L’électricité qu’Hydro-Québec achète auprès de producteurs éoliens coute plus cher que celle qu’elle obtient à partir de ses centrales hydroélectriques. Pour le moment, c’est le consommateur qui doit assumer en partie cette dépense supplémentaire. Les choses pourraient bientôt changer et c’est la société d’État elle-même qui pourrait devoir éponger la différence.
Récemment, un article signé Michel Morin dans le Journal de Montréal titrait : « Les clients d’Hydro n’auront plus à payer pour l’éolien ». Cette conclusion est basée sur des rumeurs selon lesquelles de nouvelles règles empêcheraient Hydro-Québec Production de vendre à Hydro-Québec Distribution ses surplus d’électricité éolienne. Ce changement pourrait faire partie de la prochaine politique énergétique du gouvernement Couillard.
Entre distribution et production
Hydro-Québec Distribution assure la livraison d’électricité au consommateur québécois. Elle s’approvisionne en très grande partie via le bloc patrimonial doté d’une impressionnante capacité de 165 térawatts heure. De par la loi, c’est Hydro-Québec Production qui lui vend ce bloc d’énergie à un tarif d’environ 2,9 cents le kilowattheure. À cela s’ajoute, en quantité beaucoup moins importante, de l’électricité provenant de producteurs indépendants : éolien, biomasse et petites centrales, vendue au prix du marché.
De son côté, Hydro-Québec Production possède, opère et gère l’ensemble du parc de centrales hydroélectriques et est responsable de la vente d’énergie. Même si le prix de vente de ce qui provient du bloc patrimonial et qui est destiné au consommateur québécois est règlementé par la Régie de l’énergie, l’autre portion de la production peut être exportée et les surplus sont achetés par Hydro-Québec Distribution. Dans ces cas bien précis, la transaction se fait à un prix nettement supérieur aux 2,9 cents le kilowattheure.
Des appels d’offres pour des blocs d’énergie
En 2003, 2005, 2009 et 2013, des appels d’offres ont été lancés aux producteurs indépendants pour la vente de blocs d’énergie. « Les différents promoteurs intéressés ont soumis leurs offres à Hydro-Québec. En faisant une moyenne des contrats d’approvisionnement, le prix de l’ensemble des 36 contrats avec les producteurs indépendants est d’environ 10 cents le kilowattheure », explique Marc-Antoine Pouliot, porte-parole chez Hydro-Québec.
Pour Hydro-Québec Distribution, « en ajoutant des achats à 10 cents le kilowattheure à un très grand volume acheté à même le bloc patrimonial au cout de 2,9 cents, cela crée une pression à la hausse sur les tarifs », confirme M. Pouliot. Ainsi, la facture d’électricité du consommateur augmente.
Limiter la pression sur le client
Pouliot ne peut commenter la rumeur comme quoi Hydro-Québec Production ne pourrait plus vendre ses surplus à Hydro-Québec Distribution, devant plutôt trouver preneur sur les marchés extérieurs. Par contre, il rappelle que les 36 contrats signés par Hydro-Québec qui lient la société d’État aux producteurs d’énergie éolienne ont pour la plupart des durées de 20 ans, voire 25 ans.
Dans l’éventualité où l’hypothèse s’avère fondée, « ce sont des contrats qui demeureraient en vigueur, explique-t-il. Hydro-Québec continuerait donc d’acheter de l’électricité selon les termes de ces contrats où l’ensemble des paramètres a déjà été établi: la durée, l’énergie livrable sur une base annuelle, les prix, les pénalités de défaut de livraisons, etc. ».
Vers de nouveaux contrats
Le porte-parole ajoute qu’il y a actuellement quatre contrats signés directement entre les producteurs éoliens et Hydro-Québec Production. Cette énergie est vendue, entre autres, sur le marché du nord-est américain par exemple. Son prix au kilowatt n’a aucune incidence sur la facture du consommateur puisque l’énergie n’est pas distribuée dans les foyers québécois. Selon la rumeur, d’autres contrats de ce genre sont à prévoir, évitant ainsi aux clients d’éponger des dépenses en énergie éolienne fixées selon sa valeur marchande.
Le cabinet du ministre de l’Énergie Pierre Arcand n’a pas voulu commenter, rappelant simplement que le dévoilement de la politique énergétique 2016-2017 devrait se faire au cours des prochaines semaines, sans qu’une date soit précisée.
n.d.l.r. Une très grande partie des profits d’Hydro-Québec est versée en dividende à son actionnaire, le gouvernement du Québec. Si les consommateurs ne paient plus pour ces surplus d’énergie éolienne, les profits d’Hydro-Québec diminueront, donc le dividende au gouvernement diminuera en proportion. Moins de revenus de la part d’Hydro-Québec pour le gouvernement signifie que celui-ci devra combler ce manque à gagner, donc soit couper encore dans les services à la population ou augmenter les taxes, droits et impositions de toute sorte. Finalement, c’est une longue discussion, un gros investissement en temps, pour décider si les québécois paieront à partir de leur poche droite ou de leur poche gauche… À croire que les dirigeants n’ont pas autre chose à faire que discuter blanc bonnet ou bonnet blanc !
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