Tous secteurs, est le Pavillon horticole de l’ITA, campus de St-Hyacinthe. À travers les différents systèmes mis en place, deux mesures ont permis des économies importantes et présentent un intérêt d’intégration dans d’autres projets. D’abord, la double fonctionnalité des pieux : pour la structure et pour la géothermie, a permis une optimisation des coûts d’installation géothermique d’environ 35 %. Ensuite, l’intégration d’un puits canadien, mesure passive d’intégration simple. La tranchée effectuée lors des travaux de fondation du bâtiment afin de relier celui-ci au campus a servi du même coup à installer le puits canadien. Il permet au bâtiment d’économiser annuellement près de 16 600 kWh en plus de diminuer la durée des cycles de dégivrage de l’échangeur d’air.
Le nouveau bâtiment vise une certification LEED NC de niveau platine. Le projet se situe sur la rue Sicotte et le site comporte plusieurs arbres matures. Ces contraintes ont amené le bâtiment à se déconstruire au site et non à adapter celui-ci à l’inverse. Le volume architectural sur le site a été condensé en creusant le bâtiment dans le sol, faisant en sorte que le projet se retrouve en demi-niveau, réduisant ainsi son empreinte au sol.
Cette catégorie touche les nouveaux bâtiments (moins de quatre ans depuis la fin de construction), en opération depuis au moins 12 mois consécutifs, ayant fait l’objet de mesures favorisant l’efficacité énergétique caractérisées par l’introduction de concepts de design et/ou de gestion s’appuyant sur les principes du développement durable et autres éléments de performance énergétique et environnementale reconnus ou non par des programmes tels que LEED, Visez Vert, Green Leaf, Ecoglobes, Green Building Challenge, etc
Les responsables du projet sont Patrick Vincent, de Onico architecture, et Martin Roy, de Martin Roy et associés.
Lieu d’entrée et d’accueil du jardin Daniel A. Séguin, le projet borde ce parc-école de 4,5 ha au cœur de la ville offrant des visites guidées de ses jardins et des cours d’horticulture ouverts au public. Il est également le lieu d’expérimentation des cohortes du programme du DEC en technologie de la production horticole ainsi que de l’environnement qui sont basés à même le pavillon.
Toujours dans la catégorie Bâtiment existant – Tous secteurs, le concept de magasin Éco Attitude du Groupe BMR Gagnon s’est mérité une mention spéciale. Le projet est décrit plus haut, à titre de lauréat du Prix reconnaissance d’Hydro-Québec.
La 24e Soirée Énergia a rassemblé près de 450 personnes qui n’ont pu qu’apprécier une organisation réglée au quart de tour, où rien n’a été laissé au hasard. Cet évènement gagne en popularité d’une année à l’autre. Comme il se doit, l’électricité a occupé une place prépondérante.
Pour sa part, l’AQME a décerné son prix à Michel Morin, un membre de longue date, pour sa contribution à la Ville de Rivière-du-Loup, où il a été membre du Conseil municipal pendant plus de 12 ans, dont les sept dernières années à titre de maire.
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