
À l’aube de la quatrième révolution industrielle, il est impossible de passer à côté de l’usine 4.0, aussi appelée usine « intelligente ». Le Salon sur les meilleures pratiques d’affaires (MPA) a voulu marquer le coup, en levant le voile sur la première usine cyber-physique du Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), le 16 novembre. Électricité Plus a suivi le guide, François Gingras, pour visiter la reproduction à échelle réduite du premier laboratoire intégrant les nouvelles technologies de production et les systèmes de production connectés.
Représentant un investissement de 1,2 M$, ce modèle intégré d’usine intelligente en trois stations vise à accompagner les entreprises dans le virage industriel 4.0 et à former les employés qui opèreront l’usine du futur. La visite de l’usine-école commence à la station de l’entreposage automatisée où, sur l’équivalent d’une ligne principale de production, un système d’identification par radiofréquence (RFID) analyse le prix, le numéro de modèle ainsi que tout le « pédigrée » du produit, explique M. Gingras. « Ces données génèrent ce qu’on appelle du big data. »
Cette station représente un entrepôt entièrement automatisé, qui gère de façon automatisée les commandes et les livraisons, optimise la gestion de l’inventaire, et adapte sa capacité de réaction à la fluctuation de la demande. La traçabilité par RFID permet une connectivité entre les composants, la fabrication de produits sur mesure, en plus d’augmenter la flexibilité de production et d’afficher l’état d’avancement d’un produit.
« La prochaine station illustre les principes d’automatisation des tâches, que ce soit le retournement d’un produit, le perçage, le soudage, peu importe l’action », poursuit M. Gingras. Le but : optimiser le procédé et minimiser les couts de production, en analysant la consommation énergétique (énergie, eau ou tout autre élément outre la matière première) à l’aide d’une base de données.
La dernière station est celle de la robotique et de la détection numérique permettant de réaliser des opérations. « Il existe des centaines de procédés différents, qui peuvent fonctionner en simultané ou en alternance, note François Gingras. Tout étant interconnecté, il y a une quantité de données accessibles par le big data et l’intelligence artificielle pour aider à la prise de décision. »
Travailleurs de demain
La question se pose : l’humain deviendra-t-il obsolète, dans l’usine du futur? « Non, tranche M. Gingras. Le travailleur de demain travaillera à partir des données qu’il contrôlera par iPad, par exemple. Il recevra les commandes en temps réel, il récupèrera les produits sur les tablettes à l’aide de lunettes interactives. Ce sont les tâches répétitives qui vont de disparaître. Le nombre d’employés restera stable, les tâches vont être différentes. Il faudra requalifier ces emplois. »
En janvier 2018, le CRIQ commencera ses premières formations au laboratoire cyber-physique dans l’arrondissement Saint-Laurent, un projet mis sur pied avec son partenaire Festo Canada. (Pour revoir l’article d’Électricité Plus sur cette alliance, cliquer ici.) Le CRIQ garde le silence sur les entreprises ayant manifesté un intérêt pour l’usine 4.0, à ce stade-ci. « On accueillera une dizaine de personnes à la fois, dont trois à cinq entreprises en maintenance industrielle », dévoile M. Gingras.
Selon François Gingras, la révolution 4.0 est à l’état embryonnaire au Québec, estimant que de 2 à 4 % des usines québécoises ont entrepris le virage. « Le temps joue contre nous, la compétition est mondiale, ajoute-t-il. L’idée d’une usine 4.0 était ridiculisée il y a 30 ans, mais il faut réaliser que la Chine a un plan [de transition] déjà bien établi. Les industriels, pour la majorité, ne ressentent pas encore l’urgence de se convertir au 4.0. Le CRIQ, avec Investissement Québec et le ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, est tourné vers le manufacturier innovant et nous avons la mission de faire réaliser aux entrepreneurs qu’il se passe quelque chose, qu’il est urgent d’agir. »
C’est surtout le cas pour certaines entreprises qui jouent leur survie, par exemple dans le secteur de l’industrie forestière, des mines et de l’exploitation des ressources naturelles.
3 000 participants
La 25e édition du Salon MPA a rallié plus de 3 000 chefs d’entreprise, experts et férus de la qualité au Palais des congrès de Montréal, où près de 40 projets d’amélioration en entreprise ont été mis de l’avant. Les conférences les plus courues ont été « Démythifier l’intelligence artificielle avec des cas industriels » offerte par Imed Othmani, d’IBM Canada, et « 100 % responsabilités – 0 % excuses » animée par Dr John Izzo, auteur de six best-sellers.
Ce dernier, qui a conseillé plus de 500 organisations en cours de carrière, a motivé les troupes à devenir un agent de changement, en mettant leurs idées de l’avant et en accueillant la critique constructive, ceci tout en prenant ses responsabilités. Il a servi à la foule un discours inspirant parsemé d’exemples où il a partagé avec le public des tranches de vie amusantes, mais chaque fois pertinentes, pour illustrer son propos.
« On devient comme les gens que l’on côtoie. Si vous vous sentez inadéquat, entourez-vous des bonnes personnes, et apprenez à être meilleur », a-t-il lancé comme message.
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