Les années se suivent et se ressemblent dans le monde du travail à la lumière du bilan 2018 des décès et blessures établi par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Au total, 62 décès ont été recensés, dont plus de 3 % sont attribuables à l’électricité. Le courant électrique a causé 164 accidents du travail et fauché la vie de deux travailleurs, le même nombre que l’année précédente.
Les statistiques de la CNESST tiennent compte uniquement des dossiers où la question de l’indemnisation a été réglée. Certains incidents ou accidents n’y figurent donc pas. Ainsi, à la lecture des rapports d’enquête de la CNESST, c’est plutôt trois décès provoqués par le courant électrique qui ont eu lieu en 2018. Les trois n’ont pas touché des électriciens de métier, mais un livreur de matériaux, qui se trouvait à proximité d’un camion-grue dont le bras articulé a touché les fils d’une ligne électrique, un préposé à l’entretien ménager, électrocuté après avoir touché au métal derrière une cuisinière mal installée et un élagueur-grimpeur dont la scie télescopique a touché une ligue électrique.
(Pour relire le compte-rendu d’Électricité Plus sur les décès de Louis Ouellet et Alfonso Huaman Herrera.)
Le bilan de la CNESST indique que les causes les plus fréquentes de décès sont les chutes à un niveau inférieur (13 décès), le fait d’être coincé ou écrasé par de l’équipement ou des objets (12 décès) – ce qui présuppose des méthodes déficientes de contrôle des énergies, données qui ne sont pas recensées dans le bilan – et les accidents de la route (9 décès).
Quant aux 164 accidents du travail attribuables à un choc électrique, c’est deux de plus qu’en 2017, 24 ont affecté des femmes et 140 ont des hommes. Le courant électrique a plus fréquemment frappé les électriciens d’installation et d’entretien (18 cas), les manœuvres manutentionnaires et travailleurs assimilés (15 cas), les installateurs et réparateurs d’appareils électriques (9 cas), les mécaniciens et réparateurs de véhicule automobile (8 cas) ainsi que les soudeurs et oxycoupeurs (5 cas).
Phénomène en hausse
Le bilan 2018 met en lumière une hausse préoccupante des accidents du travail et des lésions professionnelles. Au total, 91 711 personnes ont subi un accident du travail, soit l’équivalent de 251 par jour ou d’un accident toutes les six minutes. Une hausse de 5500 personnes par rapport à 2017. Le nombre de lésions professionnelles a bondi de plus de 7200 cas pour atteindre 103 406. Elles sont principalement dues à l’effort excessif dans 17 % des cas, aux réactions du corps, par exemple se pencher ou s’étirer (13 %), et aux chutes au même niveau (9 %).
Quant aux accidents qui frappent les électriciens, « leurs causes sont communes à celles des autres travailleurs, par exemple les coupures, entorses dorsales, tendinites et tout ce qui est relié aux mouvements répétitifs », indique Styve Grenier, président de la Fraternité inter-provinciale des ouvriers en électricité (FIPOE).
Il attire également l’attention sur le fait que les électrisations sont moins fréquentes, mais causent « des dégâts irréparables », comme des brûlures et l’amputation de membres corporels, ce qui « détruit des vies très rapidement ».
L’amiantose décime les travailleurs
En ce qui a trait aux décès reliés à l’exposition à l’amiante, ils représentent 82 % de tous les décès survenus à la suite d’une maladie professionnelle. Ce fléau de l’amiantose, une maladie respiratoire chronique, et la tumeur cancéreuse associée à l’exposition à l’amiante, le mésothéliome, continuent à décimer les travailleurs qui ont été affectés aux bâtiments et travaux publics, dont les électriciens.
L’exposition à l’amiante a entraîné dans la mort 135 personnes sur les 164 décédées des suites d’une maladie professionnelle en 2018. En 2017, c’était 145.
Le bilan des décès et accidents du travail est dévoilé chaque année par la CNESST, au Jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail, le 28 avril.