Les électriciens sont une main-d’œuvre de première importance pour l’industrie du bitcoin, cette monnaie virtuelle, aussi appelée cryptomonnaie. L’un des plus gros joueurs de l’industrie en Amérique du Nord, l’entreprise québécoise Bitfarms s’est récemment payé une compagnie de service d’électriciens, a révélé en décembre Radio-Canada. Cette même entreprise, qui détient déjà cinq mines de cryptomonnaies, a investi 250 M$ en mars pour s’installer à Sherbrooke, où elle a signé un contrat d’achat d’électricité de 98 MW avec Hydro-Sherbrooke, rapporte La Tribune.
En février, Bitfarms avait également annoncé qu’elle convertissait un bâtiment existant du parc industriel de Magog en mine de cryptomonnaie. Cette seconde annonce d’investissement en Estrie démontre toute la vigueur de cette industrie en pleine expansion, mais encore fragile en raison de la nature de ses activités de spéculation de monnaies virtuelles.
Ces centres de puissance de calculs servent à valider des transactions sur le réseau bitcoin, et la nouvelle installation à Sherbrooke permettrait d’embaucher 250 employés, dont des ingénieurs, techniciens, électriciens et administrateurs de systèmes. Bitfarms emploie actuellement 80 personnes.
Rentabiliser le poste électrique
Le maire de Sherbrooke, Steve Lussier, ne s’en cache pas. Cet investissement de la part d’une entreprise en cryptomonnaie lui permettra très vite de rentabiliser le dernier poste électrique mis en service, dit-il, ajoutant au passage qu’aucun tarif préférentiel n’a été consenti à Bitfarms. L’entreprise se dit autosuffisante, ne dépendant ni d’incitatif gouvernemental ni de subvention. (Pour lire le reportage de Radio-Canada à ce propos, cliquer ici)
En termes de ventes d’électricité, la convention avec Bitfarms représenterait quelques dizaines de millions de dollars annuellement, peut-on lire dans La Tribune. La proximité de l’Université de Sherbrooke ainsi que la collaboration du distributeur d’électricité Hydro-Sherbrooke ont facilité le choix de s’installer dans ce secteur. (Pour consulter l’article de La Tribune, cliquer ici)
Selon Hydro-Sherbrooke, l’installation consommerait l’équivalent de 8 000 maisons, peut-on lire dans Le Journal de Montréal, mais l’entente a été établie de façon à ce que Bitfarms utilise uniquement les surplus d’électricité, en dehors des périodes de pointe. (Pour lire l’article du Journal de Montréal, cliquer ici)
Bas prix et grands espaces attrayants
Il faut dire que le prix abordable du cout de l’électricité au Québec et ses grands espaces disponibles font en sorte que les minières de monnaies virtuelles s’intéressent à la province. Hydro-Québec admet recevoir des douzaines de demandes à cet égard, mais la société d’État se montre prudente en raison de la volatilité de cette monnaie dont les transactions se font sur un marché virtuel. « Ce contexte nous incite à préciser notre stratégie commerciale », a confié à Radio-Canada le porte-parole d’Hydro-Québec Marc-Antoine Pouliot.
Cette monnaie « virtuelle » pourrait-elle un jour remplacer les monnaies actuelles et révolutionner le système bancaire ? La question se pose. Les entreprises chinoises, dont l’un des plus importants exploitants de mines de bitcoins, Bitmain Technologies, lorgneraient particulièrement vers le Québec pour sa quantité astronomique d’hydroélectricité à rabais. Hydro-Québec prévoit en effet générer des surplus de 100 térawattheures (TWh) d’ici les dix prochaines années.
(Pour lire l’article de Radio-Canada à ce propos, cliquer ici)
Vu l’engouement des exploitants pour des « sites » québécois, Hydro-Québec songe à imposer des tarifs d’électricité plus élevés à ces minières de cryptomonnaies. Elle s’interroge également à savoir si elle aura même la capacité de répondre à la demande grandissante. Des projets déposés réclameraient jusqu’à 100 MW d’énergie, soit 20 fois plus que celle consommée au Centre Bell, révèle encore Radio-Canada. (Pour consulter cet article, cliquer ici)
Ultraénergivores, ces « minières » regardent même vers des régions éloignées du Québec, par exemple vers Thetford, où les anciennes mines pourraient être reconverties en installations pour creuser la cryptomonnaie. Des villes comme Matane, en Gaspésie, et Baie-Comeau, sur la Côte-Nord, ont été approchées également, confirme Le Soleil. (Pour voir cet article, cliquer ici)
Si les discussions vont bon train autour de l’industrie de la cryptomonnaie, capable de générer d’importants investissements, la prudence reste de mise.