La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), le bas de laine des Québécois, vient d’investir davantage dans le secteur de l’énergie éolienne en acquérant 17,3 % des actions de Cascades dans l’entreprise Boralex, contre la somme de 287,5 M$. La transaction a été annoncée le 27 juillet, le jour même où se concluait un important appel d’offres en matière d’éolien au Massachusetts, auquel a soumissionné Boralex en partenariat avec Gaz Métro et Hydro-Québec.
(Pour lire notre article sur les appels d’offres en énergie renouvelable au Massachusetts, cliquer ici.)
Par ce rachat, la Caisse de dépôt devient ainsi le plus important actionnaire de Boralex, et pourrait collaborer en lui dénichant des « occasions de partenariat » dans ses projets futurs. « C’est une grande nouvelle qui marque une étape importante de notre histoire et qui est porteuse de perspectives d’avenir prometteuses pour notre organisation, a exprimé Patrick Lemaire, président et chef de la direction de Boralex. Nous comptons travailler avec la Caisse pour développer des opportunités de croissance appuyées par la capacité financière de la Caisse, ce qui nous permettra de consolider notre position comme un joueur québécois de calibre international dans le secteur de l’énergie renouvelable. »
Notons que M. Lemaire, membre de la famille dirigeante et membre du conseil d’administration de Cascades demeurera en poste à la présidence de Boralex. « L’arrivée de la Caisse de dépôt et placement du Québec ne change rien à la composition de l’équipe de direction de Boralex. Au conseil d’administration de Boralex, deux représentants indépendants seront nommés par la Caisse », a répondu à cet égard Julie Lajoye, conseillère en affaires publiques et communications.
Du côté de la Caisse, on affirme par communiqué : « Cette participation dans Boralex nous permet d’investir à la fois dans un secteur porteur et dans des actifs de grande qualité, dont plusieurs sont au Québec. En plus de partager notre vision de long terme, Boralex a démontré son sens de l’innovation et ses capacités d’opérateur, qui assurent une fiabilité à ses installations et favorisent son développement », a précisé Macky Tall, premier vice-président, Infrastructures à la Caisse.
Rappelons que Cascades a été un joueur de première heure depuis les débuts de la fondation de Boralex en 1995. M. Lemaire mentionne par ailleurs que la transaction « ne signifie pas nécessairement la fin de toute relation avec Cascades ». « Malgré cette vente, les entreprises vont continuer de partager une histoire commune et une grande amitié », a-t-il commenté. Notons également que Boralex compte sur plusieurs centaines d’actionnaires, dont des particuliers. Ses dix plus importants actionnaires – excluant la Caisse – se partagent 30 % des parts.
De grands projets à venir
Comme en fait foi le projet SBx d’agrandissement du parc éolien de la Seigneurie de Beaupré soumis pour fournir 300 MW d’électricité propre au Massachusetts, Boralex estime qu’elle devra réaliser de plus en plus de projets d’envergure pour « maintenir sa vitesse de croisière » et son « profil de croissance ». « En tant qu’investisseur institutionnel intéressé et aguerri envers des projets d’infrastructure, CDPQ pourrait être intéressée d’investir directement dans un de nos projets par opposition à un investissement dans l’ensemble de Boralex via notre titre boursier », croit M. Lemaire.
L’entreprise entend miser sur la crédibilité de la Caisse de dépôt, sur son expertise dans les projets d’investissement en infrastructures ainsi que sur son réseau international établi. « De plus, ils ont la capacité de déployer rapidement d’importantes sommes vers des projets porteurs », glisse encore M. Lemaire. Électricité Plus a appris également que Boralex avait répondu à l’appel de qualification de l’Alberta, qui souhaite développer le secteur de l’énergie renouvelable. Boralex a ainsi présenté trois projets du côté de l’Ouest canadien avec ses partenaires pour la production de 200 MW d’électricité.
Avec une puissance installée de 1146 MW, l’énergie éolienne est la principale activité de Boralex, qui produit 84 % de son électricité par l’éolien. Son second plus important mandat est sa production d’hydroélectricité à 12 %. Le portefeuille en matière d’énergie éolienne de Boralex compte 42 projets en exploitation, dont dix projets installés au Canada, trois projets en construction de 104 MW, trois projets en développement de 75 MW ainsi que quatre projets potentiels de 732 MW, incluant le projet SBx.
Dans son plan de croissance, Boralex entrevoit grimper jusqu’à 2000 MW de puissance installée d’ici la fin 2020, soit de presque doubler sa production actuelle, à raison d’un taux de croissance annuelle composé de 10 %.
Énergies fossiles et renouvelables
Pour sa part, la Caisse de dépôt détient des parts dans différentes sociétés œuvrant tant dans les énergies fossiles que renouvelables. Il n’a cependant pas été possible de connaitre les actifs de la Caisse en matière d’électricité, car l’investisseur institutionnel ne tient pas de registre sectoriel de son portefeuille énergétique.
En épluchant le dernier rapport annuel, on constate entre autres qu’en matière d’énergie verte, la Caisse a investi en 2016 dans le capital-actions d’Azure Power Global, une société indienne productrice d’énergie solaire, dans laquelle elle détient des parts de 21 %.
Également, ses dix principaux placements privés et en infrastructures au Québec incluent des parts dans Innergex Énergie Renouvelable, un développeur et un exploitant en énergies hydroélectrique, éolienne et solaire, et dans Trencap, distributeur et fournisseur de gaz naturel.
La Caisse détient par ailleurs des intérêts dans deux coentreprises américaines en énergie ainsi que dans six entreprises associées au Canada, au Royaume-Uni, en Australie, en Belgique et en Inde. En 2016, la Caisse a également financé le parc éolien de New Richmond en Gaspésie. Notons par ailleurs que l’organisme Recycle ta Caisse a récemment dénoncé l’augmentation des investissements de la Caisse de dépôt dans les énergies fossiles, notamment dans les compagnies Enbridge et TransCanada. Ses avoirs dans l’exploitation du pétrole des sables bitumineux ont ainsi atteint 16,7 G$ à la fin 2016.