
Plus de 25 ans après sa création, on le croyait mort. Le moteur-roue d’Hydro-Québec fait pourtant toujours l’objet de recherche et de développement.
Le professeur en génie électrique de l’Université McGill, Benoît Boulet, travaille depuis sept ans sur une technologie de propulsion électrique pour accélérer l’électrification du transport routier lourd. Il tente de combiner le moteur‑roue mis au point par la société TM4, issue d’Hydro-Québec, un groupe électrique fourni par l’équipementier ontarien Linamar et des composants logiciels fournis par une filiale du groupe allemand Siemens établie à Montréal. Le résultat est un camion de livraison entièrement électrique, mis sur la route par Purolator depuis deux ans.
Pour passer à la prochaine étape de développement, le professeur se donne six mois pour s’associer avec un grand fabricant déjà établi. «La technologie fonctionne, on l’a prouvé. Mais son application sur un véhicule répond à des critères commerciaux qui relèveraient davantage d’une telle compagnie», indiquait récemment M. Boulet au journal La Presse.
Une invention marquante au Québec
Créé en décembre 1994 par le physicien Pierre Couture, alors à l’emploi d’Hydro-Québec, le moteur-roue visait à remplacer le moteur à combustion, utilisé dans la grande majorité des véhicules automobiles, par quatre moteurs électriques nichés dans les roues de la voiture. Ces moteurs étaient alimentés par une pile qui se rechargeait au freinage du véhicule. Devant l’absence de liens solides avec le milieu des constructeurs automobiles, la société d’État décide en 1995 d’abandonner le projet, et de le vendre.
Le développement du moteur-roue reprend toutefois trois ans plus tard avec la création, en 1998, d’une nouvelle filiale de la société d’État: TM4 Systèmes électrodynamiques. Un prototype, le moteur électrique central TM4 MΦTIVE, voit le jour en 2006. Puis, en 2018, Dana Incorporated, un équipementier américain, acquiert 55 % des parts de la filiale. L’année suivante, l’entreprise américaine et la société d’État consolident leur partenariat et forment Dana TM4, une coentreprise établie à Boucherville.
Les prochaines étapes ?
La coentreprise semble déterminée à devenir un acteur important dans l’électrification des transports. Dans une entrevue donnée au site internet californien Advanced Clean Tech News, le vice-président, secteur véhicules commerciaux, Ryan Laskey, semblait assez optimiste par rapport aux multiples projets de Dana-TM4.
En mars 2019, Dana TM4 a produit son 12 000e moteur électrique destiné aux autobus électriques en Chine. Ces véhicules circulent dans plus de 20 villes, dont Pékin, Shanghai, Tianjin, Suzhou, Chongqing et Shenzhen. «Les autobus électriques représentent déjà environ 20 % de la flotte d’autobus de ville en Chine et c’est un marché sur lequel nous sommes actifs avec nos groupes motopropulseurs TM4, ainsi que notre moteur eS5700r e-Axle, qui est entré en production en 2018», raconte Ryan Laskey.
Aux États-Unis, Dana-TM4 fournira les groupes motopropulseurs TM4 aux compagnies Kenworth et Peterbilt pour leurs camions électriques K270E et P220E. Au Québec, elle collabore avec l’entreprise québécoise Lion pour leurs autobus électriques.
Au début de 2020, la coentreprise a lancé la production du moteur eS9000r e-Axle pour les flottes commerciales de camion de classe 4 et 5.
«Grâce à notre vaste activité mondiale, nous sommes fiers de présenter l’un de nos plus grands jalons d’électrification représentant plus d’un milliard de kilomètres parcourus par les clients dans plus de 16 000 véhicules à travers le monde. Ce qui est encore plus important, c’est que ces véhicules avec un moteur Dana TM4 enregistrent une économie de plus de 225 000 tonnes de CO2, améliorant considérablement les efforts de décarbonation à l’échelle mondiale», conclut Ryan Laskey.
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