Soudainement, les chantres des surplus inutiles d’électricité se taisent. Hydro-Québec et le gouvernement du Québec annoncent la mise en branle du chantier du parc éolien Apuiat et mentionnent qu’on doit produire davantage et bien exploiter cette richesse québécoise quasi illimité qu’est l’hydroélectricité. Ah, oui? Oui.
Les raisons?
Il y a déjà plus de deux décennies qu’Hydro-Québec (et les autres producteurs et distributeurs québécois d’électricité) déployent de grands efforts pour réduire la consommation d’électricité chez les consommateurs résidentiels, commerciaux, industriels, de voirie, et municipaux (éclairage de rues, d’arénas, d’édifices municipaux, les feux de circulation, etc.). Les programmes d’efficacité énergétique et le développement de technologies moins énergivores tel que les ampoules compact fluo, les DEL, les transformateurs écolos etc. ont atteint la quasi-totalité des cibles possibles. On pourrait assez difficilement étirer l’élastique davantage.
Les préoccupations envers les changements climatiques amènent les différentes autorités à réduire la production de gaz à effet de serre, donc à réduire la consommation d’énergies fossiles. Bien sûr, il y a l’électromobilité qui est prônée, ce qui implique de plus grand besoins d’électricité. Nos voisins, en particulier au sud de la frontière, veulent aussi emboiter le pas et demandent de plus en plus de notre hydroélectricité. Puis, il y a le nouveau programme québécois pour développer la culture en serre.
Tous doivent faire des efforts pour neutraliser l’effet dévastateur contre l’environnement que représentent les véhicules à moteur thermique hautement énergivores; au Québec, pendant que l’électromobilité a gagné moins de 25 000 nouveaux adeptes en 2020, les camionnettes énergivores en ont gagné 140 000! Il reste un peu de sensibilisation à faire, mais soyons optimistes, ça viendra…
Ce sont les véhicules lourds qui commencent à peser dans la balance des véhicules électriques: autobus scolaires, autobus de transport en commun, depuis plus de 50 ans le métro de Montréal, bientôt le REM, puis les camions de livraison en pleine expansion. Les besoins en électricité augmentent plutôt que diminuer.
La filière hydrogène
Les plus âgés se rappelleront que le premier ministre René Lévesque parlait de production d’hydrogène vert il y a plus de 40 ans. Et voilà que cette idée semble vouloir décoller. Les camions lourds long trajet, les avions, l’industrie du taxi, les trains, les bateaux, les groupes électrogènes d’électricité de secours pourraient assez prochainement troquer la pollution pour le respect de l’environnement. Hydro-Québec compte sur une équipe de prévisionnistes qui a démontré son efficacité au fil des sept dernières décennies (le complexe Manicouagan-Outardes a été mis en branle à la fin des années 50). Ses calculs pour les besoins grandissants d’électricité sont loin d’être anodins.
L’inauguration récente de l’usine de production d’hydrogène vert d’Air Liquide, à Bécancour, puis l’annonce par Hydro-Québec de la construction prochaine d’une usine quatre fois plus grande à Varennes, pour alimenter la future usine de biocarburants d’Enerkem, indiquent que le coup d’envoi majeur est sur le point d’être enclenché. Ce projet d’Hydro-Québec pourrait bien être un projet-laboratoire. La Presse, a publié le 27 janvier un article très révélateur sur la redécouverte de l’hydrogène dans un texte auquel on peut accéder en cliquant ici.
En Europe, la guerre aux changements climatiques se dirige aussi vers la réduction de la consommation d’énergies fossiles. L’Allemagne prévoit investir 9 milliards d’euros (près de 14 milliards de dollars canadiens) et la France 7 milliards d’euros (près de 11 milliards de dollars canadiens) au cours des dix prochaines années pour développer la filière hydrogène vert. En Australie, pays le tiers moins populeux que le Canada, a voté un budget de 70 millions AUD pour le développement de cette ressource énergétique. En Californie, Air Liquide construit une usine quatre fois plus importante que celle de Bécancour.
L’énergie verte permet la production d’électricité à bien meilleur cout dans certains recoins de notre planète, incitant les autorités à envisager aussi l’hydrogène vert. Le marché des énergies fossiles n’est pas encore à l’agonie mais la diminution importante de son usage et le retrait des grands financiers des projets pétroliers est une alerte rouge.
L’hydrogène vert est en voie de connaitre un développement sans précédent partout sur la planète. Ça devient une tendance lourde et le Québec est très avantageusement placé pour emboiter le pas, Hydro-Québec en tête de la parade.
Énergies vertes
Si l’hydrogène vert suscite tant de convoitise partout dans le monde, c’est que le cout de production d’électricité diminue grandement avec le développement de l’éolien, du solaire, et des autres méthodes aussi en développement, tel que la marée motrice et l’hydrolienne. L’électricité est la composante principale pour la production d’hydrogène vert.
Les projets-pilotes d’énergie solaire d’Hydro-Québec à Lac Mégantic et à La Prairie ne sont que la pointe de l’iceberg; tant de lieux isolés au Québec gagneraient à remplacer les énergies fossiles pour accéder à l’électricité. Hydro-Québec collige une multitude d’informations avec ces deux projets. La pollution par le bruit aussi diminuera avec le développement de ces méthodes de production d’électricité, car les groupes électrogènes utilisés présentement sont loin d’être silencieux… Comme toute autre chose, le prix de développement des usines à hydrogène vert devrait baisser, permettant ainsi une production locale dans des lieux isolés comme les mines du Grand Nord.
Quant à l’hydrolienne, le projet avorté à la fin de 2014 de RER Hydro incite Hydro-Québec à prendre la relève, elle qui pourrait en installer des centaines au pied de ses 59 centrales hydroélectriques à travers la province. Les petits producteurs d’électricité tant privés que communautaires pourraient également bénéficier de cette technologie facile à installer, économique et demandant peu d’entretien. La plupart des centrales actuelles d’Hydro-Québec ont couté cher à construire à cause des routes, des campements et des lignes de transport qui n’existaient pas. Puisque ces infrastructures sont en place et que les hydroliennes sont construites en usine, les couts de construction et d’installation ne sont qu’à une fraction du prix que couteraient de nouveaux barrages sur cours d’eau. Il ne resterait qu’à ajouter de la capacité de transport sur les lignes de transmission actuelles.
Bref, les énergies vertes et l’hydrogène vert pourraient permettre un développement gigantesque de l’économie québécoise, à salaires élevés, comme le gouvernement les aime. C’est maintenant une question de volonté d’agir.
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