L’esprit d’innovation était palpable du côté de Boucherville, le 25 octobre, à l’occasion du dévoilement des lauréats du premier appel de projets en transport intelligent et durable. L’initiative a récompensé d’un montant de 50 000 $ six projets d’entreprises de la filière des transports qui ont mis l’électricité au cœur de l’innovation, dans le secteur de la mobilité durable.
Cet appel de projets, qui vise à stimuler le développement de projets durables en transport, a été lancé en mai dernier par l’organisme Développement économique de l’agglomération de Longueuil (DEL) et son technopôle IVÉO. Les entreprises TM4, Varitron, Lito, PBSC Solutions Urbaines, Elka Suspension et Campagna Motors ayant chacune déposé un projet viable aux retombées économiques significatives se partageront la somme de 300 000 $. Ce montant servira à soutenir la réalisation de leur projet et le développement de leurs produits respectifs.
Les six projets choisis, sur 15 analysés par le comité de sélection composé d’experts en financement de l’innovation et en transport, représentent des investissements totaux de près de 5 M$. Ceux-ci créeront, en cinq ans, quelque 270 emplois, tout en générant 35 M$ de revenus supplémentaires au cours des trois prochaines années. Électricité Plus s’est entretenu avec trois des six lauréats.
T-Rex électrique
Le concepteur des véhicules à trois-roues de performance T-Rex, Campagna Motors a obtenu un soutien financier pour le prototype d’une version à propulsion 100 % électrique. « Après la première politique d’électrification des transports du gouvernement Marois, puis la nouvelle politique – un peu moins excitante – du gouvernement Couillard, nous avons voulu identifier les partenaires potentiels, les technologies disponibles et le rôle que nous pourrions jouer », résume en entrevue, André Morissette, président.
Sa participation au Symposium du véhicule électrique (EVS) Barcelone en 2013 a allumé ses signaux d’innovation. « Il fallait aller sonder la réalité du transport électrique, savoir si ce n’était pas une bulle qui allait bientôt éclater », poursuit l’entrepreneur. Le défi, pour Campagna Motors, reste à trouver le moyen d’intégrer au véhicule de loisir une batterie suffisamment performante pouvant être logée dans un espace physique restreint, à cout raisonnable. « Il faut trouver une adéquation entre le cheap, fast and reliable (peu couteux, rapide et fiable) », conclut-il, avec le sourire.
La moto Sora
À l’origine de deux motos électriques adaptées pour le service de police de Longueuil, Lito Green Motion veut accélérer la mise en marché international de la Sora, premier « sport cruiser » électrique au monde. La compagnie, actuellement en recherche de financement à hauteur de 20 M$ pour rendre ce bolide à deux roues accessible au grand public, vient de décrocher une partie des fonds avec DEL et IVÉO. En 2016, le fondateur de Lito, Jean-Pierre Legris, affirme avoir vendu une dizaine de ses motos électriques. Présent sur le marché canadien et américain, il convoite désormais l’Europe, où sa moto est en cours d’homologation.
« Notre marché, ce sont des gens fortunés qui veulent de l’innovation et de la performance sans compromis; nous nous sommes positionnés dans le secteur institutionnel de la police, mais nous voulons aller vers un marché de masse », explique M. Legris. Le prix plancher d’un modèle populaire de la moto électrique Sora oscillerait entre 25 000 $ et 30 000 $, avec 2 000 $ admissibles aux subventions gouvernementales. Ayant développé toutes les composantes électroniques de la Sora, Lito travaille en partenariat avec Campagna Motors pour développer une plateforme électronique spécifique à la T-Rex électrique.
Suspension à géométrie variable
Collaborateur des deux précédents entrepreneurs, Marc-André Kingsley, d’Elka Suspension, conçoit des amortisseurs personnalisés non seulement au type de véhicule, mais en fonction de son conducteur. « Nous pouvons calibrer l’amortisseur au modèle de véhicule et selon sa géométrie, au poids du conducteur et au type de pilotage afin d’aller chercher le maximum de performance », détaille-t-il. Le prototype permettrait d’ajuster la conduite en mode « confort », « touring » ou « sport » tout en continuant de rouler.
Destiné au marché du sport motorisé et des véhicules militaires légers, cet amortisseur intelligent s’ajusterait en fonction du terrain sur lequel le véhicule circule ainsi qu’aux conditions climatiques les plus extrêmes. « Une fonction par exemple servirait à monter ou descendre le châssis du véhicule », explique concrètement le visionnaire. De plus, éventuellement, la chaleur produite par un impact amorti pourrait même être récupérée et transférée vers les systèmes électriques afin d’alimenter les batteries en énergie.
« Cette énergie actuellement perdue pourrait recharger la batterie et alimenter le véhicule – dans une boucle sans fin », conclut M. Kingsley. Encore là, le défi d’intégrer un tel système dans un espace restreint, le tout à plus faible cout, se pose.
Autres lauréats
Parmi les autres projets retenus, PBSC Solutions Urbaines veut développer un vélo à assistance électrique, Varitron vise à déployer un centre d’excellence en électronique et systèmes embarqués, tandis que TM4 se penche sur un générateur à aimant permanent d’une puissance de 130 kW destiné au marché des véhicules lourds hybrides, permettant de prolonger leur autonomie.
Sur notre photo de groupe : Marc-André Kingsley, d’Elka Suspension, Jean-Paul Paloux, de PBSC Solutions Urbaines, Alain Despatie, maire de Saint-Lambert, Me Martin Fortier, de DEL, Caroline St-Hilaire, mairesse de Longueuil, Julie Éthier, de DEL, André Morissette, de Campagna Motors, Benoit Balmana, directeur du technopôle IVÉO, Jean-Pierre Legris, de Lito, Stéphane Poulin, de TM4, et Michel Farley , de Varitron.
Toutes les photos sont de Karine Limoges
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