Les perdant.es sont nombreux/nombreuses avec le départ de Sophie Brochu comme PDG d’Hydro-Québec. D’abord l’ensemble des Québécois.es, à un Fitzgibbon près, ont une très grande admiration pour cette femme qu’ils et elles considèrent comme intelligente, agréable, compétente, et quel autre qualificatif encore. Pour une fois, la Société d’État a consulté ses millions d’actionnaires pour avoir une vision d’avenir d’ensemble; tout un actif pour Sophie Brochu. De très nombreuses personnes ont pris sa demande au sérieux et n’ont pas hésité à apporter leur contribution à l’exercice, ce qui a bien alimenté le plan stratégique 2022-2026 de l’entreprise. Plan stratégique d’ailleurs fort bien accueilli en avril dernier.
Sophie Brochu, c’était le moment de détente souhaité pour l’entreprise qui avait une femme à sa tête pour la première fois depuis plus de 75 ans. Une femme qui n’a pas hésité à communiquer régulièrement avec les 8,5 millions de Québécois.es sur la vision d’avenir tout en réglant les problèmes du jour. Il faut être un peu restreint en évaluation pour blâmer Hydro-Québec pour les délais à raccorder les 600 000 + abonné.es qui ont manqué d’électricité pendant la période de Noël. Elle a été très présente avec ses points de presse et a su rassurer la plupart des gens. Hydro-Québec n’est quand même pas responsable des arbres qui tombent sur le réseau.
Il y a fort à parier que le grand perdant de ce conflit entre la femme de vision et le super-ministre avide de développement sera le premier ministre François Legault. Sa chute de popularité au cours des 24 premières heures suivant la démission de la PDG est à nulle autre pareille. Lui qui n’avait jamais connu de chute notable de cette popularité qui lui est si chère pourrait prendre énormément de temps à la récupérer, si jamais elle revient. Le groupe de leaders de la CAQ s’est mis à dos non seulement la population, mais les scientifiques, les commentateurs, et les médias. Un grand chelem!
Au final, peut-être avions-nous plus besoin de Sophie Brochu à la tête d’Hydro-Québec que de la CAQ au pouvoir. Aucun des partis actuels de l’opposition ne présente une alternative valable, mais 44 mois avant les prochaines élections donnent suffisamment de temps pour qu’un autre parti non extrémiste soit formé. Heureusement pour M. Legault et la CAQ, Sophie Brochu n’a pas l’intention de se présenter en politique – ce qu’elle clame pour l’instant.
L’opération de diversion mise sur pied par le premier ministre au lendemain de cette gaffe majeure, à savoir qu’il allait consulter les partis d’opposition, n’obtient pas la crédibilité qu’il souhaitait. Lorsqu’un.e journaliste interview un.e politicien.ne, l’attitude n’est pas d’essayer de savoir si la personne ment, mais plutôt de savoir quel poisson elle essaie de noyer. Si Raphaëlle, 7 ans, avait besoin que la fée des dents passe quand même malgré le confinement en avril 2020, Monsieur Legault aura certainement besoin de « la fée des politiciens sympathiques » pour remonter dans l’estime de bon nombre de Québécois.es. Le tandem Legault-Fitzgibbon a blessé la population droit au coeur en bousculant Sophie Brochu.