
Face à une demande d’électricité hors du commun – 300 projets d’entreprises en cryptomonnaies et chaines de blocs réclament 15 000 MW de puissance –, Hydro-Québec s’abstient pour l’instant d’accorder un bloc d’énergie à ces mines de bitcoins et autres cryptomonnaies. La société d’État a déposé en juin une demande à la Régie de l’énergie pour l’imposition d’un tarif « dissuasif » de 0,15 $ du kilowattheure « applicable à tout nouvel abonnement pour un usage cryptographique », ce que la Régie a accepté par ordonnance provisoire.
La demande correspond à 40 % de la production hydroélectrique d’Hydro-Québec. Dans sa stratégie, la société d’État veut désormais sélectionner les meilleurs projets relatifs au minage de cryptomonnaies, soit ceux ayant le potentiel de générer le plus de retombées économiques et qui acceptent de cesser leur consommation durant 300 heures critiques durant l’hiver. Le tarif de 0,15 $ représente le double du prix payé par les clients résidentiels d’Hydro-Québec.
« On ne veut pas se couper de cette technologie, Hydro-Québec est intéressée par le développement de cette technologie de chaine de blocs sur son territoire […] On veut les meilleurs projets, ceux qui ont des retombées économiques et fiscales pour le Québec et ceux qui sont prêts à payer le meilleur prix à Hydro-Québec », a assuré Pierre Moreau, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, à Radio-Canada.
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Maximum de 500 MW
Pour répondre à la demande sans tomber dans le précipice, Hydro-Québec se réserve un bloc maximal de 500 MW qu’elle pourra accorder à ces grands consommateurs. La Régie décidera du tarif à fixer pour ce bloc d’énergie, rapporte La Presse, ainsi que des conditions auxquelles l’électricité sera distribuée par Hydro-Québec.
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Dans sa décision rendue le 18 juin, la Régie estime qu’il a lieu « d’agir de manière urgente », en raison des « circonstances exceptionnelles » de cette augmentation fulgurante de la demande en électricité. Avant de prendre une décision ferme, elle a convoqué Hydro-Québec en audience afin d’obtenir des détails sur la fixation des tarifs et les conditions de service applicables aux réseaux municipaux.
Baie-Comeau plaide sa cause
Une audience tenue les 26 et 27 juin a ainsi permis à la Régie de l’énergie d’entendre l’opinion de quelques parties intéressées, dont Hydro-Québec, mais également l’Association des redistributeurs d’électricité du Québec (AREQ), entreprises spécialisées en bitcoins ainsi que le maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, impatient d’accueillir deux projets de centres de données dans son futur parc technologique. (Pour revoir l’article d’Électricité Plus à l’égard des ambitions économiques de Baie-Comeau, cliquer ici)
Devant la Régie, ce dernier a plaidé que cette ordonnance empêchait la ville de développer ce secteur de son économie et qu’elle compromettait l’installation de l’entreprise d’hébergement de données GPU.one, avec qui elle a signé une entente. En vertu de la Loi sur la régie de l’énergie, la Régie n’a pas le pouvoir d’imposer un tarif aux réseaux municipaux, a argué le maire en audience. « Cette ordonnance risque de nous faire perdre des revenus considérables », peut-on lire dans un communiqué de la Ville de Baie-Comeau.
« Nous avons pris en considération les préoccupations d’Hydro-Québec concernant les clients œuvrant dans les chaines de blocs. Maintenant, Baie-Comeau défend son autonomie et la liberté de développer son économie comme elle le souhaite », insisté M. Montigny.
Dans une seconde décision rendue le 28 juin, la Régie a demandé à Hydro-Québec de lui fournir des informations supplémentaires afin de compléter l’étude du dossier. Dans l’intervalle, elle prolonge l’ordonnance de sauvegarde du tarif à 0,15 $ du kilowattheure s’appliquant aux entreprises en cryptomonnaies jusqu’au 13 juillet.
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