Deux entreprises canadiennes joueraient bientôt un rôle important sur le marché en croissance des véhicules électriques (VÉ). La compagnie québécoise Nouveau Monde et l’ontarienne Saint Jean Carbon deviendraient au cours des prochaines années des acteurs de taille dans l’industrie du graphite, un minerai nécessaire à la conception de batteries pour VÉ.
La région de Lanaudière pourrait donc représenter le nouvel eldorado du graphite. Une étude économique préliminaire du projet Matawinie, menée par la firme de génie Norda Stelo pour l’entreprise Nouveau Monde, s’avère concluante. Selon l’analyse, un site à Saint-Michel-des-Saints contiendrait environ 50 000 tonnes de graphite concentré par an, utilisée notamment pour la fabrication de batteries au lithium-ion dans le milieu du transport électrique.
Avant d’envisager l’extraction, Nouveau Monde attend de recevoir l’approbation de la municipalité. Pour le moment, le projet ne suscite que peu d’opposition. Il faut dire que l’exploitation du minerai a le potentiel d’être un moteur économique de la région. Plus d’une centaine d’emplois seraient créés dans le secteur si le projet se concrétise à partir de 2021. Le dirigeant de l’entreprise, Éric Desaulniers, souhaite réaménager une papetière désaffectée, qui serait dédiée à la transformation du graphite.
L’entreprise québécoise pourra-t-elle concurrencer la Chine, qui contrôle 70 pour cent du marché mondial? Le président de Nouveau Monde croit que oui. Si les sociétés chinoises dominent l’industrie, il estime toutefois que leur produit est de moins bonne qualité que celui extrait en sol québécois. Selon Éric Desaulniers, la pureté du concentré serait très élevée en comparaison de l’offre mondiale.
Le cout de construction de la mine devrait s’élever à 145 millions $, pour l’exploitation de ressources pendant 25 ans. L’investissement initial serait remboursé sur environ trois ans et demi. La Caisse de dépôt de placement, le Fonds de solidarité FTQ, l’agence d’exploration minière québécoise Sidez et Desjardins sont actionnaires du projet. La compagnie a également l’intention de solliciter des banques canadiennes et américaines.
En Ontario, les affaires semblent être tout aussi fructueuses. Saint Jean Carbon s’est entendue avec la société chinoise Miluo Xinxiang Carbon Products pour commercialiser, distribuer et vendre ses produits de graphite synthétique au Canada, aux États-Unis et au Mexique.
La compagnie chinoise fabrique du graphite synthétique depuis 2004 pour les secteurs industriels. Il est utilisé dans les domaines de haute technologie comme l’aérospatiale et l’énergie nucléaire, mais aussi dans la conception de batteries au lithium-ion.
L’accord est d’une durée initiale de cinq ans, avec une option pour deux périodes supplémentaires de dix ans. D’après les stipulations de l’entente, Saint Jean Carbon va vendre un minimum de 1 800 tonnes métriques au cours de la première année, 5 000 tonnes la deuxième année, puis augmentera le volume de 10% chaque année jusqu’à la fin de la période initiale.
La demande de batteries composées de graphite a explosé depuis trois ans. Ce marché représente le quart de son achat au monde; l’industrie automobile pourrait donc grandement faire croitre la demande. À titre d’exemple, il y a 28 kg de graphite dans chaque batterie de Chevrolet Volt, et 58 kg dans celle de Nissan Leaf. Si les véhicules électriques représentent moins d’un pour cent des ventes mondiales d’automobiles, leur part devrait augmenter dans la prochaine décennie.
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