
Le microréseau s’intègre dans les petites communautés qui l’exploitent et l’utilisent pour leurs besoins, d’où l’importance d’impliquer les citoyens et les gouvernements locaux, une municipalité ou une communauté autochtone.
« Un microréseau est capable de produire localement de manière autonome son énergie en circuit fermé, en mode pilotage (c’est-à-dire en contrôlant l’opération des différents systèmes qui composent un microréseau, les génératrices au diésel, systèmes de stockage, des charges, etc). Il n’a pas de taille précise ni un nombre de kilowatt fixe, mais il se déploie à l’échelle d’une bâtisse ou d’un quartier », explique en quelques mots Frédéric Côté, directeur général chez Nergica.
Le centre de recherche appliquée de Nergica a développé une expertise dans la gestion des microréseaux qu’elle offre à Lac-Mégantic pour identifier le potentiel de développement social, économique ou industriel autour de son futur microréseau. Fabienne Joly, chargée de développement en transition énergétique au Bureau de reconstruction du centre-ville de Lac-Mégantic, confirme : « Nergica nous accompagne dans une étude d’opportunité de développement autour du microréseau ».
Parmi les opportunités étudiées, il y a l’utilisation de l’énergie produite localement par le parc industriel de Lac-Mégantic, où siègent 15 entreprises manufacturières, ou le développement des compétences quant à la gestion des microréseaux et la numérisation de l’énergie. Un programme qui pourrait être intégré au campus du Cégep Beauce‑Appalaches, à Lac-Mégantic.
« Nous voulons créer un écosystème et évaluer le potentiel de développer ici une filière électrique propre, exprime Mme Joly. Le métier d’électricien a beaucoup évolué depuis 15 ans, ce qui est facile à comprendre quand on compare avec toute l’électronique qui se trouve dans les voitures d’aujourd’hui, qui sont carrément des ordinateurs. En développant une expertise en électricité intelligente, le centre-ville de Lac-Mégantic pourrait devenir pour les étudiants un terrain d’exploration. »
En trois dimensions
Le microréseau s’inscrit dans trois grandes sphères en contexte québécois, estime Frédéric Côté. Il sert aux communautés isolées qui ne sont pas reliées au réseau d’Hydro-Québec. Ces installations autonomes – avec en tête Quaqtaq qui fait office de banc d’essai – sont partie intégrante de la stratégie de réduction des gaz à effet de serre de la société d’État.
Le deuxième chantier concerne les sites industriels, dont le meilleur exemple est la mine Raglan de Glencore au Nunavik qui fonctionne à deux éoliennes produisant 3 MW. L’installation compte sur une architecture à trois volets :
- un volant d’inertie de stockage d’énergie qui filtre les variations d’énergie éolienne de courte durée;
- une batterie au lithium-ion de 200 kWh et de 250 kWh pour le démarrage des génératrices au diésel ou des piles à combustible;
- un système pour réduire au minimum la perte d’énergie éolienne en période de faible demande.
Cette seconde sphère concerne également les parcs industriels ou les campus universitaires qui s’installent des panneaux solaires pour gérer les pointes d’appels de puissance, une façon de faire des économies et d’augmenter la résilience énergétique.
Un troisième aspect implique de rapprocher le consommateur résidentiel du processus de production d’énergie en lui permettant de devenir lui-même producteur. Un statut qui se traduit par des économies. « Le cout d’achat et d’installation de panneaux diminue et bientôt, il arrivera à parité avec le cout de production du kilowatt d’Hydro‑Québec. Le phénomène des autoproducteurs reste marginal au Québec, mais le taux a tout de même bondi (ndlr : de près de 4000 % en quatre ans), un indicateur de l’intérêt des Québécois », résume M. Côté.
Selon lui, le cout de production de l’énergie solaire qui dégringole, la production décentralisée à travers le microréseau et les technologies informatiques comme l’intelligence artificielle et le Big Data, font en sorte qu’Hydro‑Québec s’intéresse à la technologie de microréseau qui, à l’inverse des lignes de transport d’électricité, jouit d’une plus grande acceptabilité sociale.
Pour poursuivre la lecture de notre dossier, consulter les articles Microréseaux : Du groupe électrogène au diésel aux énergies renouvelables et Comment ça fonctionne un microréseau?
Sur la photo d’introduction, vue du centre-ville de Lac-Mégantic. On y aperçoit la gare patrimoniale, l’hôtel de ville et, à l’extrême droite, le centre sportif où seront installés des panneaux solaires.
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