Pourquoi parler de la tuerie chez Charlie Hebdo dans un magazine web consacré exclusivement à l’électricité? Parce que ce drame nous touche tous, nous qui avons choisi de vivre en démocratie, avec droit de parole illimité. Ce sont des valeurs que nous devons défendre et pour lesquelles nous devons poser des gestes concrets. Au fond, Charlie Hebdo est le bouc émissaire des gens qui veulent nous intimider, nous qui croyons et vivons en démocratie. Charlie Hebdo est un média et il est indispensable que les médias puissent dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas, qu’ils puissent informer en tout temps, sur ce qui est ou semble être d’intérêt. Nous nous devons à nous-même de résister à l’intimidation, de continuer à nous exprimer et de laisser les autres s’exprimer comme bon leur semble; s’exprimer n’est pas tuer…
La menace terroriste est de plus en plus présente, elle qui jadis a emporté une compagnie multinationale comme Pan American Airlines. Nous avons vécu ce terrorisme, à plus petite échelle, en octobre dernier, à St-Jean-sur-Richelieu et au Parlement d’Ottawa. Les menaces de l’État Islamiste continuent de pleuvoir un peu partout. Ce fut le cas dimanche, le 11 janvier, alors que de nombreux sites internet ont été piratés ( pour lire la nouvelle, cliquer ici ) et qu’un journal en Allemagne a été victime d’un attentat à l’engin incendiaire (pour lire un texte, cliquer ici); au même moment, un quotidien belge a dû être évacué suite à une alerte à la bombe. Les deux journaux avaient reproduit des caricatures de Mahomet, tirées de Charile Hebdo.
Il y a aussi une tentation à laquelle nous devons résister : celle de placer tous les musulmans dans le même panier. Toutes les attaques et menaces sont l’œuvre d’extrémistes, en particulier de djihadistes, et non pas de Monsieur et Madame-tout-le-monde que nous côtoyons. Il ne faut surtout pas blâmer tous les arabes : les attentats de St-Jean-sur-Richelieu et du Parlement étaient l’œuvre de Canadiens, alors que la tuerie chez Charlie Hebdo est l’œuvre de Français.
Charlie Hebdo ne plait pas à tous, c’est clair. Son tirage est d’à peine 45 à 60 000 exemplaires par semaine, dans un pays qui compte plus de 66 millions d’habitants; il est distribué dans la Francophonie, qui compte plus de 274 millions d’habitants. La satire ne plait effectivement pas à tous; très peu populaire au Québec. Mais c’est le droit sacré des gens qui apprécient ce genre d’humour qui, en fin de compte, est une bougie d’allumage à la réflexion. C’est là un droit à respecter.
Ce dimanche de marches pacifiques un peu partout à travers le monde, le 11 janvier, les plus âgés ont pu se rappeler une question du Petit Catéchisme de leur enfance qui demandait : où est Dieu? Évidemment, la réponse était Dieu est partout. Ce dimanche, on pouvait poser la question : où est Charlie? Bien sûr, la réponse était : Charlie est partout.
Comment chacun de nous peut poser un geste concret pour appuyer la liberté de presse suite à cette tuerie barbare? En achetant un exemplaire de la prochaine édition de Charlie Hebdo, même si nous n’avons pas l’intention de le lire, que cet humour ne nous convient pas. Quelques dollars qui serviront à reconstruire un média qui a sérieusement besoin de soutien, autant matériel que moral.
Après tout, peut-être qu’un beau jour Allah, Yahvé, Jéhovah, Dieu et le Grand Manitou trouveront le moyen de s’assoir ensemble et d’établir un mécanisme qui leur permettra d’insuffler une intuition à leur croyants, à savoir que s’exprimer n’est pas tuer, que tous ont droit de parole, incluant les djihadistes, mais dans le respect les uns des autres.
Charlie Hebdo prévoit publier cette caricature de Mahomet en couverture de son édition de mercredi, le 14 janvier, selon l’Agence France Presse. Toujours selon l’Agence, l’hebdo prévoit tirer à trois millions d’exemplaires pour cette édition, soit de 50 à 67 fois plus qu’à l’accoutumée. Pour lire l’article de l’Agence France Presse, cliquer ici.
Normand Gosselin