Qu’on se le dise : le Québec transpire l’électricité par tous les pores de sa gaine. Quatrième producteur mondial d’hydroélectricité, la province dispose d’une énergie propre et renouvelable propice au développement de l’électromobilité, étincelle par laquelle l’environnement se (re)met à espérer.
Le récent Salon de l’auto de Montréal a confirmé la tendance à travers l’engouement sans cesse grandissant pour les essais de voitures électriques organisés par le CAA. Le moteur électrique a le vent en poupe, a fortiori au Québec, première province canadienne quant au nombre de véhicules électriques et à leur carburant : les 800 bornes de recharge en réseau disséminées ici et là. De très nombreuses sont installées dans des réseaux privés, en particulier dans des hôtels, et plus encore chez les propriétaires de véhicules électriques : AddÉnergie rapporte en avoir installé quelque 2000 au total.
L’électrification des moyens de transports gagne du terrain, doucement mais sûrement. En 2012, plus d’un millier d’électromobilistes québécois sillonnaient les routes. Aujourd’hui, ils sont 8200. L’enthousiasme se constate bien au-delà des zones urbaines. En Abitibi-Témiscamingue, le cheptel d’automobiles électriques (quasiment toutes vendues avant même d’avoir été livrées!) a bondi de 35 %, avance la SAAQ, entre 2014 et 2015. Le maire d’Amos, Sébastien D’Astous, a lui-même été séduit par une Nissan Leaf qu’il a achetée il y a peu.
À l’instar des Pays-Bas et de la Californie, le wagon Québec fait figure de chef de file mondial, derrière la locomotive modèle : la Norvège, où plus d’une vente sur cinq concerne un véhicule neuf électrique.
Ici, cela va aller en s’accroissant grâce au Plan (quinquennal) d’action en électrification des transports (fil conducteur écologique de Charest à Couillard) né en 2015 qui représente la bagatelle de 420 millions de dollars.
100 000 unités dans quatre ans
À l’horizon 2020, ce projet entend atteindre un total de 100 000 automobiles électriques (soit presque treize fois plus!) et 785 bornes seront rajoutées, dont 60 à recharge rapide. Pour ce faire, une subvention de 8000 dollars est d’ores et déjà allouée à chaque acquéreur d’un véhicule à zéro émission. Un service gouvernemental offrira un remboursement de 600 $ contre l’achat d’une borne de recharge installée à domicile. Déjà, plusieurs municipalités offrent le stationnement gratuit aux véhicules électriques, dont Victoriaville.
En janvier dernier, le ministre des Transports d’alors, Robert Poëti, a annoncé la gratuité des ponts à péage des autoroutes 25 et 30 ainsi qu’un accès facilité aux voies de transports en commun aux usagers roulant à l’électrique.
Outre l’aspect pécuniaire, l’autre réticence demeure encore l’autonomie, quoique les progrès soient tangibles. Pour l’heure, il est prématuré de parler de phénomène de société. En effet, les véhicules électriques constituent seulement 0,13 % du parc automobile québécois. La faute incombe également aux constructeurs dont le chroniqueur Philippe Laguë regrette la stratégie dépourvue de clarté et de volonté.
La marche à suivre est indiquée par General Motors avec la Chevrolet Bolt EV (petite sœur de la Volt, voiture électrique la plus vendue au Québec et de loin - 40 % des ventes). La Bolt possède une autonomie de 320 kilomètres par charge de batterie, et un coût annoncé de 30 000 dollars US. Elle est attendue sur le marché pour la fin de 2016. Quelque 50 000 exemplaires seront produits par an. Pour sa part, Tesla prépare la sortie de son Model 3 en guise de riposte commerciale. La bataille concurrentielle prend forme pour le bonheur des consommateurs. L’électrique entame son processus de démocratisation.
Tesla occupe le segment de la berline de luxe entièrement électrique. Son modèle S affiche une autonomie de 500 km. La marque californienne est notamment appréciée pour son maillage de stations (+ 50 % en 2015) appelées Superchargers, réparties sur tous les continents. Elle se targue d’avoir la recharge la plus rapide au monde.
Les transports en commun ne sont pas en reste. La STM mettra trois bus électriques en circulation, au courant de cette année, résultat des recherches des ingénieurs de Nova Bus, dont Volvo est propriétaire. À Québec, déjà plus d’une trentaine d’autobus hybride parcourent les rues et il devrait s’en ajouter une cinquantaine au cours de 2016.
Hydro-Québec, via sa filiale TM4, apporte(ra) son aide précieuse tant au niveau du circuit des bornes que de la fabrication de composants ou de moteurs électriques. Le géant québécois s’est, par ailleurs, associé à différents partenaires dont le français PSA Peugeot-Citroën en vue d’un échange d’expertise, sous la houlette du gouvernement libéral qui soutient l’initiative à hauteur de 16 millions de dollars.
Acquérir une autonomie énergétique
Pour la province au drapeau fleurdelisé, l’objectif est double : acquérir une autonomie énergétique (ne plus dépendre du pétrole importé) et jouir d’une meilleure qualité de vie (réduire la pollution des gaz à effet de serre). Le Québec s’intéresse à l’électrification des transports depuis longtemps. Il est même un défricheur en la matière : le moteur-roue de Pierre Couture, inventé en 1994, visait déjà à remplacer le moteur thermique.
Le limogeage de M. Poëti s’est accompagné d’un nouveau nom de guerre pour le désormais ministère des Transports… de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Signe d’une volonté affirmée. En attendant le changement de mœurs et la révolution verte qui s’ensuivront.
D’ici 2020, les agendas des acteurs politiques et industriels seront chargés. La prochaine échéance d’importance sera la 29e édition du Symposium international du véhicule électrique, du 19 au 22 juin 2016, à Montréal.
S.P. dit
Les transports en commun ne sont pas en reste. La STM mettra trois bus électriques en circulation, au courant de cette année, résultat des recherches des ingénieurs de Nova Bus, dont Volvo est propriétaire. À Québec, déjà plus d’une trentaine d’autobus hybride parcourent les rues et il devrait s’en ajouter une cinquantaine au cours de 2016.
Les autobus scolaire eLion sont aussi un bel exemple du positionnement électrique du Québec.
Normand Gosselin dit
Merci de confirmer notre information pour la STM ainsi que pour le Réseau de transport de la Capitale, et d’avoir ajouté l’info concernant le projet auquel vous avez contribué activement pour les autobus scolaire Lion.