n.d.l.r. Ce texte est reproduit intégralement de l’édition été 2016 de la revue imprimée La Maison du 21e siècle dans le but de diffuser l’opinion bien éclairée de son auteur. Nous lui adressons nos remerciements pour sa collaboration. www.maisonsaine.ca
La politique énergétique 2030 annoncée début avril par le gouvernement Couillard est très ambitieuse : réduire la consommation de pétrole de 40 % d’ici 15 ans, prioriser l’efficacité énergétique avec des gains de 15 % en modifiant les comportements des consommateurs tout en répondant à leurs besoins, soutenir les transports collectifs, collaboratifs, actifs et électriques, augmenter la production d’énergie renouvelable de 25 % et de bioénergie de 50 %, augmenter l’efficience, la production hydroélectrique et les exportations d’Hydro-Québec, augmenter l’usage du gaz naturel (moins polluant que le pétrole) et créer un organisme indépendant pour gérer l’ensemble de ce « changement historique ». Or, ce document de 65 pages, bien que très beau graphiquement, est tout sauf une politique articulée autour d’un plan d’action détaillé, comme l’a déploré le chroniqueur de La Presse Alain Dubuc : « C’est tout au plus un énoncé général, une déclaration d’intentions. » Le plan d’action et les modifications règlementaires requises seront donc très attendus.
Pour le citoyen, censé être au cœur de la politique, celle-ci propose d’abord de centraliser l’offre de tous les services et programmes offerts en innovation, efficacité et transition énergétiques dans un seul organisme sous la responsabilité du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Pour répondre à la demande de pointe, les matins et soirées d’hiver, le document propose trois moyens intéressants qui permettraient de réduire l’achat d’électricité couteuse et polluante produite par des centrales au gaz ou au diesel.
- Le stockage grande puissance : un prototype à l’essai fonctionne comme une mégapile rechargeable qui pourrait ultimement approvisionner 23 maisons en électricité durant une journée entière.
- Le véhicule électrique : « Le concept d’échange d’énergie véhicule-réseau et véhicule-maison vise à utiliser l’énergie stockée dans la batterie d’un véhicule électrique comme source d’appoint pour injecter de l’énergie dans le réseau afin de le soulager en période de pointe, ou pour alimenter temporairement une maison en cas de panne, au même titre qu’une génératrice. Un projet mené par Hydro-Québec a démontré la faisabilité de ce concept, soit l’option d’échange véhicule-maison, qui apparait comme la solution la plus réaliste à court terme. »
Chauffe-eau connectés
- La gestion avancée de la demande : les compteurs nouvelle génération installés dans la vaste majorité des maisons sont le point central du futur réseau intelligent. Ils « permettent la mise en réseau des résidences des consommateurs qui choisissent de produire [avec des énergies renouvelables comme le solaire] une partie ou même la totalité de l’électricité qu’ils consomment. Grâce à l’option “Mesurage net” déjà offerte par Hydro-Québec, ces derniers peuvent retourner leurs surplus d’électricité au réseau d’Hydro-Québec et ainsi contribuer à régler la problématique de la demande de pointe, tout en obtenant en échange des crédits. » Cette infrastructure de mesurage avancé permettra aussi, « dans un avenir rapproché » et « sur une base volontaire, un contrôle à distance de certains équipements particulièrement énergivores, tels que les chauffe-eau ».
À l’hiver 2014-15, un projet pilote de chauffe-eau connectés a été réalisé chez 400 employés d’Hydro-Québec dans le but de s’assurer que l’objectif d’économie d’énergie ne compromettra pas le confort des occupants ni la salubrité de l’eau chaude. De nombreux Québécois éteignent le disjoncteur de leur chauffe-eau durant des périodes prolongées sans réaliser qu’une température d’eau sous 50 degrés Celsius favorise la croissance de la bactérie Legionella pneumophilia pouvant provoquer une pneumonie potentiellement mortelle. Le projet pilote a obtenu « de très bons résultats », souligne le porte-parole d’Hydro-Québec, Marc-Antoine Pouliot, sans donner de détails. La communication entre le chauffe-eau et le réseau public s’est faite soit par modem câblé, soit par l’infrastructure de télécommunication sans fil d’Hydro-Québec. La société d’État n’a pas encore déterminé quelle technologie sera privilégiée ni sous quelle forme les participants seraient récompensés pour la réduction de la consommation de leur chauffe-eau en période de pointe. « Hydro-Québec n’a aucun projet d’implantation de tarification différenciée dans le temps », précise M. Pouliot.
Les matins d’hiver, l’effort demandé au réseau par les chauffe-eau correspond à entre 1 500 et 1 800 mégawatts (MW), alors que le complexe hydroélectrique La Romaine, qui coutera huit milliards de dollars, aura une puissance de 1 550 MW, précise Martin Fassier, directeur général de CaSA, fabricant montréalais d’objets connectés qui a participé au projet pilote. En 2017, CaSA lancera un appareil à 129 $ permettant de détecter une fuite d’eau et de contrôler un chauffe-eau à distance par le biais d’une connexion Web (Wi-Fi ou câble éthernet).
Laisser un commentaire