Mobilité électrique Canada a confié le volant de son association à «Monsieur électromobilité», Daniel Breton, qui milite en faveur de tout ce qui est vert depuis 30 ans. Cofondateur du Parti vert du Québec en 2001, il est devenu PDG de l’association quelques jours avant le confinement imposé par la COVID-19, en mars dernier. Ce nouvel emploi l’a obligé à quitter le conseil d’administration de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ) et à couper les liens avec le Salon du véhicule électrique de Saint-Hyacinthe dont il était le porte-étendard au cours des dernières années.
Grand promoteur de l’électromobilité, Daniel Breton estime que ce volet du plan vert lancé par le gouvernement du Québec il y a quelques semaines est encourageant et, surtout, réaliste. Constatant que l’objectif du parti libéral de 2015, qui était d’avoir 100 000 véhicules électriques sur les routes du Québec à la fin de 2020, sera très prochainement atteint, il est convaincu que l’idée d’interdire la vente de véhicules neufs à essence à partir de 2035 est tout à fait logique. Il rappelle qu’en 2015, seuls les ardents défenseurs du véhicule électrique croyaient en la possibilité d’atteindre cet objectif. Les sceptiques ont été confondus-dus-dus-dus, comme dirait le Capitaine Bonhomme.
Questionné sur les chances de réussite d’une entreprise comme Lion Électrique d’imposer ses camions lourds 100 % électriques au Québec, Daniel Breton rappelle que 80 % des camions lourds effectuent des trajets de moins de 400 km, ce qui correspond à l’autonomie des camions remorques (classe 8) du constructeur jérômien en fonction de la technologie actuelle des batteries. Or, l’évolution exponentielle des batteries de véhicules électriques au cours des cinq dernières années laisse présager qu’avant longtemps les batteries de camions auront une puissance et une autonomie de beaucoup supérieures.
Quant aux camions lourds effectuant de longs trajets, Daniel Breton est d’avis que c’est l’hydrogène qui remplacera les énergies fossiles. À ce chapitre, le Québec est en excellente position, surtout depuis qu’Hydro-Québec a démontré son intérêt direct en devenant le fournisseur de ce carburant vert à la future usine Recyclage Carbone Varennes. L’hydrogène liquide est le carburant le plus utilisé au décollage de fusées spatiales.
Au moment où cet article est mis en ligne, Daniel Breton participe au groupe de consultation prébudgétaire de l’équipe de la ministre des Finances Chrystia Freeland, à Ottawa. Il y déposera son bouquet de 10 recommandations pour accélérer l’implantation de l’électromobilité à la grandeur du Canada. Voici sa liste d’épicerie.
Nous recommandons que le gouvernement du Canada:
- Soutienne l’industrie manufacturière et les concessionnaires de véhicules zéro émission (VZÉ) du Canada en incitant les consommateurs et les gestionnaires de flottes à acheter des véhicules électriques dans toutes les catégories de véhicules.
- Incite tous les Canadiens à acheter un véhicule zéro émission avec un incitatif pour les VZÉ d’occasion.
- S’engage à respecter les cibles VZÉ du Canada avec des mesures règlementaires.
- Fixe et finance des objectifs plus élevés sur un et cinq ans pour le déploiement de stations de recharge pour les VZÉ.
- Accroisse considérablement l’électrification des flottes du gouvernement et des sociétés d’État.
- Appuie l’électrification des flottes du gouvernement et des sociétés d’État en fournissant des infrastructures de recharge.
- Précommande ou achète en lots des véhicules de transport en commun électriques et des autobus scolaires électriques.
- Élargisse le financement des programmes de formation pour VZÉ.
- Supporte la mission de MÉC.
- Fournisse une garantie de prêt fédérale de quatre ans pour les VZÉ.
Quant à ses objectifs pour Mobilité Électrique Canada (MCÉ) pour les cinq prochaines années, il s’agit de s’assurer que MCÉ devienne l’acteur de référence au Canada en matière d’électromobilité et que le gouvernement finisse par établir une stratégie industrielle en transport électrique. Daniel Breton rappelle d’ailleurs que le manque de stratégie en matière de production de véhicule fait en sorte que le pays est passé du 4e au 12e rang mondial des fabricants d’automobiles en quelques années. Rien de moins. «Surtout, dit-il, qu’il est évident que la fabrication en plus grande quantité de véhicules électriques en fera baisser le cout et que vers 2024/2025, le cout des véhicules électriques sera semblable à celui des véhicules à essence, sans compter les incitatifs gouvernementaux.»
Auteur et militant
Daniel Breton n’a généralement pas assez de 24 heures par jour pour réaliser toutes ses idées. Ça ne l’empêche pas d’écrire présentement le Guide pratique du véhicule électrique, en collaboration avec le physicien et vulgarisateur Pierre Langlois, Ph.D., avec qui il a déjà co-écrit L’auto électrique…et plus! Le guide pratique devrait paraitre en mars prochain, célébrant ainsi sa première année à la tête de MCÉ.
Un électron libre, Daniel Breton? Oui et non. Oui, il a milité avec plusieurs partis politiques. En plus d’avoir cofondé le Parti vert, il a été candidat pour ce parti aux élections de 2003, puis candidat NPD aux élections générales du Québec en 2008. Trois ans plus tard, il appuie le candidat NPD vainqueur Tyrone Benskin, puis se présente comme candidat péquiste aux élections générales de 2012. Élu, il devient ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, croyant que le Parti québécois est le meilleur véhicule pour l’environnement au Québec. Non, parce que l’idée qu’il a en tête en permanence est la protection de l’environnement. Conscient que le transport est le principal émetteur de gaz à effet de serre et que c’est ce qui est en train de rendre notre planète semblable à la planète mars, il est devenu «Monsieur électromobilité» au Québec, acceptant toutes les tribunes qui lui permettent de faire la promotion de son modus vivendi.
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