
Le monde de l’assurance est en pleine mutation depuis quelques années, car la courbe d’augmentation des réclamations pour sinistres, tant en nombre qu’en valeur monétaire, force dorénavant les assureurs à en savoir plus sur les risques réels et les risques associés aux biens meubles et immeubles de leurs assurés. Bien qu’il appartient au courtier d’assurance de qualifier les risques de l’assuré, l’assureur a besoin aujourd’hui d’information à valeur ajoutée pour qualifier davantage les risques que représente l’assuré; ceci dans le but de comparer et valider les informations fournies par le courtier et identifier les moyens ou mesures pris par l’assuré pour contrôler ou atténuer les risques identifiés, permettant d’établir des surprimes au besoin, ou non.
Si les assureurs ont amorcé des changements dans l’évaluation du risque réel, une majorité d’assurés perçoivent encore les assurances comme une sorte de guichet automatique par lequel ils font des réclamations en vue de recevoir une indemnisation monétaire. Aujourd’hui, les gens réclament à leur assureur pour tout sans égard à leur responsabilité, à leur imputabilité, à leur ignorance ou leur négligence et la majorité s’étonnent lorsque l’assureur questionne ou s’oppose, en partie ou en totalité, à leur réclamation. Au bout du compte, ce n’est pas seulement l’assuré sinistré qui paye l’augmentation de sa prime suite à ses réclamations, mais bien l’ensemble des assurés qui payent aussi pour les augmentations des taux d’assurance de base. On réalise vite que le monde de l’assurance est avant tout un monde collectif.
De cela, on retient le fait que les assureurs ont besoin de plus d’informations à valeur ajoutée afin de déterminer les risques réels et associés, puis d’ajuster leurs primes en conséquence. En poussant la réflexion un peu plus loin, on peut comprendre que ces informations ont une valeur tactique et monétaire pour les assureurs. Ce fait est-il aussi réversible? Pour y répondre, imaginons un instant le cas où l’assuré possède déjà toutes ses informations à valeur ajoutée requises. L’assuré rencontre un assureur et lui présente, avec fierté, tout le dossier de son immeuble bien documenté en images et en données techniques à jour, inventaire des actifs, audits, rapports d’état, carnet d’entretien, registre permanent, budgets, fonds de prévoyance, etc. afin de négocier le contrat (police) d’assurance pour son immeuble. Comment l’assureur va-t-il réagir selon vous?
On peut répondre sans hésitation que l’assureur sera très agréablement surpris de cette belle documentation et de sa pertinence. Il fera fort probablement le raisonnement que l’assuré est une personne compétente, allumée et responsable qui gère selon une approche préventive en donnant beaucoup « d’amour » à son immeuble et ses actifs. Cela amènera l’assureur à réaliser que l’assuré est en maitrise de certains risques pour lesquels il y a normalement une surprime. Puis au terme, l’assureur se sent à l’aise pour réduire ou éliminer certaines surprimes. L’assuré est ravi de sa nouvelle prime et du pouvoir de négociation que lui procure la documentation détaillée de son immeuble face à l’assureur. Est-ce que le banquier de l’assuré réagira comme son assureur pour financer le remplacement d’un actif important au terme de sa durée de vie utile? On peut définitivement prétendre que oui!
Ainsi, voilà encore une preuve qu’un investissement dans la documentation des immeubles et actifs génère une source d’économies récurrentes par la réduction des surprimes et un financement à meilleur taux d’intérêt.
Comme on dit chez nous, savoir rapporte GRO$.
Par : Benoit Allaire, Technologue Professionnel en mécanique du bâtiment, Président de Allb inc. b.allaire@allbinc.com site internet www.allbinc.com Tél. : 514-396-9339 Cell. : 514-809-1552, récipiendaire du prix pour L’innovation technologique de l’année de l’Ordre des Technologues Professionnels du Québec pour 2003 et 2016.
ndlr :
- Une série d’articles sur la maintenance rédigés par Benoit Allaire. Ce texte a paru initialement dans le journal L’Édition des gens d’affaires.
- La photo de M. Allaire est l’œuvre de Frédéric Lavoie.
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