Dans l’histoire, toutes les révolutions ont déterminé un changement mais certaines d’entre elles n’ont pas eu nécessairement un effet immédiat aussi évident et puissant que les DEL ont sur le marché de l’éclairage de nos jours.
Nous avons donc la chance de témoigner et de participer aux changements de cette véritable insurrection. Au début, on ne savait pas où se placer dans la lutte, de quel côté de la barricade, avec ou contre les « rebelles ». Des erreurs ont menacé à un moment donné la suite des évènements et même aujourd’hui nous ne pouvons pas dire que nous connaissons à 100% notre nouveau, puissant outil.
Nous entendons parler de la composante bleue de la lumière, de LiFi et de toutes sortes de caractéristiques de cette petite source de lumière très directionnelle qui amène, ou qui pourraient provoquer, des effets moins attendus et qui étaient soit improbables, soit pas connus, pour les sources (nommées maintenant) traditionnelles.
Ceux qui ont assisté le 20 octobre au Lunch-éclair d’IES Montréal portant sur la nouvelle norme pour la réduction de la pollution lumineuse, seront sûrement mieux informés de la suite de la « révolution » des DEL. Et, détrompons-nous, la pollution lumineuse est simplement un prétexte pour quelque chose de plus grand.
La norme BNQ 4930-100 : Éclairage extérieur – Contrôle de la pollution lumineuse
Premièrement, malgré le manque de toute référence directe à l’économie d’énergie, les mesures requises pour réaliser l’éclairage qui répond aux recommandations de cette norme sont peut-être les plus progressistes du point de vue du développement durable.
Il faut récapituler à quoi s’attaque cette norme : la réduction, sinon l’éradication, des effets de la lumière artificielle nocturne. Et il s’agit du voilement du ciel étoilé, de l’intrusion de la lumière là où elle n’est pas requise (ni désirée), de l’interférence avec la signalisation lumineuse, de l’impact sur la flore, la faune et sur l’être humain.
On a déjà lu dans cette rubrique, et dans des articles d’Électricité Plus, qu’il y a quatre caractéristiques sur lesquelles on doit agir pour arriver aux fins décrites précédemment. Il faut contrôler la quantité de lumière émise, la direction de cette lumière, sa couleur et la durée de fonctionnement du système qui l’émet. Rien de nouveau jusqu’ici.
La nouvelle norme propose des façons de contrôler. Contrairement à d’autres documents qui recommandent des seuils inférieurs, en ce qui concerne la quantité, on recommande des valeurs maximales. La direction est normée de façon à réduire les émissions vers le haut, l’éblouissement et la couleur, afin de réduire le plus possible les radiations de longueurs d’onde courtes (bleues).
La durée de l’émission de la lumière est gérée en fonction de l’horaire de fonctionnement ou d’une heure limite après laquelle l’éclairage doit être fermé ou réduit d’un certain pourcentage. Bien sûr, le zonage peut être appliqué – en coupant certains des circuits alimentant l’éclairage, on peut réduire le nombre de luminaires allumés de façon à respecter les limites. Mais on peut penser maintenant gradation. On peut réduire l’éclairage sans avoir de zones complètement dans le noir.
La norme reprend un autre concept et le développe : les zones d’éclairage. On compte quatre « zones d’environnement nocturne » (ZEN), nommées ainsi pour éviter la confusion avec les zones proposées dans la MLO. La première ZEN (ZEN-0) couvre les zones sensibles (parcs nature, observatoires astronomiques etc.), la deuxième porte sur les zones résidentielles et rurales, la troisième concerne les zones commerciales et mixtes, alors que la quatrième (ZEN-3) est dédiée aux grandes villes. À l’intérieur des grandes villes sont définies aussi quatre sous-zones : une de protection (berges, parcs nature etc.), une pour les zones résidentielles, une pour les zones commerciales et mixtes et la quatrième pour le centre-ville.
De retour au… front
Regardons un peu vers l’intérieur : les DEL « tunable white » sont déjà disponibles, les téléphones intelligents peuvent contrôler autant l’intensité que la couleur de certaines sources de lumière.
Expliquée de façon succincte, la norme peut sembler complexe. Elle sortira en consultation publique à la mi-novembre et tous pourront s’exprimer. Malgré les modifications que ce processus amènera, une chose ne changera pas : la modulation en fonction de plusieurs facteurs dont le besoin, l’activité, l’heure, l’endroit d’utilisation etc. Le système ne pourra plus répondre à un seul paramètre comme c’est encore le cas avec une photocellule ou une minuterie (dans le meilleur des cas les deux). Des détecteurs de toute sorte seront développés et l’information servira au contrôle de l’éclairage.
Ce que l’avenir nous réserve
Peut-être vous l’avez déjà compris, la prochaine étape c’est l’éclairage adaptatif. Si vous dites que c’est déjà parti, vous ne vous trompez pas. Dans l’éclairage intérieur, l’industrie est de plus en plus près d’une solution complète. Pour avoir une idée de ce qui peut se faire dans l’éclairage extérieur, on peut consulter, par exemple, sur YouTube : chercher « adaptive outdoor lighting – https://www.youtube.com/results?q=adaptive+outdoor+lighting» ou « Working principle of Tvilight – https://www.youtube.com/watch?v=oqlkfUo_M4M ».
Mais attendons de voir la suite : miniaturisation, création d’autres types de détecteurs, analyse prédictive, interaction avec d’autres systèmes. Les DEL ont fait évoluer les contrôles et les contrôles feront évoluer autant les sources de lumière que la science de l’éclairage.
Et les changements seront dignes du nom de « révolution ».
Laisser un commentaire