Les constructions – tant nouvelles que reconditionnées – tiennent de plus en plus compte de critères d’efficacité énergétique. Ces bâtiments qui consomment peu et misent sur un haut rendement énergétique ont la cote. Dans le cadre du 27e Concours Énergia, l’Association québécoise pour la maîtrise de l’énergie (AQME) a appelé sur le podium, le 31 mai, 12 lauréats champions en matière d’efficacité énergétique, accompagnés de leur équipe.
Lors de cette soirée, qui a réuni plus de 230 personnes à la salle de réception Le Crystal à Saint-Laurent, le prestigieux Prix du jury a été remis à la Garderie l’Oasis Enfantin de Saint-Augustin-de-Desmaures, dont le nouveau bâtiment carboneutre a été construit à l’aide de matériaux capables d’emmagasiner l’énergie solaire. Le chauffage des locaux est principalement assuré par aérothermie – l’unité de ventilation ayant été dotée d’un échangeur de chaleur à haute efficacité permettant de récupérer jusqu’à 70 % de l’énergie – combiné à des éléments électriques de 12 kW et à une chaudière au propane à condensation, utilisée en dernier recours.
Le Concours a également récompensé du Prix de l’AQME le nouveau siège social de Mountain Equipment CO-OP à Vancouver, dont le bâtiment consomme 43 % moins d’énergie que les recommandations du Code national de l’énergie de 1997. Cette réalisation de l’entreprise québécoise spécialisée en ingénierie mécanique et électrique, Pageau Morel, a mis l’accent sur la récupération d’énergie sous toutes ses formes. Le solaire, avec ses fenêtres et systèmes de récupération pour le préchauffage de l’eau domestique et le chauffage des espaces; l’eau, avec la récupération d’eau de pluie pour les toilettes et la récupération de chaleur des eaux grises; puis l’air, par le biais d’un système de ventilation par déplacement.
Des réservoirs de stockage de chaleur et de froid diminuent par ailleurs la demande en énergie électrique.
Bâtiments neufs et existants
Parmi les projets ayant retenu l’attention du jury, l’Amphithéâtre multifonctionnel de Québec (Centre Vidéotron) s’est distingué dans la catégorie Bâtiment neuf – tous secteurs, principalement par sa gestion efficace de l’énergie. L’électricité et le gaz naturel s’allient au chauffage à condensation et aux thermopompes centralisées afin de récupérer la chaleur interne à cout nul. Ces sources d’énergies proviennent entre autres du rejet des compresseurs de glace, de l’air évacué et des salles informatiques.
Une centrale de contrôle monitore les systèmes en continu et priorise les plus efficaces pour optimiser la pointe électrique. Par ailleurs, un éclairage entièrement au DEL – de plus de 10 000 luminaires – avec contrôle d’allumage centralisé permet de réduire encore plus la pointe électrique.
Dans la catégorie Bâtiment existant – secteur institutionnel, le projet du CHUM qui a entrepris d’importants travaux pour améliorer l’efficacité énergétique de l’hôpital Notre-Dame de Montréal a été primé. Après 20 M$ investis, l’hôpital Notre-Dame a réduit sa consommation énergétique de 30 % ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre de 75 %. La firme de services éconergétiques Énergère se retrouve derrière cette réalisation ambitieuse qui a engendré une économie d’énergie annuelle récurrente de 1,68 M$, soit de 40 %.
Si la consommation d’électricité du bâtiment a légèrement augmenté, le bâtiment réalise surtout des économies de 20 % sur le gaz naturel. Cette modernisation a d’ailleurs complètement éliminé le recours à l’utilisation du mazout lourd au profit des sources d’énergies renouvelables. Pour pallier à la perte des énergies fossiles, des technologies de thermopompage, de géothermie et d’aérothermie captent désormais l’énergie présente dans l’air et dans le sol pour la transférer vers le réseau de chauffage du bâtiment. La technique permet d’assurer 60 % des besoins en chauffage de l’hôpital.
Dans la catégorie Bâtiment existant – autres secteurs (moins de 10 000 m²), le Complexe sportif Artopex de Granby a remporté la palme pour ses efforts d’optimisation de la gestion de l’énergie. Afin de mieux contrôler la qualité de l’air, deux sondes installées permettent d’évacuer l’air vicié et de faire entrer l’air frais en fonction de la concentration de CO2. D’autre part, un système de contrôle central gère l’éclairage par horaire et détection de mouvement avec recul nocturne. Entre alors en jeu l’entreprise Installations Électriques Claude Gougeon qui a remplacé les 40 unités d’halogénure de métal de 1 080 W par autant de diodes électroluminescentes (DEL) de 485 W.
Résultat : une consommation d’éclairage réduite de 55 % et une luminosité accrue de plus de 25 . Plus encore, une meilleure stabilité et uniformité de l’éclairage ainsi que des couts d’entretien de moindre ampleur. L’installation de détecteurs de mouvements et de concentration de CO2 répond donc aux besoins réels en fonction du taux d’occupation du bâtiment. Le projet se traduit par des économies d’électricité de 25,57 % et des économies de gaz naturel de 12,28 %.
Procédé industriel ou manufacturier
Autre lauréat digne de mention, Indorama PTA Montréal a raflé la mise dans la catégorie Procédé industriel ou manufacturier (facture énergétique de 5 M$/an et plus). L’entreprise du domaine du polyester a ainsi misé sur l’installation d’une turbine pouvant recueillir la vapeur excédentaire de sa production d’acide téréphtalique pour la reconvertir en électricité, énergie réinjectée ensuite en usine. Cette technique de valorisation de l’énergie à l’aide d’un groupe turboalternateur fourni par le manufacturier américain Elliott aura eu l’effet de diminuer de 20 % la consommation globale d’électricité de l’usine.
L’usine de biométhanisation de Rivière-du-Loup a pour sa part enlevé le prix Procédé industriel ou manufacturier (facture énergétique inférieure à 5 M$/an) pour son système de récupération de la chaleur de procédé. En optant pour un système automatisé qui répond aux demandes de refroidissement et de chauffage des opérations de l’usine, l’énergie thermique produite par le système de refroidissement est ainsi récupérée en presque totalité pour répondre aux besoins de chauffage. Pour réaliser ce projet, trois thermopompes ayant une capacité de refroidissement de 1,383 kW et de chauffage de 1,913 kW ont été utilisées, ce qui a permis d’éliminer tout recours à une autre source de chauffage.
Les autres projets primés sont les suivants : le Complexe de Gaspé situé dans le Mile-End à Montréal (prix Bâtiment existant – Plus de 10 000 m²), le Grand Théâtre de Québec (prix Recommissionning), l’entreprise CAE située à Ville Saint-Laurent (prix Geste durable – secteur industriel), le CHU de Québec (prix Gestion intégrée) et l’Alliance Hatch/Alcoa pour la fonderie d’aluminerie Alcoa de Baie-Comeau (prix Innovation technologique).
En tout, 20 finalistes rivalisaient pour obtenir la faveur du jury, composé cette année de Nathalie Dion, présidente de l’Ordre des architectes du Québec, Robert Cummins, président du Réseau des ingénieurs, et de Laval Tremblay, vice-président aux affaires administratives de l’Ordre des technologues professionnels du Québec (OPTQ).
Si tous les finalistes n’ont pas mis la main sur un prix, chacun a fait la preuve que la maitrise de l’énergie permet de sortir gagnant de sa propre consommation énergétique.