L’industrie éolienne compte des amis, surtout en Gaspésie, mais aussi à Sorel.
À l’aube de l’élaboration de la future politique énergétique du gouvernement du Québec, prévue pour 2016, et au moment où un changement de garde se produit du côté d’Hydro-Québec, les villes de Gaspé, Matane et New-Richmond s’unissent pour transmettre leurs recommandations au gouvernement, en ce qui a trait à l’importance de maintenir le développement de la filière éolienne au Québec.
D’autre part, suite à la récente annonce de la Régie de l’énergie qui accordait une hausse de 2.9 % des tarifs résidentiels à Hydro-Québec Distribution, une effervescence médiatique s’en est suivie. Nombreux sont les chroniqueurs qui se sont servis de leur tribune pour répéter une nouvelle fois que ce sont les approvisionnements en énergie éolienne qui sont la cause de tous nos maux et que le développement de cette filière devrait être arrêté – Frédéric Tremblay.
Électricité Plus présente ici deux communiqués émis récemment.
Trois maires maintiennent que l’énergie éolienne est une industrie d’avenir pour le Québec
Pour Gaspé, Matane et New-Richmond, cette industrie représente une part majeure des emplois manufacturiers, contribuant grandement à leur vitalité et à leur diversité économiques. La filière éolienne est littéralement ancrée dans les communautés de l’Est-du-Québec et c’est tout le Québec, incluant la métropole, qui bénéficie de ses retombées économiques.
L’éolien, en chiffres, c’est :
- 1200 emplois directs en Gaspésie et dans la MRC de la Matanie, générés directement par la filière éolienne;
- 4000 emplois ailleurs au Québec;
- Parmi ces 4000 emplois, 1000 emplois dans la région de la métropole!
- 150 entreprises spécialisées, en seulement 15 ans de déploiement de la filière;
- Plusieurs centres et chaires de recherche partout au Québec.
Qualitativement, la filière éolienne représente la chaîne d’approvisionnement la plus complète au Canada, une véritable réussite pour nos régions et pour le Québec en entier. L’éolien, c’est le meilleur exemple d’une industrie génératrice de richesses partout sur le territoire québécois!
Marge de manœuvre et non surplus d’énergie
Depuis l’arrivée de la filière éolienne, les gestionnaires d’Hydro-Québec, qui sont pour la plupart réticents au développement de cette filière, ont changé de vocabulaire pour exprimer ce qu’ils appelaient à l’époque leur marge de manœuvre. Afin de projeter une image négative de l’éolien, les biens pensants d’Hydro-Québec parlent maintenant de surplus énergétiques. Plusieurs médias et commentateurs de tout acabit – et parfois même, Hydro-Québec – ont analysé la situation énergétique du Québec en attribuant à la filière éolienne les coûts engendrés par les surplus d’énergie. Cette marge de manœuvre est nécessaire et elle est de plus en plus mince. D’ailleurs, un nouvel appel d’offres de 500 mégawatts vient d’être lancé par Hydro-Québec Production pour augmenter cette marge de manœuvre.
Les calculs véhiculés dans les médias nous apparaissent simplistes dans la mesure où ces mégawatts disponibles, en période de faible consommation, représentent également une opportunité formidable pour le Québec de développer différents projets ou grappes d’entreprises diverses (électrification des transports, serveurs informatiques énergivores, aluminerie, etc.) contribuant ainsi à la création d’une richesse économique tout en améliorant notre bilan environnemental grâce à nos énergies propres que sont l’hydroélectricité et l’énergie éolienne.
De plus, le réel problème ne serait-il pas de tomber en pénurie d’électricité au Québec ? Et à quel prix ? Nous pouvons prendre pour exemple le prix payé par Hydro-Québec en période de pointe hivernale! Il ne suffirait que d’un ou deux projets majeurs s’implantant au Québec pour que nos surplus soient épuisés!
Le coût réel de l’énergie éolienne
Contrairement à ce que prétendent les opposants à la filière éolienne, le coût d’un kilowattheure obtenu par Hydro-Québec est de plus en plus compétitif et se situe à environ 6,3 cents, tarif comparable au coût de l’énergie fournie par les nouvelles centrales hydroélectriques qui seront construites par Hydro-Québec. C’est ce que démontre le dernier appel d’offres, dont les résultats ont été dévoilés en décembre dernier.
À ceux qui prétendent que les coûts de l’énergie éolienne sont exorbitants ou de l’ordre de 15 cents le kilowattheure, nous répondons : ces données sont désuètes! N’oublions pas que les meilleures rivières du Québec ont déjà été pillées pour les barrages actuels d’Hydro-Québec et que l’industrie éolienne diminue continuellement ses coûts depuis 15 ans : alors, nous savons que l’avenir de la filière éolienne représente à la fois LE choix le plus économique et LE choix le plus écologique pour notre approvisionnement énergétique!
La nécessité d’offrir une vision à long terme et structurée pour l’industrie éolienne
Comme toutes les industries, l’éolien a besoin d’un signal fort et à long terme de l’appui du gouvernement du Québec. C’est en offrant aux entrepreneurs un environnement règlementaire clair et une vision d’avenir structurée que ceux-ci seront en mesure de fournir le meilleur prix possible à Hydro-Québec et davantage d’emplois de qualité aux Québécois et aux Québécoises.
Le développement des villes de l’Est-du-Québec est directement relié à cette industrie d’avenir, verte, économique et créatrice de richesse pour tout le Québec. Avec une volonté ferme du gouvernement du Québec et la participation de tous les acteurs de l’industrie, il est possible d’attirer encore plus d’emplois manufacturiers dans notre région en plus d’exporter l’expertise de nos centres de recherches, le savoir-faire de nos travailleurs et l’équipement de haute qualité de nos manufacturiers.
Il faut à tout prix saisir l’opportunité de devenir les meilleurs en Amérique du Nord et s’engager fermement dans cette industrie d’avenir, verte, économique et écologique! Nous sommes convaincus que le Québec a tout à gagner en offrant une Politique énergétique pour les 10 prochaines années.
Daniel Côté, maire de Gaspé
Jérôme Landry, maire de Matane
Éric Dubé, maire de New-Richmond
Selon Frédéric Tremblay, DG du Parc Pierre-de-Saurel, il faut parler de la transition énergétique de demain
Peu de médias ont fait mention que la hausse réelle demandée par notre société d’État était en réalité de 7.6 % dont 3.7 % était relié aux achats d’électricité lors des pointes de consommation en période hivernale. Quant aux achats d’énergie éolienne ils représentent seulement 1.7 % de l’augmentation qui était demandée, une facture d’en moyenne 20 $ annuellement (ou 1 $ pour un projet de la taille de celui de la MRC de Pierre-De Saurel). Cette facture pourrait être facilement réduite à zéro si l’énergie éolienne était exportée au lieu d’être consommée ici. En effet, le marché de la Nouvelle-Angleterre est prêt à payer plus du double par kWh pour de l’énergie éolienne que pour de la grande hydroélectricité.
L’industrie éolienne crée 5000 emplois et des retombées économiques directes et indirectes de 470 millions de dollars annuellement dans toutes les régions du Québec. Au contraire, les achats d’électricité pendant les pointes hivernales sont une ponction directe à l’économie du Québec. Ce sont environ 400 millions de dollars que nous avons versés à nos voisins de l’Ontario et des États-Unis. Le paiement de cette facture a été remis à 2020 par la Régie de l’énergie.
Des mesures simples de conservation d’énergie comme l’utilisation de chauffe-eau et de thermostats intelligents, combinées à un peu de discipline collective afin de minimiser l’utilisation de nos appareils ménagers aux heures de grande consommation permettrait de diminuer grandement nos importations à grands frais.
Mais revenons à notre sujet principal concernant la filière éolienne. Le coût moyen de cette énergie était de 9.5 cents du kWh en moyenne pour les projets obtenus lors des 3 premiers appels d’offres d’Hydro-Québec. Les projets les plus récents accordés en décembre dernier suite au 4e appel d’offres ont un coût moyen de 6.3 cents du kWh. L’énergie éolienne a donc maintenant un coût égal à l’énergie hydroélectrique des nouveaux projets. Cette diminution importante du coût est le résultat de la continuité des politiques des gouvernements précédents, autant du PQ que du PLQ. Une industrie ne peut se développer et fleurir que lorsqu’on lui en laisse le temps et qu’on lui assure que la confiance et le support nécessaire ne lui sera pas retiré à la première difficulté.
Du côté des exportations d’électricité vers nos voisins du Sud, il est vrai que le prix a atteint un plancher en 2012 à 4 cents du kWh. Il s’agissait d’une situation conjoncturelle suite à la crise économique. Mais depuis, le prix a augmenté de manière importante pour atteindre 6 cents du kWh en 2014 en moyenne. L’année 2015 s’annonce encore meilleure et tout porte à croire que le prix moyen obtenu par Hydro-Québec sera supérieur au prix des nouveaux approvisionnements éoliens. Voilà qui augure bien pour cette filière qui vitalise l’ensemble des régions du Québec.
Vouloir freiner l’essor des énergies renouvelables témoigne d’un manque de vision à long terme. Le développement énergétique du Québec ne se gère pas à la petite semaine, en changeant de cap au premier défi. Nous avons certes un léger surplus d’énergie électrique, mais nous importons toute notre énergie fossile. Le Québec est donc un importateur net d’énergie, car c’est l’ensemble des carburants fossiles qui sont importés de l’extérieur du Québec. Ce sont 16 milliards de dollars annuellement qui sortent de notre économie. Réduire notre dépendance à l’énergie fossile présente un double avantage. Le premier est d’ordre économique et le second est la réduction des gaz à effet de serre que nous émettons et s’inscrit dans la lutte contre les changements climatiques.
L’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER) a récemment présenté une vision réaliste de l’horizon 2015-2030. En utilisant des technologies déjà existantes, cette vision a comme objectif de substituer 30 % des énergies fossiles que nous consommons par de l’efficacité énergétique, des énergies renouvelables ou par un carburant plus propre comme le gaz naturel. L’AQPER a expliqué en détail sa stratégie avec des objectifs chiffrés et réalisables. J’invite les lecteurs à en prendre connaissance au www.aqper.com.
Pour atteindre cet objectif, ce sont 30 TWh de nouvelles sources d’énergies renouvelables qui devraient être déployées au Québec au cours des 15 prochaines années. Cette énergie proviendrait de la biomasse forestière, des biocarburants tels que le biométhane, des éoliennes et des barrages hydrauliques. Alors plutôt que de freiner le développement des énergies renouvelables, il faut au contraire l’accélérer. Au total, l’atteinte de cet objectif générerait des investissements de l’ordre de 30 milliards de dollars et injecterait de 3 à 4 milliards de dollars dans l’économie du Québec de manière récurrente par des achats moindres de produits pétroliers étrangers. La réduction des gaz à effet de serre serait importante et permettrait au Québec d’atteindre ses objectifs en cette matière. Ce projet de société créerait aussi 30 000 emplois.
Je termine en disant que plutôt que de se désoler pour un léger surplus d’énergie électrique, nous devrions plutôt nous affairer à mettre en place les éléments nécessaires pour la transition énergétique qui nous attend au cours des prochaines décennies. Cette transition se fera de manière graduelle et entrainera inévitablement une utilisation accrue des énergies renouvelables.
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