
Le système de gestion de villes intelligentes DimOnOff, développé par l’ingénieur informatique Bernard Têtu, a récemment attiré le regard de l’organisation à but non lucratif vouée à la transformation du marché de l’éclairage, LSNetwork, qui l’a décoré du prix Technologie d’éclairage de l’année au Canada, à Toronto. Installé à Shawinigan, le système d’éclairage urbain à diodes électroluminescentes (DEL) permet à la fois de moduler l’éclairage par signal radio, mais de prévoir les surverses (déversements d’eaux usées) à l’aide du réseau de télécommunication qui a été connecté au réseau d’égout.
Chaque année, LSNetwork – jadis LightSavers Canada – récompense les meilleurs projets et technologies d’éclairage au pays, en plus de reconnaitre le travail d’une personnalité dans l’industrie de l’éclairage. Dans ce contexte, la plateforme Smart City Management System (SCMS) de DimOnOff a été reconnue comme étant la technologie ayant le plus fait progresser les perspectives d’éclairage et ayant contribué à une société plus sécuritaire, durable et intelligente. Cette technologie s’est par ailleurs illustrée puisqu’elle est unique au Canada.
En plus de couronner M. Têtu, LSNetwork a reconnu une autre figure québécoise du secteur de l’éclairage, soit Isabelle Lessard, ingénieure à la Division Sécurité et aménagement du réseau artériel à la Ville de Montréal, qui a été nommée Personnalité canadienne « LightSaver ». Mme Lessard a piloté le projet de conversion aux DEL des 138 000 lampadaires de Montréal.
Solution novatrice
Fournisseur de technologie, DimOnOff collabore avec la firme Énergère pour la modernisation aux DEL du réseau d’éclairage des villes à travers le Québec, dont à Shawinigan. « Avec cette solution de monitorage, nous savons quand le luminaire cesse de fonctionner et nous pouvons moduler sa consommation électrique. Par exemple, nous pourrions, en période de pointe, réduire de 10 % la consommation d’éclairage », explique le président-directeur général (PDG) de DimOnOff, en parlant de cette innovation qu’il décrit comme une toile d’araignée tissée au-dessus de la ville.
L’existence de l’Internet des objets et l’arrivée du concept des villes intelligentes ont favorisé l’éclosion d’autres types d’usages pour cette « toile », dont le réseau de télécommunication a été réutilisé à Shawinigan pour être interconnecté avec le réseau d’égout afin d’assurer le monitorage des cas de déverse. « En temps réel, on peut savoir quand la surverse se produit, et combien d’eau est déversée », poursuit le PDG.
À partir de là, les usages potentiels se multiplient pour les villes qui souhaitent acquérir des données sur une foule d’infrastructures municipales. « On s’est demandé comment pourrions-nous regarder, sentir, la ville, de façon à obtenir un retour sur investissement, indique M. Têtu. On veut vendre quelque chose d’utile, qui donne un résultat. » Le système peut notamment détecter les espaces de stationnement libres – un avantage sur la gestion du trafic – ou faire la lecture de plaques d’immatriculation – données qui pourraient servir en cas d’alerte Amber ou pour mesurer le volume de trafic automobile qui traverse aux feux rouges, illustre Bernard Têtu.
Interrogé sur l’éventuelle crainte des citoyens d’être enregistrés à leur insu, M. Têtu répond : « On ne récolte pas de l’information sur les gens, mais sur le matériel (les infrastructures) de la ville. Le système n’enregistre rien, il regarde, il interprète, il analyse l’information de façon intelligente, par des capteurs et microprocesseurs, pour pouvoir ensuite agir ».
Reconnaître le danger pour intervenir
Bernard Têtu en est convaincu : la technologie SCMS détient le potentiel d’aider les services d’urgence à intervenir rapidement en cas de danger ou d’incident. Au son, le système pourrait reconnaître l’endroit où survient un accident de la route ou détecter la détonation d’un fusil. Une technologie qui séduit les États-Unis, aux dires du PDG de DimOnOff, où les tragédies par armes à feu se multiplient. « Notre marché premier n’est pas les villes, mais les campus universitaires, où la plateforme pourrait être intégrée avec nos partenaires Hubbell et la filiale Elster d’Honeywell.
Au nez – un autre sens qui pourrait être exploité par le système – des capteurs pourraient reconnaître l’odeur de gaz toxiques, indique encore Bernard Têtu. Dans les arénas, une fuite du système de réfrigération serait facilement identifiable à l’odeur d’ammoniac que les capteurs seraient en mesure de « sentir », cite-t-il à titre d’exemple. Rappelons à cet égard qu’une fuite d’ammoniac avait tué trois personnes, l’automne dernier, dans un aréna en Colombie-Britannique.
La plateforme de DimOnOff et ses multiples applications rendues possibles avec l’Internet des objets sera exposée à l’occasion de la foire de l’éclairage LightFair International, à Chicago, du 8 au 10 mai.
Pour en savoir davantage sur le projet d’éclairage de la Ville de Shawinigan, cliquer ici.
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