Le potentiel des énergies vertes et renouvelables a été prouvé au-delà de toute espérance par les pionniers de l’aviation solaire Bertrand Piccard et André Borschberg. En presqu’un an et demi, quelque 43 000 kilomètres parcourus dans les airs, 21 jours de vol et 17 étapes à bord de l’appareil Solar Impulse 2, les copilotes suisses ont réalisé un exploit en effectuant le tour du monde, sans carburant.
L’avion Solar Impulse 2 (SI2) a atterri à l’aéroport d’Al-Bateen, le 26 juillet, à minuit et cinq heure locale (pour nous le 25 juillet, 20h05, heure de l’est), au même endroit d’où il avait décollé le 9 mars 2015. L’ultime étape du voyage a mené l’engin solaire de Le Caire, en Égypte, aux Émirats arabes unis, en un peu plus de 48 heures. Bertrand Piccard a piloté l’appareil jusqu’à sa dernière destination.
« Émotions, pleurs, soulagement, excitation, c’est ce que nous ressentons tous présentement, après avoir complété le premier tour du monde à bord du premier avion solaire de l’histoire », ont-ils écrit dans leur dernière entrée de blog. Au-delà de cette aventure d’une quinzaine de mois, ce rêve fou à la Jules Verne aura été l’accomplissement de 13 ans de complicité pour les deux compatriotes.
L’avion, dont la largeur est l’équivalent d’un Boeing 747, est équipé de 17 248 cellules photovoltaïques. Ses ailes font 72 mètres et son poids monte à seulement 2,3 tonnes, comparable au poids d’une voiture. Rappelons que l’aventure devait s’étendre sur cinq mois, mais aura duré finalement un an et quatre mois suite à des ennuis techniques ayant requis le recours à des mécènes.
Technologies propres
« Depuis les débuts, mon but a été de promouvoir l’implantation à l’échelle planétaire des technologies propres pour une meilleure qualité de vie. Je voulais faire la preuve que les énergies renouvelables avaient le pouvoir d’accomplir l’impossible », résume Piccard, dans son blog du 25 juillet, intitulé « Une aventure sans fin ». Celui-ci aura aussi été le premier à faire le tour du monde, avec le pilote britannique Brian Jones, à bord d’un ballon dirigeable, en 1999.
Ce périple, ayant battu plusieurs records du monde, constitue un nouveau jalon historique non seulement pour l’aviation, mais pour les énergies renouvelables. Parmi les étapes notables, citons la traversée du Pacifique, entre le Japon et Hawaï, de près de 9 000 km en cinq jours et nuits consécutives (un record mondial accompli par André Borschberg), le départ vers San Francisco après avoir été cloué au sol durant neuf mois consécutifs en raison d’avaries des batteries, puis le vol au-dessus de l’Atlantique ponctué de turbulences jusqu’à Séville, en Espagne.
La dernière escale aura par ailleurs été éprouvante puisque le décollage vers la dernière destination, Abu Dhabi, a été reportée en raison des chaleurs extrêmes en Arabie Saoudite et de problèmes de santé éprouvés par Piccard.
Dans une entrevue accordée à Radio-Canada, Bertrand Piccard a mentionné qu’il fallait désormais aller plus loin et implanter ces nouvelles technologies pour les appliquer, par exemple, à la mobilité électrique. « Mais pour cela, il faut du courage politique », a-t-il ajouté.
(Pour écouter l’entrevue à Radio-Canada, cliquer ici)
« Dans un avion où il n’y a aucun bruit, ni aucune pollution, je me suis dit que j’étais dans un film de science-fiction, mais en fait je suis dans la réalité d’aujourd’hui », a-t-il encore confié.
Les comparses ont par ailleurs déjà fondé le Comité international pour les technologies propres afin de poursuivre le legs de Solar Impulse et promouvoir les solutions concrètes en efficacité énergétique.
Prochaine étape : la stratosphère
Si Solar Impulse 2 aspire à continuer de voler pour diffuser le message que l’on peut dépendre des énergies propres, d’autres initiatives à saveur entrepreneuriale continuent à voir le jour en énergie solaire. Raphaël Domjan, lui-même pionnier des énergies vertes pour avoir dirigé la première expédition autour du monde en bateau solaire – un autre Suisse ! – vise désormais d’atteindre par avion solaire la stratosphère !
Sur l’engin, des modules solaires ont été intégrés aux ailes qui alimentent le moteur. Reste à régler les problèmes de poids, l’avion étant encore trop lourd pour atteindre son but, a récemment livré M. Domjan, à Paris Match.
(Pour lire l’article complet, relayé par La Presse +, cliquer ici)
L’objectif ultime : organiser des vols stratosphériques commerciaux d’ici 2020. Pour le premier vol, prévu en 2017 qui s’effectuera à 10 000 mètres d’altitude, dix places ont été réservées pour les adhérents au projet. Le prix demandé : 50 000 euros par passager, soit 73 500 $ canadiens.