L’année 2020 n’aura pas été difficile pour tout le monde comme le démontre la progression tous azimuts de la québécoise Lion Électrique. Après avoir obtenu des commandes de camions-nacelles d’Hydro-Québec, de camions de livraison d’Amazon et surtout de 50 camions-remorques du Canadien National, l’entreprise complète les plans de son usine de batteries, prépare son entrée en bourse et devient revendeur pour ChargePoint.
L’entreprise jérômienne cumule les commandes à un rythme égal à l’évolution de ses véhicules électriques. Les différentes mesures d’aides gouvernementales découlant de la pandémie ont bien sûr aidé à maintenir l’entreprise et ses quelque 400 emplois, mais, plus encore, ont permis d’accentuer sa croissance.
Des retombées pour les Québécois
Les Québécois ont beaucoup investi dans cette entreprise et récoltent de plus en plus de retombées économiques intéressantes. Le gouvernement Marois avait subventionné Lion pour le développement des autobus scolaires électriques en 2013, permettant la construction d’un prototype qui a été mis à l’essai dès septembre 2014 par les Autobus scolaires Chartrand, de Laval.
Plus tard, le gouvernement Couillard accordait une subvention de 2 millions de dollars à l’entreprise pour la mise en service de six véhicules E-Lion. La somme provenait du Fonds vert québécois qui est alimenté par les revenus engendrés par la vente d’unités de droits d’émission sur le marché commun du carbone regroupant le Québec et la Californie.
Évidemment, l’Institut du véhicule innovant (IVI) était de la partie, économisant ainsi d’importantes sommes au manufacturier. Réussite instantanée avec la vente de plusieurs centaines d’exemplaires aux États-Unis, ce qui amène l’entreprise planifier la construction prochaine d’une usine chez nos voisins du sud. L’usine évaluée à 130 millions de dollars américains devrait fabriquer 20 000 véhicules par année, surpassant largement l’usine jérômienne qui en assemble 2500 par année.
Une nouvelle usine de batterie
La Compagnie Électrique Lion prévoit également construire une usine de batteries à Saint-Jérôme. Elle sera située face au cimetière, à un jet de pierre de l’autoroute 15, sur un terrain cédé par la municipalité. Ce terrain lui est concédé par bail emphytéotique de 25 ans, assorti d’un droit d’achat au bout de 10 ans.
Selon un article publié par La Presse récemment, l’usine en question aurait 150 000 pieds carrés, sur un terrain de 450 000 pieds carrés. Le projet est estimé à près de 200 millions de dollars. Sa réalisation est conditionnelle à l’obtention du financement nécessaire. À ce moment, l’aide des gouvernements provincial et fédéral n’est pas encore connue. Si l’entreprise ne trouve pas de financement, le projet pourrait être déplacé aux États-Unis.
Lion Électrique a déjà un bureau à Sacramento, en Californie où elle a vendu 200 autobus électriques à la Commission de l’énergie de la Californie. Elle compte aussi plusieurs employés ailleurs aux États-Unis.
Entrée en bourse
L’arrivée au cours des dernières années des investisseurs Énergie Power Corporation et XPND Capital, le groupe dirigé par Alexandre Taillefer, a facilité le développement de l’entreprise jusqu’alors la propriété de Marc Bédard et Camille Chartrand. Cette croissance a finalement conduit à la volonté de la direction d’inscrire la Compagnie Électrique Lion en bourse. Les premiers gestes concrets en ce sens sont venus des États-Unis, de la société d’acquisition Northern Genesis Acquisition Corp (NGA). Le 30 novembre 2020, on annonçait la fusion de Lion et de NGA et l’entrée en bourses de la nouvelle entité au début de 2021.
Dans les jours suivant l’annonce de cette éventuelle fusion, la valeur des actions de NGA a oscillé entre 12,50 $ US et 14,05 $ US (entre 16,50 $ CA et 18,10 $ CA). L’entreprise fusionnée sous le sigle LEV sera inscrite à la bourse de New York, car NGA y est déjà inscrite. Pour en savoir davantage sur cette fusion et sur la Compagnie Électrique Lion en général, cliquer ici.
Revendeur ChargePoint
Lion Électrique a aussi conclu un accord de revendeur avec ChargePoint, l’un des plus grands réseaux de recharge de véhicules électriques (VÉ) au monde. Dans le cadre de cet accord, l’entreprise jérômienne proposera la gamme complète de chargeurs commerciaux et de services infonuagiques de ChargePoint. Elle élargit ainsi l’offre de solutions matérielles et logicielles de recharge de LionÉnergie, sa division dédiée à la simplification du processus d’électrification des flottes pour les clients et à l’efficacité du processus d’installation des bornes de recharge de VÉ.
Ce partenariat ouvre les portes d’importants marchés de véhicules lourds pour Lion Électrique, car ChargePoint est connue dans les marchés de grands utilisateurs de camions lourds et autobus scolaires.
L’offre de LionÉnergie comprend la conception et l’examen de l’infrastructure de recharge, la gestion de projet, la coordination avec les services publics et la consultation personnalisée, garantissant que l’installation de l’infrastructure est réalisée en parallèle avec le processus d’achat de véhicules.
«La mission de LionÉnergie est d’offrir des solutions d’infrastructure complètes, du niveau 2 aux bornes de recharge CC ultra rapides. Avec des solutions CA et CC, ainsi qu’un logiciel de gestion de flotte performant, la technologie de ChargePoint est parfaitement adaptée aux clients du transport lourd», a dit Marc-André Pagé, vice-président des opérations commerciales chez Lion.
Cerise sur le sunday: un projet de véhicule-réseau (V2R)
La Compagnie Électrique Lion a aussi réussi à utiliser ses autobus scolaires électriques pour fournir de l’électricité aux clients des services publics de Con Edison, dans le cadre du déploiement pilote véhicule-réseau (V2R) de l’entreprise à White Plains, en banlieue de New York. L’entreprise d’énergie Con Edison a un chiffre d’affaires à peu près identique à celui d’Hydro-Québec, soit 13 milliards $ par année
Le projet, qui a débuté en 2018 avec un partenariat entre Lion, l’entreprise de technologie V2R Nuvve, le district scolaire de White Plains et le transporteur scolaire National Express, est le premier déploiement réussi dans l’État de New York d’un pilote véhicule-réseau. L’électricité circule des cinq autobus scolaires électriques au réseau, marquant une étape importante dans l’avancement de la technologie V2R en Amérique du Nord. Grâce à ce déploiement, Con Edison est désormais en mesure de transmettre avec succès l’énergie des autobus scolaires LionC du district scolaire de White Plains au réseau, laquelle énergie peut ensuite être distribuée aux clients grâce à la technologie V2R de Nuvve.
Le succès de ce premier déploiement pilote de V2R démontre comment les autobus scolaires – qui sont idéaux pour l’intégration V2R en raison de leur modèle d’utilisation quotidienne et de leur stockage de nuit – peuvent être utilisés pour revendre l’électricité au réseau lorsque la demande en énergie est élevée, ce qui permet aux opérateurs d’économiser de l’argent. Tous les autobus et véhicules lourds Lion sont équipés de série avec la technologie V2R à bord, offrant de nouvelles opportunités de retour sur investissement à ses clients.
La recharge et la décharge V2R ont lieu dans les installations de North White Plains, où les autobus restent branchés sur un chargeur lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Les batteries sont chargées lorsque la demande en énergie est faible, et les chargeurs sont programmés pour inverser le flux d’énergie dans le réseau à des moments où les autobus ne sont pas en fonction. En facturant lorsque la demande et le prix de l’électricité sont faibles, et en déchargeant lorsque la demande est élevée, les opérateurs peuvent économiser de l’argent sur les coûts énergétiques de leur flotte.
Alors que les gouvernements du monde entier poursuivent des objectifs de plus en plus ambitieux de carboneutralité basés en grande partie sur les sources d’énergie renouvelable et le transport zéro émission, l’intégration du V2R devient un outil de plus en plus important dans l’équilibrage des réseaux – en particulier si l’on tient compte de l’offre de pointe élevée inhérente aux sources d’énergie renouvelable.
«V2R est un mot à la mode dans l’industrie des véhicules électriques depuis de nombreuses années, mais nous avons maintenant prouvé que V2R est réel grâce à nos partenaires que sont Con Edison, Nuvve, le district scolaire White Plains et National Express. Ce grand projet est le résultat d’un travail d’équipe et d’une innovation exceptionnelle entre les partenaires», a déclaré Marc-André Pagé, vice-président, opérations commerciales chez Lion Électrique.
L’entreprise québécoise assemble ses véhicules à Saint-Jérôme avec des composants construits en Amérique du Nord. Présentement, 300 de ses véhicules sillonnent les routes d’Amérique du Nord et elle en compte 300 autres dans son carnet de commande. Selon la direction, le marché potentiel à court terme est de 6000 unités, soit 2000 autobus scolaires et 4000 camions.
NDLR: Électricité Plus a des intérêts financiers dans Northern Genesis Acquisitions.