Devant les leaders internationaux et gens d’affaires réunis à la Conférence de Montréal (du Forum économique international des Amériques) à la mi-juin, Éric Martel, président-directeur général d’Hydro-Québec, a admis qu’avec la place grandissante que prendra l’énergie solaire au cours des prochaines années, Hydro-Québec devra rajuster le tir. La société d’État deviendrait un acheteur d’énergie produite par les particuliers qui se tourneront par milliers vers le solaire, prédit-il.
« Malgré notre position de choix, […] il y a une transformation importante qui est en train d’arriver dans la relation avec les clients en matière d’énergie. Plutôt que de seulement pousser de l’énergie au client, on va éventuellement être en relation avec lui pour acheter son énergie. Ça amène un paquet de questionnements », a notamment évoqué M. Martel, cité dans Le Devoir.
Lucide, il a souligné que l’autoproduction d’énergie solaire était une tendance mondiale qu’il est désormais impossible d’ignorer. Hydro-Québec devra donc revoir son modèle d’affaires pour tenir compte de cette nouvelle réalité.
(Pour lire l’article du Devoir, cliquer ici.)
L’achat d’énergie solaire par Hydro-Québec est une pratique déjà en place depuis dix ans, mais qui demeure marginale. Selon Le Devoir, entre 2007 et 2016, le nombre de clients Hydro-Québec s’étant converti en producteurs d’énergie solaire a augmenté exponentiellement, passant de 3 à 100. Par ailleurs, rappelons que les consommateurs qui vendent leurs surplus d’électricité à Hydro-Québec ne reçoivent pas de rétribution, mais un crédit sur l’hydroélectricité lorsqu’ils en auront besoin.
Changer le modèle d’affaires
« Il faut se préparer parce que ça va changer complètement notre façon de faire les choses. On ne va pas que pousser l’énergie… on va aussi en échanger », a encore mentionné Éric Martel, cité dans Le Journal de Montréal. Ce dernier a cependant estimé que la tendance à l’autoproduction tarderait un peu plus au Québec qu’à l’étranger en raison des faibles couts d’électricité dans la province.
(Pour lire l’article du Journal de Montréal, cliquer ici.)
Au-delà de la question d’économies de couts, M. Martel croit que les Québécois voudront autoproduire leur électricité par principe, une question de valeurs. « Il y a donc une nécessité d’intégrer l’énergie [autoproduite] au réseau grâce à la digitalisation, a ajouté le PDG, dans Le Devoir, parlant du concept de réseau électrique intelligent (smart grid). Sinon, ça pourrait avoir des conséquences financières. »
Si l’installation de panneaux solaires coute encore cher, les prix continuent de baisser mine de rien. Hydro-Québec croit ainsi que le prix de l’énergie solaire pourrait s’avérer assez concurrentiel pour rivaliser avec l’hydroélectricité dès 2024. Le modèle d’affaires d’Hydro-Québec devra être ajusté puisque au fur et à mesure que les clients se convertiront à l’autoproduction, les tarifs d’Hydro-Québec grimperont. Ce phénomène poussera encore plus les clients à adopter la production d’énergie solaire qu’ils pourront ensuite revendre à Hydro-Québec et obtenir des crédits sur l’hydroélectricité.
Bref, d’ici 15 ans, l’échange d’énergie entre Hydro-Québec et les particuliers pourraient devenir monnaie courante.
Un parc solaire se prépare
Hydro-Québec ne veut surtout pas rater le bateau de l’énergie solaire puisqu’il se prépare à construire un parc solaire de 100 MW au Québec, qui entrerait en activité en 2020. Selon Le Journal de Montréal et TVA Nouvelles, un terrain de 2,5 km² au sud du Québec, près de la frontière américaine, aurait déjà été identifié en raison de son taux d’ensoleillement.
(Pour lire l’article de TVA Nouvelles, cliquer ici.)
Il semble par ailleurs que la curiosité des Chinois ait été piquée par ce projet. La société Linuo Solar Power a embauché un lobbyiste au Québec pour faire de la prospection en ce sens. « On aimerait mettre sur pied une coentreprise pour fabriquer et installer des panneaux solaires au Québec », a indiqué le lobbyiste en question Gilles Coulombe, à TVA Nouvelles.
Le mandat du lobbyiste de Linuo Solar Power est de solliciter entre autres Hydro-Québec, Investissement Québec et les ministères de l’Économie, de l’Énergie et de l’Environnement. Les représentants de Linuo auraient visité le Québec il y a quelques années afin d’évaluer le potentiel d’un tel projet, a confié au Devoir Gilles Coulombe. L’entreprise aurait vu le feu vert lorsqu’Éric Martel a ouvert la porte à l’énergie solaire au forum économique de Davos, en janvier.
Notons que Linuo a auparavant livré des projets solaires d’envergure dans 30 pays, dont la Chine, l’Allemagne, l’Australie et l’Afrique du Sud, selon Le Devoir.
Pour le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie (de HÉC Montréal), Pierre-Olivier Pineau, le contexte québécois reste loin d’être optimal pour le solaire photovoltaïque. Cité dans Le Devoir, il résume : « Avec les prix actuels [de l’électricité] au Québec, les surplus d’énergie et l’approche par appel d’offres, le solaire photovoltaïque n’a à peu près aucune chance dans les dix prochaines années au Québec ».
(Pour lire l’article complet du Devoir, cliquer ici.)
Laisser un commentaire