
L’Ontario a dépassé pour la première fois de l’histoire le Québec en 2017, au chapitre des ventes de véhicules électriques, ayant vendu 7 477 de ces voitures, en comparaison à 7 149 au Québec, a révélé Radio-Canada. Pour cause, la province offre désormais un incitatif financier beaucoup plus alléchant à l’achat d’un véhicule électrique, allant jusqu’à 14 000 $ plutôt que 8 000 $ au Québec. Cependant, le Québec conserve le titre de province où circulent le plus de véhicules électriques, soit 20 639 par rapport à 16 644 en Ontario.
Au Québec, le réseau de bornes est également plus important, avec 2 000 à 3 000 bornes de niveau 2 et 250 à 500 bornes rapides. Ces données ont été tirées du récent rapport annuel de Mobilité électrique Canada, une association à but non lucratif dédiée à la promotion de la mobilité électrique. « Avec l’aide financière accordée, l’Ontario est en train de rattraper le retard et la tendance s’est accélérée », a exprimé d’emblée au bout du fil avec Électricité Plus Chantal Guimond, présidente-directrice générale de l’association et ex-directrice de la planification stratégique et de l’électrification des transports chez Hydro-Québec.
(Pour consulter l’article de Radio-Canada, cliquer ici.)
Selon elle, au Québec, il reste beaucoup de travail à faire pour atteindre d’ici 2020 la cible ambitieuse de 100 000 véhicules électriques (VÉ) sur les routes. « La communication doit être renforcée, puisque les fausses perceptions persistent. Les gens pensent encore que la recharge est un enjeu. Il faut faire un effort collectif pour mieux les informer. » Pour accélérer les ventes de VÉ, Chantal Guimond estime que trois enjeux « font partie de l’équation » : l’offre de véhicules électriques, les infrastructures de recharge et la communication, qui passe par une démarche de sensibilisation.
Lors des consultations fédérales prébudgétaires, Mobilité électrique Canada avait recommandé d’abolir la taxe sur les produits et services (TPS) sur les ventes de VÉ, une mesure au cout estimé à 50 M$ qui n’a finalement pas été retenue au plus récent budget fédéral. « Cette exemption de taxe est pourtant une mesure simple à appliquer dans l’ensemble des considérations fiscales équitablement dans toutes les provinces. Elle pourrait même être temporaire », plaide-t-elle. Les consommateurs qui voudraient ainsi profiter de cet incitatif devront prendre leur mal en patience.
Autre recommandation sur le plan fiscal, Mobilité électrique Canada a proposé une révision de l’avantage fiscal imposable aux employés, qui profitent d’un véhicule électrique fourni par leur employeur. « Notre recommandation était de réduire de moitié le taux de taxation des frais pour droit d’usage du VÉ, un avantage fiscal défavorable pour l’employé qui utilise le véhicule à des fins personnelles », commente Chantal Guimond. La mesure couterait environ 8 M$ par année.
(Électricité Plus consacre un article à cette incongruité du fisc dans l’édition de ce mois-ci. Pour consulter ce texte, cliquer ici.)
Mieux positionné au Québec
Le Québec, avec son approche concertée et ses infrastructures mieux planifiées, serait en meilleure position que l’Ontario pour favoriser la transition vers les véhicules électriques, croit Chantal Guimond. « L’Ontario a beaucoup plus de petits producteurs d’électricité, c’est plus compliqué. Si les subventions de l’Ontario continuent d’apporter des résultats soutenus, le Québec devra considérer bonifier ses incitatifs. »
Elle ajoute que la faible disponibilité des véhicules électriques sur le marché est attribuable à la transition vers l’électrification. « Les manufacturiers ont investi massivement dans leur filière électrique, ils voudront récupérer leur investissement. La demande a été plus grande que prévu – il faudra un ajustement de l’offre et de la demande », explique-t-elle.
Le travail concerté fait également une grande différence, selon Mme Guimond. « Dans les pays où il y a plus de planification et d’engagement envers le véhicule électrique, il y a davantage de capacité à prévoir et à adapter le marché. En Norvège et en Angleterre, il y a très peu de difficulté d’approvisionnement. »
Questionnée sur l`es essais de véhicules à l’hydrogène au Québec, Chantal Guimond considère que ce type de véhicules doit faire partie des perspectives plus lointaines que la propulsion à l’électricité, en raison du cout plus important de la production de l’hydrogène et de ses infrastructures. « Pour nous, au Québec, il est plus naturel de poursuivre sur la voie des véhicules électriques. Nous avons un réseau électrique robuste et relativement peu cher, sur lequel il faut miser », résume-t-elle.
Laisser un commentaire