La CSST identifie une gestion de la santé et de la sécurité déficiente quant au retrait de câbles électriques
M. André Vidal, électricien au service de l’entreprise Conrad Lavoie (1983) inc., est électrocuté alors qu’il fait des travaux dans un bâtiment de Kildair Service ltée, à Sorel-Tracy, le 13 août 2012,. Parmi les causes à l’origine de l’accident, la CSST identifie une gestion de la santé et de la sécurité déficiente quant aux travaux de retrait de câbles électriques.
La CSST vient de rendre publiques les conclusions de son enquête afin de sensibiliser les employeurs à l’importance de bien planifier les éléments de santé et de sécurité lors de travaux de nature électrique. Ainsi, avant de commencer les travaux électriques, il importe d’identifier les dangers et de mettre en place des mesures visant à les éliminer ou à contrôler les risques. Rappelons qu’entre 2008 et 2012, au Québec, 19 travailleurs sont morts électrocutés, dont sept en 2012.
Le travailleur trébuche et meurt électrocuté
Au moment de l’accident, le travailleur effectue seul des travaux de démantèlement de câblage électrique dans un bâtiment de Kildair Service ltée. Pour effectuer ce travail, il doit se déplacer sur un chemin de câbles situé à 1,29 m sous le plafond. Ce chemin est encombré de nombreux câbles, laissant peu d’espace au travailleur pour se déplacer. Alors qu’il se déplace, l’électricien trébuche en enjambant un tuyau métallique et tombe sur le luminaire fluorescent. Lors de cette chute, des câbles électriques dénudés à l’intérieur du luminaire touchent au boîtier métallique. Le boîtier métallique du luminaire est alors mis sous tension et le travailleur est électrocuté. Il est trouvé inconscient, et transporté à l’hôpital, où son décès est constaté.
Mieux identifier les dangers
L’enquête a permis de retenir deux causes pour expliquer l’accident. D’une part, le mauvais état de l’installation électrique provoque la mise sous tension du boîtier métallique du luminaire lorsque celui-ci est déplacé pendant la chute du travailleur. En effet, la gaine des câbles électriques à l’intérieur du luminaire est abîmée et la continuité des masses (ground) est inadéquate. D’autre part, la gestion de la santé et de la sécurité entourant les travaux de retrait de câbles électriques est déficiente. Aucune évaluation des dangers relative au retrait de câbles n’a été effectuée, ce qui empêche d’établir une méthode de travail sécuritaire.
La CSST exige des correctifs
Le jour de l’accident, la CSST a interdit l’accès à la station de pompage où est survenu l’accident de même que la remise en fonction de l’alimentation électrique de la station de pompage. De plus, la CSST a exigé que Kildair Service ltée s’assure de la sécurité de l’installation électrique de la station, et Kildair y a fait vérifier le système électrique et a réalisé des travaux visant à le rendre conforme au Code de construction du Québec (Chapitre V – Électricité). Depuis, les interdictions ont été levées.
Mesures de prévention
Pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise, la CSST informera la Corporation des maîtres électriciens du Québec (CMEQ) et l’Association des constructeurs propriétaires en électricité et des électriciens d’entretien du Québec (ACPÉÉEQ), afin qu’ils sensibilisent leurs membres aux conclusions de cette enquête.
De plus, dans le cadre de son partenariat avec la CSST visant l’intégration de la santé et de la sécurité du travail dans la formation professionnelle et technique, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport diffusera, à titre informatif et à des fins pédagogiques, le rapport d’enquête dans les établissements de formation qui offrent les programmes d’études en électricité.
La CSST considère que l’employeur, Conrad Lavoie (1983) inc., a agi de façon à compromettre la sécurité des travailleurs. En conséquence, un constat d’infraction lui a été délivré. Pour ce type d’infractions, l’amende peut varier de 15 420 $ à 61 680 $ pour une première offense, et de 30 840 $ à 154 200 $ en cas de récidive.
(ndlr) – Il faut cependant prendre en considération que si un entrepreneur investit du temps pour établir une évaluation des dangers relative aux travaux à effectuer, il devra en inclure le cout dans sa soumission, ce qui risque de lui faire perdre le projet car les clients sont majoritairement orientés vers les couts. On pourra peut-être surmonter la difficulté le jour où les lois, ou encore les règlements de la CSST et de la RBQ, obligeront les clients à s’assurer qu’un plan de sécurité a été ébauché pour les travaux planifiés. La route est probablement très longue d’ici là… !
Le rapport d’enquête de l’accident est disponible dans le site Web de la CSST :
http://www.centredoc.csst.qc.ca/pdf/ed003965.pdf. Publié le 30 avril 2013 .