Le département de physique de l’Université Sherbrooke a raflé les honneurs lors de la soirée des Prix de la recherche et de la création. Parmi les récipiendaires, le professeur Louis Taillefer a été honoré pour sa percée majeure dans le domaine de la supraconductivité tandis que le professeur Ion Garate s’est illustré en recevant le nouveau prix Tremplin, octroyé à un professeur en début de carrière, pour ses travaux de recherche dans les matériaux quantiques, notamment en spintronique et en matériaux topologiques.
« L’expression matériaux quantiques est utilisée depuis les dix dernières années pour décrire une catégorie de matériaux dans lesquels la mécanique quantique joue un rôle décisif pour faire émerger des phénomènes nouveaux, parfois exotiques, et au potentiel énorme, vulgarise Nicolas Doiron-Layraud, professeur associé à l’Université Sherbrooke faisant partie de l’équipe du Pr Taillefer. La supraconductivité à haute température, qui engendre un état de résistance électrique nulle, et les matériaux topologiques, dont les propriétés ont un potentiel en informatique quantique, sont des sous-catégories des matériaux quantiques. »
Le prix convoité, décerné dans trois catégories, récompense une découverte scientifique ou une œuvre de création significative publiée au cours de l’année et s’accompagne d’une bourse de 5 000 $. Le Prix de la recherche et de la création – catégorie Sciences naturelles et génie a ainsi été remis pour une seconde fois au professeur Louis Taillefer, qui l’avait précédemment remporté en 2011.
Le professeur Taillefer et son équipe ont en effet résolu une partie de l’énigme de la supraconductivité, soit la capacité de certains matériaux à transporter l’électricité sans perte, en identifiant une nouvelle signature de la phase « pseudogap », qui renseigne sur sa nature par une réduction soudaine du nombre d’électrons mobiles. Il s’agit d’un pas en avant vers la découverte de la force physique à l’origine de la supraconductivité.
Cette percée majeure a aiguillé les chercheurs vers une nouvelle piste pour élucider le mystère de la supraconductivité à haute température.
(Pour lire notre article sur cette découverte, publié en 2016, cliquer ici)
Cette découverte, qui a été réalisée en collaboration avec l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver et le Laboratoire national des champs magnétiques intenses de Toulouse, a fait l’objet d’un article scientifique dans la revue Nature, en 2016. Par ailleurs, cette publication se classe au premier percentile des articles en physique les plus cités en 2016.
Transport des énergies vertes
Les lignes supraconductrices permettront notamment de faire des avancées importantes dans le transport sur de longues distances et à faible cout des énergies vertes issues tant du solaire que de l’éolien. Le grand défi de la physique demeure toutefois : obtenir un supraconducteur à température ambiante alors que le phénomène est uniquement observé à très basse température, soit à – 250 degrés Celsius.
Les chercheurs misent sur les oxydes de cuivre nommés « cuprates », des supraconducteurs jusqu’à – 100 degrés Celsius, matériaux les plus prometteurs pour l’avancement de la recherche.
Ce dernier prix en lice s’ajoute aux différents honneurs remis au physicien Louis Taillefer en 2017, qui a notamment été lauréat du premier prix Simon Memorial décerné à un Canadien et de la bourse Killam, attribuée par le Conseil des arts du Canada.
Prix Tremplin
Offert pour la première fois, l’un des trois prix Tremplin a été décerné au professeur de physique Ion Garate. Installé à l’Université de Sherbrooke depuis seulement quatre ans, le physicien a brillé tant dans son rôle de chercheur que de professeur. Ses recherches en spintronique, une technique utilisant le moment magnétique plutôt que la charge de l’électron pour traiter l’information, et sur les matériaux topologiques, aux propriétés robustes associées à la topologie de leur structure électronique, ont permis des avancées intéressantes dans le secteur des matériaux quantiques.
Le professeur Garate, détenteur d’un postdoctorat de l’Université de Colombie-Britannique et d’un postdoctorat de l’Université Yale, a décidé de poursuivre sa carrière à l’Université de Sherbrooke, il y a quatre ans. Celle-ci se réjouit d’ailleurs que son professeur ait appris aussi rapidement le français et souligne son enseignement de qualité remarquable. Notons que le chercheur est membre affilié du plus prestigieux centre de physique théorique au Canada, le Perimeter Institute de Waterloo.
Le jeune chercheur a déjà été invité à animer une quarantaine de conférences et se montre un auteur scientifique très prolifique du domaine de la physique, lui qui publie environ quatre articles par année. En cinq ans, ses publications ont été citées 800 fois, et six d’entre elles ont reçu pas moins de 50 citations.
Comme mentionné par le professeur Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures, il y a fort à parier que le récipiendaire du prix Tremplin soit un jour lauréat du Prix de la recherche et de la création.
Sur la photo d’introduction, au centre, le professeur Louis Taillefer entouré des membres de son équipe Nicolas Doiron-Leyraud, professeur associé, Sven Badoux, chercheur postdoctoral.
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