Dans un climat nordique comme celui du Québec, caractérisé par des périodes de grands froids, les véhicules hybrides, ces voitures qui combinent le moteur à essence et le moteur électrique, enregistrent une augmentation de 26% de leur consommation moyenne de carburant. En comparaison, durant la même période de l’année, la hausse moyenne de la consommation des voitures à essence est trois fois moindre. (Ndlr : c’est en été que ces véhicules sont plus avantageux.)
Telle est la principale conclusion d’une étude récente parue dans Transportation Research sous la signature des chercheurs Seyed Amir H. Zahabi et Luis Miranda-Moreno, de l’Université McGill, Philippe Barla, professeur au Département d’économique de l’Université Laval et chercheur au Centre de données et d’analyse sur les transports, et Benoit Vincent, de FPInnovations.
«Notre étude, explique Philippe Barla, s’inscrit dans un contexte où les taux de consommation de carburant, rapportés par les manufacturiers et qui font l’objet de réglementation, sont mesurés en laboratoire en suivant un protocole de conduite très précis. Or ces protocoles ont été définis dans les années 1970. Depuis plusieurs années, on sait qu’ils ne reflètent plus les conditions de conduite actuelles. Par exemple, ils ne prennent pas en compte la consommation induite par les équipements, comme l’air climatisé.»
Selon le chercheur, il existe un écart important entre les taux théoriques mesurés en laboratoire et les taux réels de consommation. L’écart se serait même accru avec les années. «Pour évaluer l’effet réel des mesures visant l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules, poursuit Philippe Barla, il est donc utile d’analyser l’efficacité dans des conditions de conduite réelles.»
L’étude avait pour but d’identifier les facteurs affectant l’économie de carburant de voitures à essence et de voitures hybrides, particulièrement en hiver dans un environnement nordique. En quelques mots, le conducteur d’un véhicule hybride recourt à son moteur à essence lors d’accélérations vives et dans des situations de vitesse élevée, surtout sur l’autoroute. Le moteur à essence sert également lorsque la charge des batteries électriques est faible.
La cueillette de données s’est déroulée de juillet 2009 à juillet 2010 dans les villes de Montréal, de Québec, de Trois-Rivières et de Sherbrooke. Montréal se caractérise par d’importants problèmes de congestion routière à la fois sur ses principales artères et ses ponts principaux. En revanche, les problèmes de congestion routière sont beaucoup moins importants à Québec. «À Montréal, sur l’ensemble de l’année, indique le chercheur, l’efficacité énergétique de toutes les voitures berlines étudiées est inférieure de 4% à ce que l’on observe dans les autres villes. Cela s’explique probablement par la congestion routière. Celle-ci engendre beaucoup d’accélérations/décélérations, ce qui accroît la consommation de carburant.»
Les chercheurs ont étudié 74 véhicules, dont 21 hybrides. Le moteur de chacune des voitures était équipé d’un module d’enregistrement électronique connecté directement à l’ordinateur de bord du véhicule. Le module effectuait jusqu’à cinq enregistrements par seconde d’une série de paramètres, dont la vitesse, l’accélération et la consommation de carburant. De plus, les trois quarts des conducteurs ont reçu un entraînement en technique d’éco-conduite. L’éco-conduite consiste, entre autres, à éviter de laisser tourner le moteur à l’arrêt et de rouler à plus de 110 kilomètres/heure.
Les résultats obtenus par les chercheurs confirment ceux d’études antérieures. Sur l’ensemble de l’année, les véhicules hybrides ont de meilleures performances, en termes d’efficacité énergétique, que les véhicules à essence, en particulier pour la conduite en ville et à basse vitesse. Le gain moyen des berlines hybrides étudiées était de 28% par rapport aux berlines non hybrides. «L’hiver, toutefois, les batteries électriques des voitures hybrides se déchargent avec le froid, souligne Philippe Barla. La demande électrique pour le chauffage draine aussi l’énergie des batteries. Le moteur à essence de ces voitures est donc plus souvent en activité, ce qui réduit les gains de carburant des hybrides durant cette période de l’année. Cela dit, le problème est encore plus important pour les véhicules électriques, comme la Nissan Leaf. En effet, dans ce cas, c’est l’autonomie de conduite qui est réduite par grands froids.»
Source: Université Laval http://www.lefil.ulaval.ca/articles/efficacite-energetique-sur-quatre-roues-36596.html