Pour une sixième année, l’Université de Sherbrooke (UdeS) est l’établissement d’enseignement canadien le plus performant en matière de développement durable. Sa note de 77,5 % au Classement mondial UI GreenMetric lui permet, en outre, d’arriver au 22e rang mondial parmi le palmarès de 719 universités établies dans 81 pays.
« Nous sommes très heureux de cette performance, mais pas surpris, confie d’emblée la Pre Denyse Rémillard, vice-rectrice à l’administration et au développement durable. Cela fait tellement longtemps que l’université a intégré les bonnes pratiques. Cette reconnaissance est simplement le reflet de notre engagement depuis 40 ans dans le développement durable. » Le premier jalon qui a marqué ce virage : l’ouverture de la maîtrise en environnement en 1974. Aujourd’hui, l’Université compte 3 000 diplômés en environnement.
Les premiers projets d’économie de l’énergie ont éclos en 2003 avec l’embauche d’un directeur de l’ingénierie, Claude Handfield, ingénieur en mécanique du bâtiment. « Un nouveau bâtiment test au pavillon des sciences de la vie a permis l’installation d’un système de géothermie direct autonome jusqu’à -14 degrés Celsius et d’une thermopompe intégrée qui récupère la chaleur évacuée par les hottes de laboratoires pour chauffer l’air frais des systèmes de ventilation. La géothermie passive vise à utiliser la pointe hivernale pour préchauffer l’air frais et la pointe l’été pour alimenter le système de climatisation. »
Construit en 2005, ce pavillon affiche une consommation énergétique de plus de 25 % inférieure aux normes du Code national de l’énergie pour les bâtiments. D’autres systèmes de récupération d’énergie, comme les roues thermiques et caloducs, contribuent à la réduction de la consommation d’énergie sur les campus de l’UdeS. Les variateurs de vitesse permettent d’éliminer le recours aux gaz et de chauffer de façon plus optimale, poursuit M. Handfield.
Critères examinés
Au classement mondial des universités GreenMetric, le critère «gestion de l’énergie et des changements climatiques» est le plus important et compte pour 21 % de la note globale. À cet égard, l’UdeS a obtenu la note parfaite pour cinq des huit éléments analysés. Seulement sur le plan de la gestion de l’énergie et des changements climatiques, la performance de l’UdeS grimpe au 12e rang du classement mondial.
Parmi les aspects énergétiques pris en considération, citons l’utilisation d’appareils à efficacité énergétique, l’implantation de bâtiment intelligent, les sources d’énergies renouvelables sur le campus, l’utilisation de l’énergie en comparaison avec la population sur le campus, soit le kWh par personne, de même que le ratio entre la production d’énergie renouvelable et la consommation d’énergie.
Mentionnons que le nouveau parc solaire installé à l’Université de Sherbrooke n’a pas influencé la note au Classement GreenMetric 2018 puisqu’il vient d’être raccordé au réseau électrique. Il produira de l’électricité à partir du printemps. (Vous pouvez relire le reportage d’Électricité Plus au sujet du plus grand parc solaire dédié à la recherche appliquée au Canada)
Intégrer les données énergétiques
Pour améliorer sa performance énergétique, l’université a systématisé l’intégration des données énergétiques afin d’aider à la prise de décision dans les projets de construction et de rénovation. « Ceci nous aide à atteindre nos objectifs, explique Claude Handfield, car il y a une période de recouvrement de nos investissements. L’intégration des données énergétiques diminue les couts d’opération et les investissements en capital, en plus de récupérer la capacité sur mes réseaux. »
M. Handfield réitère par ailleurs l’importance des programmes de subvention qui appuient l’expertise que développe l’UdeS en matière d’efficacité énergétique. Par exemple, le pavillon des sciences de la vie a bénéficié d’un demi-million de dollars pour optimiser sa performance énergétique.
Amélioration de la performance
Grâce à ses mesures d’efficacité énergétique, l’université a diminué de 40,6 % l’intensité énergétique (GJ/m²) de ses trois campus en 2017-2018, alors que son nombre d’étudiants a augmenté de 63,7 % et que sa superficie, qui compte 76 bâtiments sur plus de 386 000 m², s’est accrue de 117,6 %. L’objectif ultime : réduire l’intensité énergétique de 1,00 GJ/m² d’ici 2020 et atteindre la neutralité en carbone en 2030.
Le centre sportif du Campus de la santé, rénové en 2009 avec quatre puits de géothermie, ainsi que l’École de musique, munie de 15 puits de géothermie depuis 2017-2018, sont entièrement carboneutre.
Les mesures d’économies d’énergie génèrent 3,5 M$ d’économies par année.
L’Université de Sherbrooke intègre des sources d’énergie renouvelable ou mesures d’efficacité énergétique dans tout projet dépassant 2 M$, y consacrant 10 % des budgets prévus. Son programme d’efficacité énergétique profite d’une enveloppe de 2 M$ par année. Dans les prochaines années, 15 000 m² de bâtiments seront construits selon les principes de carboneutralité.
Sur la photo d’introduction, on aperçoit Michel Bérubé, mécanicien de machineries fixes et l’un des opérateurs de la centrale thermique. Il se trouve devant deux refroidisseurs utilisés l’été et dans les entre-saisons pour produire l’eau refroidie du campus principal. Le réseau d’eau refroidie permet de faire de la récupération d’énergie à travers le campus, ce qui est à la base de la stratégie d’efficacité énergétique de l’université, explique Claude Handfield.