Deux employés d’entrepreneurs en électricité sont morts d’accidents du travail; la CNESST a publié ses rapports d’enquête récemment. Jean Hamelin, de Trois-Rivières, électricien à l’emploi de Val-Mauricie électrique ayant des places d’affaire à La Tuque, Shawinigan-Sud et Trois-Rivières, est décédé le 9 juin 2022, trois jours après une chute au travail. Quant à Edhen Papineau, apprenti, de Farnham, à l’emploi de Seney électrique inc. de Farnham, il a été électrocuté le 30 septembre 2022 alors qu’il travaillait pendant que l’installation électrique était sous tension.
Décès de M. Jean Hamelin
Le jour de l’accident, monsieur Jean Hamelin, 64 ans, s’affairait à remplacer les tubes fluorescents sous les poutrelles de toit d’un bâtiment. Pour ce faire, il a dressé son échelle à plus de 5 m du sol afin que les montants de cette dernière prennent appui sur les poutrelles de toit. Alors qu’il était dans l’échelle, le pied de celle-ci a glissé vers l’arrière, libérant ainsi les montants. C’est alors que l’échelle est tombée vers l’avant et a entraîné l’électricien vers le sol. Les secours ont été appelés sur les lieux. Le travailleur a été transporté à un centre hospitalier, où il est décédé quelques jours plus tard des suites de ses blessures.
Le nom du lieu où l’accident s’est produit est inconnu. De plus, l’avis de décès de monsieur Hamelin indique qu’il est décédé subitement plutôt qu’accidentellement.
L’accident était évitable
Pour prévenir les accidents lors de travaux en hauteur, des solutions existent, notamment :
- Privilégier l’utilisation d’un échafaudage ou d’une plateforme élévatrice.
Lorsque le travail ne peut être effectué à l’aide d’une plateforme ou d’un échafaudage en raison de la configuration de l’espace de travail ou de l’emplacement, l’utilisation de l’échelle comme poste de travail est possible. Toutefois, il faut :
- l’installer sur une base stable;
- s’assurer que le pied de l’échelle ne peut pas glisser;
- s’assurer que la méthode de travail utilisée permet au travailleur ou à la travailleuse de maintenir son corps entre les montants de l’échelle;
- prévoir l’utilisation d’une protection contre les chutes, comme un harnais de sécurité, si le travailleur est exposé à une chute de plus de 3 m du sol.
D’autre part, une recommandation de la CNESST veut que le haut de l’échelle soit à au moins 900 mm (35 po) au-dessus du point d’appui, soit la distance d’environ deux barreaux au-dessus de son point d’appui. Lorsque l’échelle est utilisée comme moyen d’accès, elle doit être appuyée sur une base solide et être fixée solidement. Cette information se trouve en page 8 du document Prévention des chutes, La sécurité avec les échelles portatives et les escabeaux. Mentionnons aussi qu’il existe une norme publiée par la CSA, la Z11-18, Échelles portatives.
Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité ainsi que l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.
De toute évidence, l’échelle n’était pas appuyée sur une base solide. Il existe pourtant des crochets qu’on peut installer dans le haut de l’échelle afin d’ancrer l’échelle à des poutrelles de toit ou autres installations fixes solides. Quant au pied de l’échelle, il est quand même logique d’imaginer une solution adéquate, qu’il s’agisse de blocs de béton, d’objets d’appui pesants et solides, des bases d’appui rapportées fixes, etc. La compagnie française ABA, entre autres, offre de tels équipements.
Électricité Plus a publié un article suite à une étude de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail (IRSST) sur les chutes en bas d’échelles et d’escabeaux, en novembre 2020.
Suivi de l’enquête
La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ), à l’Association des constructeurs-propriétaires en électricité et des électriciens d’entretien du Québec (AcpééeQ), aux associations sectorielles paritaires et aux gestionnaires de mutuelles de prévention afin que leurs membres en soient informés.
Dans l’objectif de sensibiliser les futurs travailleurs, le rapport d’enquête sera acheminé au ministère de l’Éducation, qui en assurera la diffusion dans les établissements de formation offrant le programme d’études en Électricité.
Électrocution de l’apprenti Edhen Papineau
Au moment de l’accident, Edhen Papineau et son collègue procédaient à des travaux de nature électrique dans un bâtiment situé au bas du télésiège no 5, à Ski Sutton inc. Une prise électrique de 600 volts devait être installée pour alimenter un canon à neige. Pendant qu’Edhen commençait l’installation de l’interrupteur de sécurité de 600 volts à l’intérieur du bâtiment, son collègue était à l’extérieur pour s’occuper des travaux d’installation de la prise électrique.
Lorsque ce dernier est revenu à l’intérieur, l’apprenti se trouvait alors à genoux devant les installations électriques et y effectuait des travaux. C’est à ce moment qu’il est entré en contact avec des pièces sous tension dans l’auget (composante du système électrique). Le travailleur a reçu une décharge électrique de 347 volts et est tombé au sol. Il a été transporté à un centre hospitalier, où son décès a été constaté.
Edhen Papineau était âgé de 22 ans. Un autre accident qui aurait pu être évité si les règles de sécurité avaient été respectées. Pour éliminer le danger d’accident lors de travaux d’électricité, il faut notamment s’assurer :
- que toutes les pièces accessibles sont mises hors tension;
- qu’une méthode de contrôle des énergies est appliquée.
Tel que mentionné ci-avant, par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité ainsi que l’intégrité physique de ses travailleurs et travailleuses. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.
Les travailleurs et travailleuses doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Suivi de l’enquête
La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à la Corporation des maîtres électriciens (CMEQ), à l’Association des constructeurs propriétaires en électricité et des électriciens d’entretien du Québec (AcpééeQ) et à l’Association des stations de ski du Québec. Elle rappellera la nécessité de travailler hors tension et de s’assurer que les travaux de nature électrique sont effectués selon une méthode de contrôle des énergies, notamment lors de branchement d’appareillage électrique.
De plus, dans l’objectif de sensibiliser les futurs travailleurs, le rapport d’enquête sera acheminé au ministère de l’Éducation et au ministère de l’Enseignement supérieur, qui en assureront la diffusion dans les établissements offrant les programmes de formation en électricité.
Même constat au Nouveau-Brunswick
Ici aussi, c’est un manquement aux règles élémentaires de sécurité qui a couté la vie à un homme de 58 ans, Sylvio St-Pierre, le 12 avril 2019 : il travaillait sur le toit en pente d’une école de Bathurst sans être attaché de quelque manière que ce soit. Fait particulier, selon son épouse M. St-Pierre craignait de faire ce travail en hauteur. Il venait de réparer une courroie du système de ventilation lorsqu’il a perdu pied.
Les meilleures pratiques de travail prévalent n’importe où. Lorsque les travailleurs sont exposés à un danger de chute de plus de 3 m, l’employeur doit installer des garde-corps pour empêcher la chute ou utiliser un autre moyen assurant une sécurité équivalente, dont un harnais de sécurité relié à un point d’ancrage
Des cas du genre des trois décrits ici sont à la base de la mise en place de formations sur la sécurité par l’Institut Électricité Plus. Une très grande proportion des accidents du travail résultent d’un manquement à la sécurité élémentaire. Au Québec, la CNESST accomplit une tâche colossale pour sensibiliser travailleurs et travailleuses à la sécurité. Les motivations sont humaines, les moyens sans équivoque.
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