
Hydro-Québec demande à la Régie de l’énergie d’élargir les règles d’admissibilité à l’option d’électricité additionnelle pour l’éclairage de photosynthèse. Le seuil de puissance serait réduit de 300 kilowatts (kW) à 50 kW, la consommation liée au chauffage des espaces servant à la culture de végétaux s’ajouterait à celle de l’éclairage de photosynthèse, et les clients au tarif LG deviendraient admissibles. La décision de la Régie est attendue au cours des prochains mois.
La demande de la société d’État prévoit un tarif de 5,59 ¢ le kilowattheure (kWh). Pour une serre d’une superficie de 2000 mètres carrés et une installation de 200 kW, les mesures proposées pourraient représenter des économies de l’ordre de 40 %, soit 30 000 $ par année.
«Notre demande à la Régie de l’énergie permettrait à plus de 1000 producteurs en serre du Québec d’avoir accès à une énergie propre et abordable pour stimuler leur croissance, une contribution importante à l’objectif visant à doubler leur production au cours des prochaines années», indique la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu.
Elle ajoute que «s’il y a une autre chose qu’on a comprise au sortir de cette crise de santé publique [COVID-19], qui devient une crise économique, c’est qu’il fallait tout faire pour rebondir rapidement puis pour donner un coup de pouce à des acteurs importants de l’économie. Nos serristes en sont certainement. Nous allons tout faire pour tenter de résoudre deux crises pour le prix d’une, c’est-à-dire de poser des gestes financiers qui s’inscrivent dans une transition énergétique logique. C’était le souhait d’un gouvernement, c’était le souhait d’une société et, franchement, c’était le souhait des hommes et des femmes d’Hydro-Québec».
«C’est une vision de répondre au besoin des Québécois, au désir des Québécois d’accroitre l’achat local, mais c’est aussi une vision de contribuer à l’effort collectif de toute l’industrie bioalimentaire pour assumer davantage d’autonomie alimentaire», indique le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne.
Il s’agit d’un élargissement considérable des mesures offertes depuis 2013 aux producteurs en serre dans le cadre de l’option d’électricité additionnelle pour l’éclairage de photosynthèse, document qu’on peut consulter en cliquant ici.
Tout heureux, le président de l’Association des producteurs en serre du Québec, André Mousseau, souligne que le premier ministre a tenu parole. «En campagne électorale il nous avait dit: “Je veux m’assurer que l’électricité va devenir le fer de lance pour la production en serre au Québec et on va doubler la superficie”. Et cette première annonce-là nous permet justement d’entrevoir que le rêve va se réaliser.»
Une avenue pour répondre à la demande
Il y a fort à parier que les dix autres redistributeurs d’électricité du Québec emboiteront le pas. Et s’il y avait engouement et que de très nombreux agriculteurs québécois venaient à grossir les rangs des producteurs en serre, aurions-nous suffisamment d’électricité pour répondre à toutes les demandes? Il serait intéressant qu’Hydro-Québec ressorte des cartons le projet d’hydroliennes laissé en plan par la faillite de RER hydro. Projet dans lequel le gouvernement de Pauline Marois avait investi des dizaines de millions de dollars en 2013-2014 (voir un article publié sur les hydroliennes par Électricité Plus).
En installant ces appareillages à la sortie d’eau de ses quelque 62 centrales, Hydro-Québec pourrait augmenter de façon extraordinaire sa production d’électricité, à faible cout comparativement à la construction de nouveaux barrages. Les économies en investissements seraient colossales puisque les routes sont existantes et que les tracés de lignes de transport existent aussi; il suffirait de les élargir pour ajouter une ligne. Fabriquées en usine, les hydroliennes s’installent en quelques jours seulement et nécessitent très peu d’entretien. Sans compter qu’Hydro-Québec pourrait aussi installer des éoliennes sur la plupart de ses barrages actuels alors que le vent n’a pas d’obstacles, compte tenu des étendues d’eau des réservoirs en amont de ces barrages. Il y aurait peut-être même de la place pour l’installation de panneaux solaires…
Ce tarif avantageux sera offert en échange d’une modulation de la production et d’une gestion de la consommation pendant un nombre limité d’heures lors des pointes hivernales. Ce point pourrait venir à changer avec toutes les recherches qui ont cours présentement en matière de stockage d’électricité. Sans compter que les serristes pourraient s’équiper pour stocker de l’électricité.
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