Jean-Daniel Fillion, charpentier-menuisier de l’entreprise Coffrage Bouchard inc., perdait la vie des suites d’un accident du travail survenu à Angliers, en Abitibi-Témiscamingue, après avoir été frappé par le tuyau flexible d’une pompe à béton de la compagnie Béton Fortin, le 21 aout 2015. M. Fillion, originaire de Saint-Urbain (Charlevoix) était âgé de 27 ans.
Il s’agit du deuxième accident mortel impliquant cette entreprise en 60 jours. Rappelons qu’Alain Thériault a été électrocuté à Montbeillard, le 22 juin 2015. L’accident s’est produit sur le chantier du Barrage des Quinze, barrage qui alimente les centrales d’Hydro-Québec de Rapide-des-Quinze, Rapide-des-Iles et de Première Chute. La route 391 passe sur la crête du barrage.
Conclusions de l’enquête de la CNESST
À la suite de son enquête, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) retient, comme principale cause, l’utilisation d’un collet ajustable mal entretenu entre le tuyau en coude et le tuyau réducteur, lequel a causé le détachement du tuyau réducteur en cours d’opération.
Le travailleur a été frappé par le tuyau flexible d’une pompe à béton
Le jour de l’accident, un camion-pompe était installé sur une barge pour couler le béton dans un pilier du Barrage des Quinze, à Angliers. Sept travailleurs localisés sur la plateforme du pilier assuraient la mise en place du béton. Un travailleur manipulait le tuyau flexible de 10,16 cm (4 pouces) de diamètre et de 10,36 m (34 pieds) de longueur suspendu à un réduit et les autres travailleurs s’affairaient à différentes tâches, telles que le lissage et le vibrateur, pour placer le béton. À la suite d’un arrêt temporaire de coulage comme il s’en effectue plusieurs dans une journée, l’opérateur, comme à son habitude, a redémarré la pompe pour s’apercevoir qu’il n’y avait aucun écoulement. Il a donc redémarré à nouveau la pompe. C’est à ce moment que le tuyau réducteur et le tuyau flexible se sont détachés et ont heurté le travailleur. Le décès du travailleur a été constaté au Centre hospitalier de Ville-Marie.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident.
D’abord, l’utilisation d’un collet ajustable mal entretenu entre le tuyau en coude et le tuyau réducteur a causé le détachement du tuyau réducteur en cours d’opération.
Ensuite, l’utilisation de deux câbles de sécurité installés en séries, combinée au poids supplémentaire imposé par le tuyau flexible, a contribué à la rupture du câble de sécurité.
La CNESST exige des correctifs
À la suite de l’événement, la CNESST a interdit l’utilisation, toute modification ou réparation du camion-pompe à béton de l’unité no 82 à des fins d’enquête.
De plus, la CNESST a demandé aux deux employeurs et au maître d’œuvre d’élaborer une méthode de travail sécuritaire pour la reprise des travaux et pour les travaux de coulage de béton.
Enfin, un des éléments de l’enquête a amené la CNESST à exiger de Béton Fortin inc. qu’il produise une procédure de travail ayant pour objectif de s’assurer que les collets d’accouplement et les joints des tuyaux d’une pompe à béton soient nettoyés de façon à éviter un mauvais ajustement du serrage du collet.
En lien avec cet accident, la CNESST a délivré à l’employeur, Béton Fortin inc., un constat d’infraction. Pour cette infraction, l’amende peut varier de 16 124 $ à 64 495 $ pour une première offense, et de 32 248 $ à 161 240 $ en cas de récidive.
Au Québec, depuis 5 ans, 37 travailleurs sont décédés après avoir été frappés par un objet. Seulement dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, ce sont trois travailleurs qui ont perdu la vie dans de tels accidents.
Au ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC), on précise que le Barrage des Quinze joue un rôle essentiel pour le contrôle des inondations dans les régions de Gatineau et de Montréal, notamment pour les résidents riverains de la rivière des Mille-Îles. Il est aussi utilisé pour soutenir les débits en aval lors des étiages (bas niveaux) sévères, dans les rivières des Outaouais et des Mille-Îles.
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