Chaque année, 110 accidents du travail concernent la déficience ou l’absence de techniques de cadenassage sur les chantiers, dont quatre décès causés par le dégagement intempestif d’une source d’énergie. Lors de la conférence « Contrôle des énergies : cadenassage et autres méthodes sur les chantiers de construction », Éric Deschênes, conseiller-expert en prévention-inspection, et Francis Bergeron, inspecteur, tous deux de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ont souligné à force d’exemples comment les mesures de prévention peuvent sauver des vies.
La conférence s’inscrivait dans le cadre du Grand Rendez-vous santé et sécurité du travail de la CNESST, qui avait lieu les 15 et 16 novembre, au Palais des congrès de Montréal. Selon l’organisation, plus de 4 000 intéressés ont foulé les allées du salon des exposants et assisté aux différentes conférences d’experts. Parmi les sujets les plus populaires, Geneviève Trudel, porte-parole de la CNESST, cite entre autres les conférences « Gérez la santé et la sécurité… Comme par magie! », « Santé psychologique : Rôle du comité de santé et de sécurité » ou encore « Alcool et drogues : Droits et obligations des gestionnaires ».
Pour revenir à notre conférence d’intérêt, les deux experts ont réitéré l’importance de la dissipation des énergies et de s’assurer de l’absence de tension lorsqu’un ouvrier s’attaque à tout travail électrique. Le but : éviter la mise en marche accidentelle d’un appareil ou d’un courant électrique, que ce soit par une autre personne ou par un défaut technique.
Les exemples cités allaient du travailleur qui, se croyant seul dans un centre commercial aux aurores, avait entrepris de défaire un connecteur avec un tournevis du haut d’un escabeau et qui a eu le haut du corps brûlé après avoir été victime d’un arc électrique, à un travailleur qui installait un luminaire et dont la pince métallique a touché à un fil dénudé – il a reçu une décharge de 347 V.
Jungle électrique
Éric Deschênes, expert régulièrement dépêché sur les lieux d’un accident de travail, a raconté avoir vu trop souvent des chantiers de rénovation ou de démolition d’un immeuble ayant l’air d’une jungle électrique, avec des fils qui courent un peu partout. « Des ouvriers contrôlent l’énergie à partir de ruban adhésif », a-t-il donné à titre d’exemple, rappelant qu’il est primordial de couper le courant à la source avec le cadenassage afin de travailler hors tension.
M. Deschênes a par ailleurs collaboré à la rédaction du guide d’information sur les dispositions règlementaires relatives aux articles 188.1 à 188.13 et 189.1 de la section XXI du règlement sur la santé et la sécurité au travail portant sur le cadenassage et autres méthodes de contrôle des énergies découlant de la norme CSA Z460-13 Maîtrise des énergies dangereuses : cadenassage et autres méthodes.
Pour consulter les nouvelles dispositions en vigueur depuis janvier 2016, cliquer ici
Pour consulter le guide d’information de la CNESST, cliquer ici
Le conférencier a retracé l’origine de ce comportement de travailler sous tension. « Un manuel de référence datant de 1953 aux États-Unis explique qu’il est sécuritaire de travailler avec un courant de moins de 250 V, parce qu’il faut toucher le conducteur pour vérifier le voltage. Ça revient à ce que nous faisions en mettant une pile sur la langue pour voir si elle contient toujours de l’énergie. C’est un comportement qui est transmis de génération à génération, par le compagnonnage. Il faut que ça cesse! »
Parmi les autres méthodes mises en lumière, il a été question d’équipement de protection individuelle et de périmètre de sécurité. « Il faut s’habiller en fonction du danger qui nous guette », a souligné M. Deschênes.
Malheureusement, encore trop souvent, le travailleur se présente sur le chantier et il n’a pas ce qu’il faut pour effectuer le travail hors tension, ont déploré les conférenciers, mentionnant qu’il est de la responsabilité du maître d’œuvre du chantier de s’assurer que les électriciens puissent travailler de façon sécuritaire.
(Pour consulter la présentation PowerPoint au sujet du contrôle des énergies, cliquer ici)
Les prochains Grands Rendez-vous santé et sécurité du travail auront lieu le 2 mai 2018 au Centre des congrès de Québec et les 7 et 8 novembre 2018 au Palais des congrès de Montréal.
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