Les technologies de l’infiniment petit sont présentes dans plusieurs aspects de notre quotidien. L’exposition Nanotechnologies : l’invisible révolution, présentée au Musée de la civilisation à Québec du 9 mars 2016 au 15 octobre 2017, explore ce phénomène au potentiel extraordinaire, mais qui suscite néanmoins des questionnements chez certains. Une exposition conçue et réalisée par le Musée de la civilisation, avec la participation de PRIMA QUÉBEC (Pôle recherche innovation matériaux avancés) et ses partenaires.
L’exposition mise en place il y a un an a accueilli 283 300 visiteurs à ce jour. Le musée a également offert des ateliers et des visites à des groupes scolaires qui ont rejoint quelque 900 élèves.
D’abord, une définition : le mot « nanotechnologie » désigne la conception et la fabrication de systèmes ou de matériaux dont au moins une des dimensions se situe entre 1 et 100 nanomètres. Un nanomètre correspond à un milliardième de mètre (0,000 000 001 m). À cette échelle, on manipule atomes et molécules pour fabriquer des nanostructures ou des nanomachines.
Une exploration du nanomonde
Les nanos sont présentes, par exemple, dans les appareils électroniques, les cosmétiques, les équipements sportifs et les traitements médicaux. Elles promettent des milliers de nouvelles utilisations intéressantes. Souvent inspirées par la science-fiction, les nanotechnologies revêtent parfois, dans des mondes futuristes, un caractère sombre où l’humain est à la merci des développements technologiques. Au cours des dernières décennies, l’enthousiasme généré par les découvertes scientifiques a laissé une place grandissante à une certaine méfiance du public face à la science, souvent due à une méconnaissance des notions scientifiques parfois complexes liées à ces découvertes. Le scepticisme relié aux changements climatiques ou encore à l’efficacité ou la sécurité des vaccins en sont des exemples concrets.
En ouvrant son espace au « nanomonde », le musée devient un point de convergence de la culture et de la science, ces deux piliers fondateurs de l’évolution de notre société. Le fait de démocratiser la science dans un lieu culturel à la portée d’un large public est indéniablement profitable », a déclaré le ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française, M. Luc Fortin.
« Les nanotechnologies recèlent un immense potentiel d’innovation et de développement social et économique pour le Québec, a affirmé Marie-Pierre Ippersiel, présidente et directrice générale de PRIMA QUÉBEC. Cette exposition met en évidence des développements d’applications extraordinaires tout en n’occultant pas les risques et les facteurs d’acceptation sociale. C’est une occasion unique de confronter le monde scientifique, industriel et la société pour assurer un développement responsable des innovations technologiques. »
« Au Québec, nous avons acquis une expertise reconnue mondialement en matière de nanotechnologies, et pour nous démarquer encore davantage dans ce secteur, nous devons poursuivre nos efforts en recherche et en innovation, favoriser le transfert technologique et tout mettre en œuvre pour développer une relève scientifique », a déclaré Rémi Quirion, ph. D., scientifique en chef du Québec. « Cette formidable exposition contribuera assurément à mieux faire connaître du grand public les nanotechnologies dans toutes leurs dimensions : de la technologie à ses applications sociales, notamment dans le domaine de la santé, en passant par les enjeux éthiques. Elle incitera sûrement des jeunes intéressés par les carrières scientifiques à se tourner vers cet univers aussi prometteur que fascinant. »
Le parcours du visiteur : oui ou non aux nanos ?
Après une brève introduction sur les nanotechnologies, le visiteur est invité à prendre position face aux enjeux actuels liés au développement des nanotechnologies. Deux parcours sont possibles : oui ou non au développement des nanotechnologies dans le futur? Pour accompagner le visiteur et valider ses choix, un petit canard jaune en plastique muni d’une puce est mis à sa disposition.
Oui aux nanos !
Avec ces choix de parcours, on présente les espoirs générés par le développement des nanos et comment elles ont inspiré des auteurs de science-fiction. On y découvre aussi comment elles sont présentes dans notre vie quotidienne. Ici, figurine de Cora Peterson (Raquel Welch) du film Le voyage fantastique, sculpture d’Iron Man grandeur nature, série de processeurs, produits cosmétiques… illustrent l’intégration des nanotechnologies dans des univers réels ou imaginaires.
Non aux nanos !
Faisant contrepoids à l’enthousiasme face au développement des nanotechnologies, le volet non aux nanos présente les craintes qu’elles soulèvent : les incertitudes quant à leur présence dans notre quotidien et les risques potentiels pour la santé et l’environnement. Ici, on retrouve des figurines, des bandes dessinées ou des éléments associés à l’univers de la science-fiction (Terminator, Hulk…), une combinaison de protection pour laboratoire de nanotechnologies, des téléphones cellulaires de différentes époques…
Faire un choix… à l’aide d’un canard jaune !
À divers moment dans l’exposition, des énoncés sont émis incitant le visiteur à faire son choix. Ceux-ci abordent l’intégration des technologies au corps humain, l’utilisation des nanos pour le développement de l’électronique ou les traitements médicaux, la potentielle domination sur l’humain, souvent illustrée en science-fiction et qui suscite bien des inquiétudes. En fin de parcours, le visiteur remet son petit canard jaune. Ses résultats individuels sont ensuite compilés et livrés sous forme d’analyse graphique. Il peut ensuite voir les résultats globaux de tous les visiteurs ayant fait le parcours sur un écran de diffusion.
Un peu d’histoire
Le centre de l’exposition aborde l’histoire et l’évolution des sciences qui a permis d’atteindre l’échelle du nanomètre avant de mettre en valeur quelques projets de recherche prometteurs en nanotechnologies au Québec. On découvre notamment que, depuis des siècles, la nature utilise des propriétés particulières de l’échelle nanométrique pour conférer des habiletés extraordinaires et des couleurs magnifiques à certains animaux. Dans le même esprit, on apprend que les humains, à leur insu, ont utilisé des propriétés de cette échelle donnant des caractéristiques uniques à certains objets comme des vitraux médiévaux et des sabres de Damas au tranchant redoutable. Enfin, quelques projets de recherche prometteurs en nanotechnologies au Québec sont mis en valeur.
Un défi de taille !
Comment montrer l’infiniment petit? L’objet-même de l’exposition pose un défi de taille! Néanmoins, des objets de nature diverse et visibles à l’œil nu appuient le propos : objets de collection tirés de l’univers de la science-fiction, objets du quotidien contenant des nanoparticules, modèles moléculaires, microscopes, espèces de la faune qui utilisent des propriétés nanos pour raffiner leur anatomie (tels des papillons et deux geckos vivants). À ces objets extrêmement variés s’ajoutent des interactifs, des audiovisuels, des illustrations et une installation du biologiste et artiste François-Joseph Lapointe qui reflète votre niveau de stress du moment.
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