
L’industrie éolienne vient de créer 250 nouveaux emplois dans la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, avec l’agrandissement de l’usine LM Wind Power Canada, qui fabrique des pales éoliennes à Gaspé. Pour la seule usine du genre au Québec, il s’agit d’un investissement de 12 M$ réalisé à l’aide d’un coup de pouce financier du gouvernement de 5,7 M$.
L’aide financière de Québec se décline en deux volets : 4,3 M$ sous forme de prêt de la part du ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation ainsi que 1,4 M$ provenant d’Emploi-Québec pour la formation technique qualifiante des travailleurs. « La concrétisation de projets [tel celui-ci], qui permettent au Québec de promouvoir et de renforcer le savoir-faire de ses entreprises manufacturières dans des secteurs clés de son économie, comme que le secteur éolien. La table est mise pour assurer la croissance, notamment sur le marché américain, d’une filière éolienne compétitive », a soulevé Dominique Anglade, ministre de l’Économie.
Rappelons que l’usine à Gaspé a été fondée en 2005 par la multinationale LM Wind Power dont le siège social est au Danemark. La filiale a été rachetée en avril par General Electric énergie renouvelable contre la somme de 1,5 milliard d’euros – soit 2,2 G$ canadien.
Marché américain
L’entreprise, qui se bâtit une expertise en pales d’éoliennes depuis une dizaine d’années, mise à 100 % sur l’exportation, principalement sur le marché américain, toute sa production s’acheminant actuellement vers le Texas. Ce marché occupera sa capacité de production d’ici les quatre prochaines années, en raison d’un crédit de taxe sur la production d’électricité renouvelable (Renewable Electricity Production Tax Credit) instauré par nos voisins américains.
« Le marché américain est en pleine croissance – et il sera très fort dans les prochaines années – il y a un boom présentement pour la production d’énergie éolienne avec ce crédit de taxe, qui fait que les développeurs de parcs éoliens investissent [dans les pales éoliennes]. Ce crédit restera en vigueur, en diminuant graduellement, jusqu’en 2021 », explique au bout du fil Alexandre Boulay, directeur de l’usine, en entrevue avec Électricité Plus.
Cet agrandissement de 40 % de superficie rendra possible la construction de pales deux fois plus grandes que celles fabriquées jusqu’ici, pales faisant désormais 80 mètres et plus. LM Wind Power conçoit d’ailleurs les plus grandes pales au monde atteignant 88 mètres. Outre l’agrandissement de l’usine, « pièce maitresse » de cet investissement de plus de 12 M$, LM Wind Power Canada a investi dans ses équipements, notamment dans des moules de fabrication de pales et dans la modification d’équipements existants.
Par souci de préserver leur compétitivité, M. Boulay a refusé de chiffrer la nouvelle superficie de l’usine ainsi que le volume de production que l’agrandissement permettra d’atteindre.
Modèle mondial
« L’usine de LM Wind Power de Gaspé est un modèle pour notre entreprise à travers le monde. Je suis témoin, depuis plusieurs années, des efforts incroyables que l’équipe de direction, les employés et les partenaires font pour assurer la pérennité de celle-ci. L’inauguration d’aujourd’hui est la consécration de tous ces efforts, et nous en sommes très fiers! », a commenté Marc de Jong, président-directeur général de LM Wind Power, lors de l’inauguration des nouvelles installations.
Soulignons que cette annonce encourageante dans le secteur éolien survient dans un contexte où, la semaine suivante, Siemens Wind Power Limited annonçait la fermeture de son usine de fabrication de pales éoliennes en Ontario. Les raisons invoquées pour en venir à cette décision ont été la dégringolade de 66 % des prix du produit sur le marché ainsi que la nécessité de produire maintenant de plus grandes pales d’éoliennes et que l’adaptation de l’usine n’aurait pas été rentable.
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Sans commenter ce cas précis, M. Boulay a répondu : « Nous voulons assurer le futur de l’usine à long terme. Nous sommes en voie de devenir le seul joueur au Canada, la clé est d’être stratégique et de se positionner pour l’avenir ». Des pales plus longues requérant moins de turbines et d’installations ont l’effet de diminuer les couts d’électricité générés par l’énergie éolienne, détaille-t-il.
Embauche jusqu’en octobre
Si LM Wind Power est passé de 185 à 435 employés en un an, le bassin de main-d’œuvre devrait dépasser le cap des 450 d’ici octobre. « Chaque semaine, on introduit de nouveaux employés en usine, ajoute Alexandre Boulay, qui dit compter sur un bon taux de rétention des employés. On développe l’expertise à l’intérieur même de l’usine avec notre centre d’excellence, qui en assure la formation. Nos pratiques sont parmi les meilleures, et lorsque nous innovons, nous impliquons les gens dans l’amélioration de la performance. »
Pour un nouvel employé, on compte quatre mois avant qu’il devienne autonome dans son travail et huit mois afin qu’il devienne productif. Aucune qualification préalable n’est nécessaire à l’embauche. Les postes de cols blancs et de maintenance ont déjà été comblés, il reste désormais des manœuvres à recruter.
Alors que LM Wind Power adapte sa production au marché de l’éolien en croissance pour suffire aux besoins du sud des États-Unis, elle regarde d’un œil intéressé ce qui se dessine du côté de la Nouvelle-Angleterre, où l’état du Massachusetts a récemment ouvert un appel d’offres aux développeurs éoliens cherchant à s’approvisionner de 2 000 MW d’énergie renouvelable.
Une forte croissance de l’éolien sera également à prévoir du côté de l’Ouest canadien, entre autres en Alberta et en Saskatchewan, termine M. Boulay.
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