
C’est en ces termes que la PDG de Propulsion Québec, Sarah Houde, s’est exprimée au cours d’une entrevue téléphonique, deux jours après le premier budget fédéral depuis 2019.
Le Père Noël n’aurait pas fait mieux que la ministre Chrystia Freeland pour l’électromobilité; son budget 2021-2022 est au-delà de l’imagination. Propulser l’innovation industrielle via les technologies à zéro émission atteint la cible en plein centre pour les membres de Propulsion Québec. Déjà en décembre dernier le gouvernement annonçait un investissement de trois milliards de dollars sur cinq ans à travers le nouveau fonds Accélérateur net zéro du Fonds stratégique pour l’innovation (FSI); il y ajoute « un petit » cinq milliards. Il va sans dire que c’est une manne importante pour l’électromobilité québécoise.
Plusieurs mesures sont à long terme, pour ne pas dire « à très long terme ». La réduction d’imposition de 50% pour les entreprises industrielles à technologies zéro émission va jusqu’à 2028, avec une diminution progressive de cette réduction d’imposition allant jusqu’à 2032. WOW! pendant 11 ans! Cette possibilité que les entreprises concernées puissent conserver une part aussi importante de leurs profits permettra à plusieurs d’investir davantage et de développer leurs produits et services. Les sommes économisées par les entreprises sont en surplus des autres éléments financiers annoncés dans le cadre de l’Accélérateur net zéro.
Autre point important du budget : les subventions du programme d’embauche pour la relance économique verte du Canada, allant de 50% pendant une période de trois mois, pourcentage réduit progressivement, passant à 40% pendant un mois, 30% pendant un autre mois, jusqu’à 20% au cours du sixième mois du programme. Cette subvention pour les nouveaux emplois est applicable sur les salaires allant jusqu’à 1 129$ par semaine (58 708$ annualisé). Puisqu’il faut habituellement plusieurs mois d’investissements pour entrainer un.e nouvel.le employé.e, pareille subvention permet aux employeurs, particulièrement les manufacturiers, que leurs nouveaux et nouvelles employé.e.s génèrent très rapidement des profits. Ce que le gouvernement paiera pour ce programme s’autofinancera, car les impôts payés par les employé.e.s couvert.e.s par cette subvention seront beaucoup plus importants à la longue que les sommes allouées aux patrons; simple calcul.
D’autre part, les entreprises privées sous contrôle canadien pourront passer en charges immédiatement certaines immobilisations d’ici le 1er janvier 2024, jusqu’à 1,5 million de dollars par année.
Madame Houde entend bien impliquer Propulsion Québec dans plusieurs consultations annoncées lors du budget. Par exemple, le comité prévu pour renforcer la règlementation concernant les émissions de gaz à effet de serre pour les véhicules électriques légers et lourds, ainsi que le futur centre d’excellence sur les minéraux de batteries critiques géré par Ressources naturelles Canada (RNCan) pour une collaboration interprovinciale et même intercontinentale liée à l’extraction, l’exploitation, le traitement et le raffinage des minéraux critiques et stratégiques. Au fait, Propulsion Québec participe déjà à plusieurs comités fédéraux touchant directement l’électromobilité, comme le comité sur la carboneutralité, le comité d’étude sur les minerais stratégiques, et quelques autres encore. La participation à ces comités se fait parfois sur invitation, mais dans d’autres cas Propulsion Québec frappe à la porte des organisateurs de ces comités afin de « recevoir une invitation »; une proactivité qui sert bien l’ensemble des membres de ce regroupement.
À la question de savoir si le Buy American Act des États-Unis touche les entreprises québécoises en transport électrique et intelligent (TEI), Madame Houde mentionne : « certainement que ça nous touche. Les véhicules achetés par les différents paliers de gouvernement américains doivent avoir 70% de contenu étatsunien. Les camions lourds et les autobus électriques de ville fabriqués au Québec ne peuvent être vendus à ces instances. Cependant, les commissions scolaires ne sont pas touchées par cette règlementation, c’est pourquoi Lion Électrique a pu en exporter. Pour leurs camions, il leur est indispensable d’avoir une usine chez nos voisins du sud. Cette loi apporte certaines difficultés : un des éléments importants du cout des véhicules lourds est sans conteste les batteries. Lorsque nos manufacturiers québécois incorporent des batteries qui leur sont spécifiques, il est plutôt difficile de se les procurer aux États-Unis présentement ».
Quant aux autres dispositions en faveur des technologies à zéro émission, le développement d’installations de stockage d’électricité et la production d’énergies vertes (électricité, hydrogène vert, etc.), Propulsion Québec est touché indirectement, donc ne prévoit pas participer à ces comités. La liste de comités auxquels l’organisme participe et participera est suffisamment longue, « nous devons nous concentrer sur ceux qui ont une incidence directe sur les TEI » de dire Madame Houde. D’ailleurs, le regroupement n’entend pas inciter ses membres à produire leur propre énergie verte, de quelque manière que ce soit.
Pour conclure l’entrevue, Madame Houde mentionne que « ce budget permettra à l’industrie québécoise du transport électrique de faire éclore son immense potentiel. Les mesures annoncées permettront la naissance de plusieurs autres entreprises, de faire grandir celles existant, donc de développer davantage l’écosystème des fournisseurs québécois de composants pour véhicules électriques. Le tout permettra vraiment une forte croissance de l’économie canadienne, et québécoise en particulier, dans un secteur de pointe à emplois de grande qualité ».
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