On ne sait pas si c’est l’effet protectionniste Trump, les difficultés financières ou l’oubli de s’être adapté aux nouvelles technologies, mais des fermetures d’usines viennent assombrir le ciel du monde de l’électricité au Québec.
À Drummondville, Ledvance (ancienne Osram-Sylvania) mentionne la baisse continuelle des ventes de produits d’éclairage traditionnel pour fermer son usine d’ici la fin de l’année 2018, elle qui embauche environ 75 personnes. Elle s’était déjà départie d’une trentaine d’employés en octobre dernier. Cependant, influence Trump oblige, des équipements et de la production sont transférés dans deux usines aux États-Unis. L’entreprise chinoise a donc choisi de laisser de côté l’idée de diversifier sa production.
D’autre part, rappelons qu’à La Prairie, sur la Rive-Sud de Montréal, GE Power, a annoncé en octobre dernier la fermeture de son usine dans un plan de compressions touchant 12 000 employé-es à travers le monde. Mise en service lors de la nationalisation de l’électricité, il y a 53 ans, cette usine compte environ 200 travailleurs et travailleuses qui cumulent en moyenne 27 années de service, dont environ 80 sont syndiqués. Des emplois bien rémunérés.
« Ce qui semble se dessiner, c’est une délocalisation pure et dure de la production des composantes qui ont été inventées au Québec, grâce à de l’argent public et à une expertise développée ici. Nous nous expliquons mal cette décision puisque les relations de travail étaient très bonnes et que la compagnie était plus que rentable. Le 5 février, nous avons dévoilé notre thème de campagne qui vise à garder GE Power dans un réseau Branché Local », d’expliquer Louis Bégin, président par intérim de la Fédération de l’industrie manufacturière-CSN (FIM).
« Lorsqu’une société d’État encourage et soutient le développement d’une expertise locale, nous sommes d’avis qu’elle se doit de poursuivre des objectifs de développement local et régional. Dans la mesure où GE Power n’est plus en mesure de répondre à cette demande, qu’elle cède ses opérations à des intérêts québécois qui, eux, sauront poursuivre ces opérations », de souligner Annette Herbeuval, présidente du Conseil central de la Montérégie-CSN.
Les déboires financiers de GE sont désormais bien connus du public; elle était la 2e capitalisation boursière au monde il y a un peu plus de 10 ans mais a dégringolé sérieusement depuis; elle a vu cette capitalisation fondre de 50% au fil des quelques dernières années.
À Valleyfield, c’est une usine de produits chimiques, la multinationale AkzoNobel, qui vient d’annoncer sa fermeture, mettant à pied une cinquantaine d’employés à la fin de mars. L’usine de Valleyfield fait partie du groupe AkzoNobel Pulp and Performance Chemicals et produit du chlorate de sodium qui est utilisé comme agent de blanchiment dans la production de pâte à papier blanchie. L’usine, qui emploie 48 personnes, cessera ses activités de production à la fin du mois de mars 2018. La production sera transférée vers ses autres usines dont celle de Magog, Québec, ainsi que ses autres usines nord-américaines de Columbus, Mississippi et Moses Lake, Washington; on ne sait pas encore quelle proportion de sa production sera transférée à Magog.
Cette entreprise utilisait une quantité appréciable de matériel électrique et venait tout juste de conclure une entente d’approvisionnement avec un important distributeur bien implanté au Québec. D’ailleurs, le souci de la sécurité en matière d’électricité au travail chez AkzoNobel est bien connu et reconnu.