Le risque qui guettait jadis les ouvriers de la Commission des services électriques de Montréal d’être piqués par une seringue souillée jetée négligemment dans les trous des couvercles des puits d’accès aux réseaux électriques de Montréal n’existe plus, ou s’est grandement amoindri. Le concept de sécurité? Un panier récupérateur de seringues installé sous les dalles d’acier couvrant les puits d’accès, une invention toute québécoise imaginée par Jean Mercier, directeur Gestion du réseau.
« J’ai été inspiré par moi-même, glisse avec humour M. Mercier, d’un projet que j’ai déjà mis en place qui visait à limiter le débit d’eau dans les puisards lors de problèmes de refoulement des eaux. » Il faut dire que Jean Mercier a été directeur des travaux publics d’arrondissements à Montréal pendant 30 ans. Avec beaucoup d’ingéniosité, le dispositif a été modifié pour être doté d’ouvertures plus petites afin de ne pas laisser passer les petites seringues.
« L’ensemble des cols bleus de l’équipe a collaboré pour modifier la hauteur et l’inclinaison du panier ainsi que pour développer le mode de récupération des seringues », explique le directeur Gestion du réseau. Le projet a été conçu en partenariat avec l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail, secteur affaires municipales, secteur Administration provinciale (APSSAP) et la Direction de santé publique.
(Pour découvrir cette innovation, en vidéo, cliquer ici)
Travailleurs à risque
Les puits d’accès aux réseaux électriques servent à l’enfouissement de fils électriques et de télécommunications. Durant des années, les travailleurs ont couru le risque d’être contaminés par une seringue, sans parler de la crainte anticipée de se faire piquer. Le danger était omniprésent, puisque la Commission des services électriques de Montréal récupère approximativement 5 000 seringues souillées par année.
« On pourrait croire que c’est seulement au centre-ville, mais il y en a maintenant partout », note M. Mercier. S’il affirme qu’aucun employé n’a jamais été contaminé à ce jour, Jean Mercier dit avoir vu plusieurs ouvriers se faire piquer accidentellement par une seringue. « Ça n’avait pas de sens, lance-t-il. Ces travailleurs vont dans des espaces clos, sous terre, à genoux, où il fait noir. Les gants ne suffisent pas à les protéger, les aiguilles passent au travers. »
À ce jour, 50 paniers récupérateurs ont été installés dans les endroits problématiques de Montréal. Impossible de doter tout le réseau, qui comporte 23 000 puits, ce qui nécessiterait plus de 1 M$ d’investissement, le dispositif coutant environ 50 $ l’unité. Un appel d’offres est en cours pour trouver un fournisseur qui pourrait fabriquer ces paniers.
Selon Jean Mercier, nul doute, l’innovation pourrait servir à de nombreuses municipalités au Québec, et le concept pourrait même être exporté ailleurs dans le monde. « Je suis particulièrement fier que nous ayons développé cette idée sans ressource dédiée au projet, avec l’ensemble des employés », conclut M. Mercier.
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