Source d’appoint pour alléger les pointes de consommation sur le réseau électrique ou génératrice en cas d’interruption de courant, les batteries des véhicules électriques (VÉ) pourraient servir à Hydro-Québec ainsi qu’au propriétaire de VÉ. Le magazine français Filière 3e a consacré à cette solution de stockage de l’électricité un article dernièrement. Pour sa part, Hydro-Québec s’y est préparée en testant cette technologie de 2012 à 2014 avec le projet d’échange d’énergie véhicule-réseau (V2G) et véhicule-maison (V2H).
« Hydro-Québec voit venir cette éventualité, et a réalisé un projet-pilote pour tester cette technologie sur une maison et avec un Jeep modifié », explique Jonathan Côté, porte-parole d’Hydro-Québec. Le véhicule d’essai a été assemblé à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ) et a été doté d’une motorisation électrique de TM4. Autres partenaires du projet, B3CG Interconnect, le Centre National du Transport Avancé (CNTA) et Brioconcept ont développé une batterie de puissance avec un système de gestion ainsi qu’un chargeur bidirectionnel permettant à la batterie de se recharger et de fournir de l’électricité au réseau.
(Pour voir un vidéo explicatif du projet-pilote, cliquer ici)
Le frein : la disponibilité
« Le frein majeur est la disponibilité de cette technologie auprès des fabricants automobiles et de bornes électriques. Nissan commence à le faire cette année », mentionne M. Côté. En effet, Nissan a testé un projet de chargeur bidirectionnel au Danemark en 2016 afin que les clients puissent puiser de l’énergie dans le réseau pour alimenter leur véhicule électrique ou la revendre pour d’autres utilisations. Un partenariat avec OVO a également permis à Nissan d’offrir à ses clients une solution de stockage énergétique à domicile, xStorage, à prix réduit.
Ce système permet au client de réinjecter son énergie dans le réseau, pour aider à en maintenir la stabilité, tout en générant des revenus. « Pas à pas, nous levons les freins à l’adoption des véhicules 100% électriques. Grâce à nos investissements dans le développement des infrastructures de recharges, tout comme dans l’amélioration à l’accès des populations à l’énergie », avait souligné Paul Willcox, président de Nissan en Europe, en dévoilant la recharge bidirectionnelle en 2017.
Pour Martin Archambault, porte-parole de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), les batteries de 30, 40 ou 60 kWh sont une « mine d’or » d’énergie inutilisée au quotidien.
« Cette technologie existe ailleurs, au Japon par exemple, où les problèmes de réseau électrique sont fréquents, mais au Québec, nous sommes aux balbutiements de l’autoalimentation, explique-t-il. Le principe est intéressant collectivement. En période de pointe, au lieu d’acheter de l’électricité à fort cout aux États-Unis ou d’utiliser des énormes batteries, nos autos avec leurs minibatteries viendraient assurer la stabilité du réseau. Hydro-Québec en contrepartie pourrait accorder une ristourne ou un crédit à ses clients qui acceptent qu’on puise momentanément dans leur réserve d’énergie. »
Hydro-Québec croit que la technologie de recharge bidirectionnelle deviendra monnaie courante dans un horizon de cinq à dix ans seulement.
La solution de stockage pourrait également se juxtaposer avec la production d’énergie par des panneaux solaires installés sur les toits des résidences. « Le microréseau de Lac-Mégantic va justement tester cette combinaison de panneaux solaires-bornes bidirectionnelles dans ce laboratoire technologique pour s’assurer que ça fonctionne bien. La question n’est pas de savoir si cette technologie verra le jour, mais quand » conclut Jonathan Côté.
Pour consulter l’article de Filière 3e mentionné en préambule, cliquer ici.
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