
La Société de transport de Laval (STL), un acteur de premier plan dans la filière québécoise en électromobilité, vise à devenir la toute première société de transport avec une flotte entièrement électrifiée d’ici 2023. Un nouveau pas en ce sens vient d’être franchi puisque la STL testera d’ici la fin de l’automne – et durant 18 mois – deux autobus électriques dotés d’un prolongateur d’autonomie, un projet-pilote de 8,5 M$ qui se prépare en complicité avec TM4 et l’entreprise Cummins.
Par le biais du Fonds vert et du programme Technoclimat, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a annoncé, le 22 juin, un coup de pouce financier de 4,25 M$ pour un projet en électrification des transports collectifs. TM4, une filiale d’Hydro-Québec détenant une expertise dans la réalisation de moteurs électriques, et Cummins, un fabricant mondial de moteurs diésel, qui collaborent pour développer un groupe motopropulseur hybride rechargeable, ont identifié la STL et la Ville de Laval comme un terreau fertile pour mettre à l’épreuve ce genre de technologie.
Ces deux autobus réduiront les émissions de gaz à effets de serre (GES) de 51 tonnes d’équivalent CO2. D’ici cinq ans, intégrée dans le réseau québécois des autobus urbains, cette technologie permettrait de réduire les GES de 20 730 tonnes d’équivalent CO2. Ce qui serait l’équivalent de retirer 1 400 véhicules légers des routes du Québec. Le prolongateur d’autonomie permettrait par ailleurs de réduire la consommation de carburant de 50 % par rapport aux autobus hybrides conventionnels.
Mise à l’essai
Par le biais de ce projet-pilote, la STL espère approfondir ses connaissances en ce qui a trait aux modes de propulsion électrique afin de mieux guider ses choix technologiques futurs.
« Nous testons différentes technologies qui existent. Il y a le prolongateur d’autonomie, mais aussi la recharge en dépôt lente ou la recharge en bout de ligne. Nous devons déterminer la meilleure combinaison, selon la densité de la population, le type de ville, etc. Nous collaborons par ailleurs avec l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ) sur une étude pour évaluer les avantages et inconvénients de ce mode de transport en fonction des éléments opérationnels. Nous suivons aussi ce qui se fait à Montréal », a soulevé Guy Picard, directeur général de la STL.
Rappelons que Montréal met à l’essai trois autobus 100 % électriques qui fonctionnent avec un système de recharge rapide en début et en fin de parcours sur la ligne 36-Monk, et dont la recharge prend cinq minutes. De son côté, la STL fera l’acquisition d’une borne de recharge rapide de 450 kW qu’elle installera à la station de métro Cartier, où convergent plusieurs lignes d’autobus. Si le projet en cours à Montréal offre aux autobus une autonomie de 15 à 25 km, celui de Laval disposera d’une autonomie en mode électrique de 35 km.
« Ce projet de bus électriques détient la plus longue autonomie au Québec. C’est une avancée technologique intéressante. Sur la scène internationale, les projets de bus électriques se développent à la vitesse grand V, par exemple avec la Régie autonome des transports parisiens (RATP) qui met à l’essai à Paris une flotte de 55 bus électriques. Le Québec est le quatrième producteur d’hydroélectricité au monde, nous devons prendre notre place en transport électrique », ajoute Nicolas Girard, directeur principal des communications de la STL.
Deux types de batteries
Les deux autobus électriques seront en outre dotés chacun d’une batterie différente, afin de tester la consommation énergétique du véhicule en fonction du prolongateur, de la batterie, de la fréquence d’utilisation et du temps de recharge. « Un bus sera équipé d’une batterie de 111 kWh, l’autre d’une batterie de 50 kWh ayant toutes deux des caractéristiques différentes. Sur la recharge rapide, les bus devraient se recharger en quatre à sept minutes », a expliqué Sylvain Boucher, directeur de l’entretien et de l’ingénierie à la STL.
Ces deux autobus seront comparés à deux bus « témoins », soit un roulant au diésel et l’autre à motorisation hybride. Ils seront également comparés en fonction d’une borne à recharge lente pouvant recharger les véhicules pendant la nuit. Une douzaine de circuits, qui passent par la station de métro Cartier, ont été identifiés comme pouvant être utilisés pour tester les bus électriques à prolongateur d’autonomie. Rappelons que le parc d’autobus de la STL compte plus de 300 véhicules, qui circulent quotidiennement sur 45 circuits et effectuent en moyenne 250 km chacun par jour, selon M. Boucher.
Mentionnons que la Société de transport de Laval a été la première au Canada à acquérir un autobus 100 % électrique de 40 pieds, en 2012. Elle souhaite continuer à être en avant de la parade, ayant une forte volonté d’être parmi les joueurs-clés en électrification des transports. En collaborant à une étude avec l’ATUQ sur l’électrification des transports collectifs, elle joue ainsi un rôle de laboratoire de développement du transport collectif.
Si la STL n’envisage pas à court terme de tester un autobus autonome sur ses routes, elle suit de près les projets en ce sens, dont les projets-pilotes de la navette Navya à Terrebonne et celle d’EasyMile au Parc Olympique de Montréal.
Sur la photo principale, Johnny Mulfati, directeur marché autobus – Cummins, David De Cotis, président du conseil d’administration de la STL, Marc Demers, maire de Laval, Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Francine Charbonneau, ministre responsable de la région de Laval, et Robert Baril, directeur général – TM4, lors de la conférence de presse annonçant une aide financière de 4,25 M$.
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