L’électromobilité s’impose telle une nécessité impérieuse. Ce n’est pas un militant écologiste qui le déclare mais Dame Nature et les tourments qui l’assaillent. La pollution atmosphérique, avance la revue britannique Nature, tue 3,3 millions d’humains chaque année, c’est plus que le sida et le paludisme réunis. À ce rythme-là, en 2050 le nombre de victimes annuelles aura doublé.
Ces projections alarmantes influencent les orientations politiques en matière d’environnement. Pour bâtir un avenir vert, il convient de changer radicalement nos habitudes. Sans quoi, AVC, infarctus et autre cancer du poumon deviendront monnaie courante comme le dérèglement climatique.
Au Québec, l’an dernier, le transport routier a constitué environ 40 % des gaz à effet de serre et 75 % de la consommation totale de pétrole. Les conséquences néfastes mentionnées plus haut incitent à se tourner vers l’électricité, énergie plus propre et moins dispendieuse. La prise de conscience des enjeux environnementaux favorise le développement des moyens de transport électriques.
Le Circuit Électrique alimenté par Hydro-Québec propose un réseau de 600 bornes électriques réparties dans toute la province. Ces bornes publiques dépannent les électromobilistes : de fait plus de 80 % des besoins énergétiques sont déjà comblés par les bornes installées à leur domicile. En 2015, 46 465 recharges ont été effectuées sur le réseau Circuit électrique, un record en Amérique du nord.
Le marché est en pleine croissance mais les objectifs demeurent ambitieux. Pour rappel, à l’horizon 2020, le Québec s’est fixé un objectif de 100 000 automobiles électriques. Actuellement, on avoisine les 9 000 véhicules électriques.
Pour ce faire, la recherche doit s’employer à améliorer l’autonomie des batteries des véhicules électriques dont le cout représente l’autre défi. Les chercheurs souhaitent inverser la tendance. João Pedro Trovao, du Département de génie électrique et génie informatique de l’Université de Sherbrooke, travaille sur l’autonomie, la durabilité et le temps de recharge des batteries.
De son côté, l’Université de Stanford en Californie élabore un nouveau procédé afin d’exploiter le potentiel des batteries lithium-ion munies d’anodes en silicium (plus petites et plus légères) dans lesquelles l’on pourrait stocker 10 fois plus d’énergie par charge. Jusqu’à présent, les particules de silicium se fissuraient lors du chargement.
Le Laboratoire SLAC (Centre de l’accélérateur linéaire de Stanford) ainsi que le Département de l’Énergie de l’État américain ont découvert qu’en « enrobant » le silicium de graphène, ce dernier agissait telle une cage protectrice. Ce dérivé du carbone, excellent conducteur d’électricité, permet ainsi de tirer la quintessence desdites batteries. Pour lire un texte concernant le graphène, publié en septembre 2015 par Électricité Plus, cliquer ici.
On sait que le paramètre autonomie-poids de la batterie est un argument important quand il s’agit de séduire de nouveaux clients.
Un métro montréalais flambant neuf
Le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, Jacques Daoust, a inauguré en février le nouveau joyau de la STM dans son écrin : le train AZUR. De nouvelles rames de métro plus écologiques au programme : à chaque freinage le train AZUR produit de l’électricité qu’il retourne au réseau, soit une réduction de 20 % des coûts. Rappelons que des bus électriques circuleront cette année, tant à Montréal qu’à Québec.
De même, les professionnels du secteur automobile apportent leur pierre à l’édifice. MTL Auto Prix a ouvert récemment à Saint-Léonard une succursale entièrement consacrée à la vente de voitures électriques usagées (ndlr :JN Auto.com de Richmond œuvre également en ce sens). L’inauguration s’est déroulée sous la houlette du ministre des Transports pour lequel le combat de l’électromobilité ne se gagnera qu’avec le concours de tous les acteurs du secteur.
« Diffuser largement de l’information sur ce nouveau marché innovateur fait partie de notre modèle d’affaires. Nous guiderons le consommateur dans son choix de véhicule en répertoriant les forces et faiblesses des modèles disponibles, à un moment où le marché prend son plein essor », conclut Richard Martin.
Téo, le premier taxi vert
Téo, première compagnie de taxis électriques implantée à Montréal, possède une belle flotte de 60 véhicules (Nissan Leaf, Kia Soul et Telsa S) facilement repérables à leur carrosserie deux teintes : blanc et vert clair. Les chauffeurs viennent à vous via une application sur iPhone et Android. Partout ailleurs dans le monde on commence à suivre l’exemple du Québec, l’un des chefs de file de l’électromobilité.
Réduire les gaz à effet de serre
À New-York, les futures mesures devraient permettre de réduire de moitié les nuisances atmosphériques de la flotte municipale d’ici 2025 et de 80% d’ici 2035. Big Apple va s’équiper de 2 000 véhicules électriques en plus des 300 qu’elle possède déjà, a annoncé le maire Bill de Blasio.
Pour sa part, Steven Guilbeault, coprésident du Conseil patronal de l’environnement du Québec, assure qu’il est tout à fait réaliste pour le Québec de réduire de 37,5 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
TM4, filiale d’Hydro-Québec équipera des bus électriques à Pékin. La Chine figure le pire pays quant au nombre de décès dus à la pollution (1,6 million de personnes/an). L’air le plus vicié y sera limité, grâce à la technologie québécoise.
L’Empire du milieu constitue depuis 2015, avec 331 000 ventes, le premier marché mondial des voitures à nouvelles énergies (baptisées « NEV ») devant les États-Unis. Plus étonnant encore : le constructeur automobile écoulant le plus de NEV au monde n’est pas Tesla ou Nissan, mais un groupe chinois inconnu du grand public : le constructeur automobile BYD, qui a vendu plus de 60 000 voitures dites « vertes » – contre 50 000 Tesla…
Tesla a présenté, fin mars à Los Angeles, sa dernière création : voir l’article de Karine Limoges La folie Tesla, dans cette même édition du Magazine.
L’électromobilité est en pleine effervescence. De quoi être optimiste.
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