Les conduits de systèmes de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air (CVCA) cumulent parfois très peu de poussière, mais peuvent contenir une importante charge mycologique (champignons et moisissures) – et vice-versa. Une étude menée par l’équipe de Geneviève Marchand, microbiologiste à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST), conclut qu’il n’existe pas de lien entre les dépôts de poussière et les bactéries qui vivent dans les conduits.
Les chercheurs ont mis au point une méthode de prélèvement d’échantillons et d’analyses de poussière par cassette Environmental Monitoring Systems (EMS) qui mesure de façon objective la quantité de poussière et le degré de contamination de conduits. La méthode, efficace à plus de 98 %, demeure toutefois encore bien peu utilisée dans les milieux de travail, hôpitaux, centres d’hébergement ou écoles. « Il y a encore du chemin à faire en matière de transfert de connaissances vers les milieux et un travail de conscientisation », convient au bout du fil Geneviève Marchand.
Bien que la recherche ait été publiée il y a plus d’un an, l’inspection de conduits d’aération se fait encore par analyse visuelle, une méthode subjective, qui ne tient pas compte de la possible contamination mycologique. (Pour accéder à l’étude Évaluation de la biomasse mycologique sur les surfaces des réseaux aérauliques des systèmes de ventilation, cliquer ici)
« Ce serait bien que le milieu s’approprie cette étude, mais il faut d’abord intéresser les professionnels qui font l’inspection de conduits. Notre méthode requiert cependant des couts que les organisations ne sont pas prêtes à débourser. Il faudrait davantage publiciser cette méthode de prélèvement et d’analyse, car on se fie un peu trop sur les normes américaines », précise la scientifique. Notons que les normes d’installations de CVCA sont dictées par l’American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE).
Milieux à risque
Certains milieux comme les hôpitaux, centres de réadaptation ou centres d’hébergement pour personnes âgées accueillent des clientèles à risque de ressentir les désagréments d’un faible entretien des conduits d’aération. « Les impacts sur la clientèle sont différents dans le cas d’une tour à bureaux, indique Geneviève Marchand, mais ce n’est pas parce qu’on est dans un environnement hospitalier que les conduits d’aération se contaminent plus vite, si les composantes sont bien entretenues. Les hôpitaux suivent des protocoles de maintenance spécifiques, les salles d’opération, par exemple, ont des filtres à haute efficacité. »
Selon les chercheurs, le critère de déclenchement du nettoyage a été fixé à 300 000 spores/g de poussières. Pour un échantillon sous la barre des 58 mg de poussière par 100 cm² de surface, les résultats suggèrent qu’il ne serait pas nécessaire de procéder au nettoyage de conduits. « C’est une proposition de critère de salubrité qui reste à valider, estime la microbiologiste à la tête de cette recherche. Nous n’avons pas eu le temps de valider cette proposition sur un grand nombre d’échantillons. Ceux-ci étant difficile à obtenir, car nous n’avons pas accès aux milieux. »
L’étude de l’équipe de Geneviève Marchand visait à approfondir celle de son collègue Jacques Lavoie, avec qui elle avait auparavant travaillé, qui avait validé en conditions réelles des critères de déclenchement du nettoyage des systèmes. (Pour trouver cette précédente étude, cliquer ici)
Cette recherche devrait faire l’objet d’une conférence dans la programmation automne-hiver des Rendez-vous de la science de l’IRSST. (Pour demeurer à l’affût de la programmation, cliquer ici)
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