
Le tiers des installations d’éclairage dans les bâtiments de bureaux en France est considéré de qualité médiocre, a récemment constaté une enquête du Centre d’études et de recherches économiques sur l’énergie (Ceren). De plus, les bureaux disposent de luminaires de qualité très moyenne, alors que seuls 8 % des espaces ont été équipés de systèmes de détection de la lumière du jour, rapporte le média spécialisé Filière 3e.
L’éclairage s’avère insatisfaisant tant au chapitre de l’intensité lumineuse, du contrôle de l’éblouissement, que de la qualité de l’ambiance. Par ailleurs, le Ceren rapporte qu’il existe trop peu de gestion de l’éclairage ainsi qu’une exploitation et une maintenance très insuffisante des luminaires. Unique point positif, l’étude conclut que la qualité et la quantité de l’éclairage tout comme la maintenance tendent à s’améliorer dans les établissements de 2 500 mètres carrés et plus.
L’étude met en lumière des pistes pour l’utilisation des effets autres que visuels de la lumière sur les employés afin d’accroître leur bien-être au travail, la santé et la performance cognitive des salariés, notamment. En tenant compte des besoins des utilisateurs, on pourrait ainsi jouer sur l’éclairage artificiel pour qu’il comble le manque de luminosité naturelle, rendre accessible la variation de l’intensité de la lumière ainsi que la tonalité de couleur en fonction des préférences de chacun et du rythme d’évolution de la lumière du jour.
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Pire au Québec
La situation de l’éclairage au Québec n’est guère mieux, constate François Cantin, chargé de projets pour la firme Coarchitecture et spécialiste des environnements de travail. « Au Québec, dans les nouvelles constructions, la qualité de l’éclairage est correcte, mais dans les bâtiments avec des aménagements de 15 ou 20 ans d’âge, c’est moins reluisant, commente l’expert qui œuvre depuis dix ans en intégration de l’éclairage artificiel et naturel. Je dirais que la majorité des environnements de travail ont une qualité de luminosité demoyenne à médiocre. »
Depuis une décennie, il y a cependant une recherche de qualité en matière de dispositifs d’éclairage, a-t-il remarqué. « Il y a une tendance vers l’éclairage naturel qui offre une grande valeur ajoutée pour la santé et le bien-être des employés, mais pas tant d’un point de vue économique étant donné les faibles couts de l’énergie au Québec. Les clients sont de plus en plus intéressés à l’intégrer dans les environnements de travail, et ils sont prêts à faire les efforts pour décloisonner les espaces. Nous vivons ces dernières années un chamboulement important dans les milieux de travail avec l’intégration de la lumière naturelle, l’environnement de travail se réorganise ».
Juxtaposé à la situation de pénurie de main-d’œuvre et de difficulté de rétention du personnel qui sévit actuellement, il est d’autant plus important d’offrir un environnement de travail à la fois stimulant et confortable.
Contrôle de l’éclairage
Selon l’expert, l’éclairage n’est souvent pas adapté aux tâches des employés. Il est disposé de façon uniforme pour accommoder n’importe quel type d’aménagement. Or, estime-t-il, il faudrait offrir aux occupants plus de contrôle sur l’éclairage afin qu’ils puissent personnaliser leur niveau d’éclairement. La lampe de table permet entre autres de moduler l’éclairage pour convenir aux préférences de chacun. « Je crois beaucoup en cette stratégie, affirme M. Cantin, qui peut mieux convenir aux travailleurs de soir. Plus les gens ont le contrôle de l’éclairage et plus ils sont confortables, plus ils seront productifs, j’en suis convaincu. »
La recommandation de concevoir des environnements de travail avec un éclairement fixé de 400 à 500 lux est désuète, croit François Cantin, tenant de la pensée qu’il faut procurer à l’employé une flexibilité d’éclairage. « Une personne plus âgée, par exemple, aura besoin d’un éclairement plus élevé », dit-il, faisant écho à un passage de l’article de Filière 3e. Un éclairage de table devra toutefois être bien planifié, ajoute-t-il, car il augmentera la charge aux prises.
François Cantin a la conviction qu’il est de la responsabilité de l’architecte de sensibiliser l’employeur à investir dans un éclairage de qualité – à juste prix. « L’ingénieur en électricité a un rôle à jouer, et il a les connaissances pour proposer l’éclairage optimal à l’architecte qui aurait avantage à mieux se documenter sur le sujet. La balle est dans le camp des professionnels qui doivent être à l’affut des nouvelles technologies pour bien expliquer au client les avantages d’un éclairage adapté à l’environnement de travail et aux besoins réels des occupants. »
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