
Souhaitant développer un outil pour calculer les couts de transition vers une flotte de véhicules électriques pour les entreprises, le projet Flotte Rechargeable (FloRe) de l’Institut du véhicule innovant suscite un tangible engouement après quatre mois sur les rails. Déjà, cinq entreprises ont bénéficié des six véhicules électriques prêtés par l’IVI et d’autant de bornes de recharge pour mettre à l’essai durant trois semaines les couts ainsi que les bénéfices de ce changement.
L’IVI fournit une borne de recharge de niveau 2 (208-240 V) par véhicule pour la recharge de nuit ainsi qu’une borne de recharge rapide BRCC (borne de recharge à courant continu). Le projet initial visait à offrir huit véhicules électriques pour un parc automobile, mais des problèmes d’approvisionnement contraignent l’IVI à se limiter à six véhicules pour l’instant. « On vise surtout les entreprises qui roulent beaucoup », confirme Stéphane Pascalon, coordonnateur de projets, en entretien avec Électricité Plus.
Déjà, une cinquantaine d’entreprises ont fait connaitre leur intérêt, mais toutes n’ont pas été retenues après analyse des besoins. Cependant, devant cette forte curiosité de la part d’entreprises, le projet FloRe affiche complet jusqu’à la fin septembre. L’Institut du véhicule innovant prend désormais les réservations pour le mois d’octobre. Il serait en outre idéal de prévoir cette mise à l’essai au moins trois mois à l’avance afin que le maitre d’œuvre du projet puisse procéder à l’évaluation des besoins électriques de l’entreprise.
De Saint-Jérôme à Québec
Lancé le 4 avril à l’occasion du 52e Congrès et Salon des Transports de l’Association québécoise des transports (AQTr), le projet FloRe a parcouru près de 300 km jusqu’à la Ville de Québec, où il s’est posté en juillet. Imaginé à Saint-Jérôme, au Centre collégial de transfert de technologie affilié au Cégep de Saint-Jérôme, le projet a fait son chemin chez des entreprises diversifiées – non seulement nichées en innovation –, notamment auprès de la compagnie de livraison de pièces d’auto NAPA, d’entreprises en environnement et recyclage, en ingénierie, de même qu’en télécommunications, chez Bell.
À la fin du mois de juillet, les véhicules électriques étaient testés du côté d’une entreprise de technologies du secteur pharmaceutique, Optel, à Québec.
« L’objectif est d’arriver à évaluer s’il y a des bénéfices pour l’entreprise – ou pas, résume M. Pascalon. Au terme de l’essai, on fournit à l’entreprise un rapport complet sur l’utilisation des véhicules prêtés et quant à l’économie d’énergie réalisée. » Si l’expérience s’avère positive et que le retour sur l’investissement se révèle tangible, l’IVI peut diriger l’entreprise vers ses partenaires automobiles, les manufacturiers Ford et KIA, ainsi que les concessionnaires Nissan Gabriel Jean-Talon et Bourgeois Chevrolet pour qu’elle puisse s’approvisionner en véhicules électriques et amorcer la transition.
Sans confirmer lesquelles des entreprises ayant testé la flotte rechargeable auraient l’intérêt d’entreprendre des démarches pour électrifier une partie de leur parc de véhicules, Vincent Bordeleau, chargé de projet, confirme l’engouement de tous les participants. « À la suite de l’essai, il y en a qui le considère pour la prochaine année », a-t-il toutefois mentionné sans s’avancer davantage.
Dans les prochaines semaines, l’IVI diffusera sur son site Internet plusieurs statistiques relatives à l’essai de véhicules électriques dans les différentes entreprises participantes. Parmi les critères évalués, auxquels d’autres entreprises ayant un profil similaire pourront se comparer, on note les distances parcourues par la flotte de véhicules, les modèles de véhicules utilisés, le nombre de véhicules potentiels par flotte, la consommation d’électricité ainsi que la quantité de dioxyde de carbone (CO²) dont les émissions ont été épargnés à l’environnement.
« Le projet sert beaucoup à détruire les préjugés par rapport aux véhicules électriques notamment quant à l’autonomie et aux capacités du véhicule, soulève M. Bordeleau. La très grande majorité des conducteurs essaient un véhicule électrique pour la première fois. Ils sont surtout impressionnés par l’accélération du véhicule, par son silence et par la possibilité de se brancher sur une prise régulière à la maison. Dans les points négatifs, ils craignent une autonomie insuffisante en hiver ainsi que pour répondre à leur perception – parfois pas tout à fait juste – de leurs besoins réels. Nous croyons que les essais cet hiver vont permettre d’en rassurer plusieurs sur l’autonomie de ces véhicules. »
Financé par Québec
Le projet Flotte Rechargeable, financé à hauteur de 520 666 $ par le programme Action-Climat Québec, subvention provenant du Fonds vert, permettra à une trentaine d’entreprises de tester le concept au cours des deux prochaines années. Ce coup de pouce financier du gouvernement du Québec s’inscrit dans le cadre de ses objectifs d’atteindre 100 000 véhicules électriques sur les routes du Québec d’ici 2020. Les entreprises peuvent soumettre leur candidature pour participer au projet en cliquant ici.
« D’ici deux ans, nous voulons offrir au gouvernement un guide d’information complet et des outils aux entreprises pour prévoir les couts et le retour sur investissement d’une transition. Nous travaillons sur un simulateur de calcul qui devrait être mis en ligne en novembre, signale Stéphane Pascalon. Au terme du projet, nous souhaitons avoir sensibilisé au moins 300 entreprises aux véhicules électriques. La cerise sur le gâteau serait de convaincre la moitié de la trentaine d’entreprises qui mettront à l’essai la flotte électrique commerciale au cours des deux prochaines années d’aller de l’avant vers une transition, de faire le saut vers un parc électrique. »
Sur la photo d’introduction, de g. à d., Vincent Bordeleau, chargé de projets à l’IVI, Bruno Belley d’Elecfleet, partenaire du projet, et Ilrick Duhamel, du Groupe Optel, qui mettait à l’essai en juillet la flotte de véhicules électriques de l’IVI.
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