Fils d’un entrepreneur-électricien, Marc-Antoine Fortin a fait honneur à son père, à ses entraîneurs ainsi qu’à l’industrie de l’électricité au Québec en remportant la médaille d’argent aux 24es Olympiades canadiennes des métiers et technologies, médaille reçue le 6 juin, à Edmonton. Lui et Olivier Soumis, médaillé d’or au palier québécois de cette compétition – les Olympiades québécoises des métiers et des technologies –, représentaient le Québec dans la catégorie Installations électriques lors des compétitions des 4 et 5 juin.
« Je me sentais très à l’aise dans cette compétition, je m’étais bien pratiqué durant plus de 120 heures, en dehors des heures d’école », explique Marc-Antoine Fortin. Depuis le mois de février, il s’est entraîné tous les jours à partir de 8 h avant que l’école commence à 10 h 15, précise l’élève de l’École professionnelle des métiers à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Pour l’entraînement, il pouvait se fier au plan d’aménagement envoyé à l’avance aux concurrents qui désigne vaguement les emplacements des dispositifs. « Il fallait interpréter le plan de plusieurs façons, j’ai testé trois-quatre scénarios pour me pratiquer », poursuit-il.
Marc-Antoine cultivait depuis longtemps le rêve de participer à cette compétition d’envergure nationale en électricité, lui qui suivait son père sur les chantiers de construction depuis qu’il était tout jeune. À 18 ans, il sait déjà qu’il veut prendre la relève de l’entreprise familiale en électricité, établie à Saint-Jean-sur-Richelieu. « Mon père est très fier de moi », glisse-t-il.
Ses entraîneurs aussi, pas de doute. Interrogé sur la plus belle leçon offerte par ceux-ci, il répond : « dans une précédente entrevue, je les ai entendu parler de ma détermination et de ma motivation. Ça m’a touché, je ne voulais pas les décevoir ».
La compétition
L’épreuve de niveau secondaire à laquelle participait Marc-Antoine impliquait l’installation d’un câblage électrique en construction résidentielle munie d’une plinthe électrique. Le montage devait inclure des tuyaux en PVC et des tuyaux électriques métalliques (T.E.M.) ainsi qu’une photocellule qui détecte la clarté, explique-t-il. Une petite erreur d’installation dans sa boucle ininterrompue, requise par le nouveau Code de l’électricité, lui a couté la médaille d’or, qui est allée à l’Ontarien Quin Dafoe.
« J’aurais pu le faire, j’ai eu à tirer sur mes fils, ce qui a fait en sorte que le montage était moins beau. Le côté esthétique n’est pas évalué, mais j’avais un fil de trop dans un des boitiers. J’aurais aimé gagner l’or, c’est sûr, mais je suis content d’avoir eu l’argent. J’ai vécu une super belle expérience. »
Pour sa part, Olivier Soumis, élève au CFP Pierre-Dupuy, rivalisait au niveau postsecondaire où il a dû réaliser une installation résidentielle et industrielle avec des tuyaux T.E.M., de PVC et BX, programmer des automates et un circuit de contrôle de moteur. « Il fallait se fier au Code canadien de l’électricité de 2015 auquel ils sont habitués en Alberta, alors que nous, le Code québécois date de 2010. J’ai un professeur qui se tient au courant, et il m’a informé des changements. »
L’aspect automates programmables constituait également une nouveauté pour celui qui vient tout juste de s’initier à cette pratique.
Pour participer à la compétition, le gagnant de la médaille d’or au Québec dit avoir mis 200 heures à l’entraînement, surtout le soir, après l’école, et lors des journées pédagogiques. « J’ai été un peu déçu de ne pas faire le podium, mais je suis très content de l’expérience. Pour moi, j’ai fait mon plus beau montage à ce jour, et j’ai terminé dans les temps. » Il ne sait pas ce qui lui a fait perdre des points, ce qui n’est pas divulgué aux compétiteurs.
Certains éléments lui ont donné du fil à retordre, à lui et aux juges, comme le bouton poussoir dans lequel il fallait passer des fils et la minuterie qui n’entrait pas dans une boite. « J’ai terminé le premier, alors je rencontrais toujours les problèmes avant les autres, ce qui a fait en sorte que les autres ont pu recevoir de l’aide à partir des solutions qu’on avait trouvé pour moi », résume-t-il.
De la théorie au chantier
Détenteur de la carte d’apprenti-électricien niveau 1, Marc-Antoine Fortin a bénéficié dès l’âge de 16 ans de l’exemption Enfant d’employeur, qui permet à un jeune d’obtenir sa carte de compétence plus tôt afin d’assurer la relève d’une entreprise. Elle requiert cependant d’effectuer 150 heures de travail aux trois mois. « Je dois renouveler ma carte chaque été après l’école », indique-t-il.
Cette expérience du marché du travail a permis à Marc-Antoine de devancer ses camarades de classe de deuxième année pour accéder aux Olympiades des métiers. Il obtiendra son diplôme d’études professionnelles (DEP) au plus tard en janvier prochain, et a déjà hâte de travailler à temps plein sur les chantiers de construction.
Olivier Soumis, lui, a choisi le métier un peu par hasard, raconte-t-il. « Je voulais surtout aller travailler le plus vite possible. J’ai choisi l’électricité parce que je croyais que c’était un métier payant – je sais aujourd’hui que ce n’est pas toujours le cas. L’un de mes profs a vu que j’étais habile, et il m’a demandé de participer aux compétitions. Je ne pensais jamais me rendre aux olympiades canadiennes. »
Âgé de 19 ans, il terminera son DEP d’ici deux semaines et un emploi l’attend déjà, auprès d’un entrepreneur-électricien avec qui il a travaillé depuis les trois étés, en construction agricole, en Montérégie.
La Montérégie a d’ailleurs fait belle figure en électricité, cette année, aux Olympiades québécoises des métiers et des technologies. Outre Olivier Soumis et Marc-Antoine Fortin, qui ont respectivement raflé les médailles d’or et d’argent, Étienne Laplante du Centre régional intégré de formation de Granby a décroché le bronze.
Pour le volet national de ces « jeux olympiques des métiers », 46 compétiteurs québécois parmi 500 finalistes des quatre coins du pays ont convergé vers Edmonton pour participer à la finale canadienne, qui met à l’honneur 40 métiers spécialisés. Plus de 60 % des Québécois ont été appelés sur le podium pour recevoir 29 médailles, dont 12 d’or.
Sur la photo d’introduction, Marc-Antoine Fortin, médaille d’argent au cou, entouré de ses entraîneurs, Sylvain Goupil et Antoine Lamarche-Côté.