Une première étude ayant montré que les pales d’éoliennes pouvaient être recyclées en composants de béton, une seconde sera entreprise pour déterminer le potentiel de commercialisation du procédé.
Depuis deux ans, des chercheurs de l’Université de Sherbrooke ont démontré qu’intégrer des résidus de pales d’éoliennes, constituées à 75 % de fibre de verre, à un mélange de béton augmentait sa résistance en flexion de 15 %. Devant ces résultats, ils lancent une seconde phase pour évaluer si le procédé peut être commercialisé.
La relance des recherches, qui s’échelonneront sur trois ans, nécessite un financement d’un demi-million de dollars. Le financement n’est pas complété, mais Luc Massicotte, responsable de Synergie Matane, un projet d’économie circulaire qui pousse en faveur de l’étude, estime que ce sera fait dans les prochains mois.
Alternative à l’enfouissement
Les pales d’éoliennes faites de fibre de verre ou de fibre de carbone avec de l’époxy ne sont pas recyclables. Elles sont généralement découpées et envoyées à l’enfouissement ou coupées en morceaux et utilisées comme combustible dans les cimenteries.
L’option à l’étude a un double avantage. Elle permet de réduire la quantité de déchets dirigée vers l’enfouissement et d’utiliser moins de ciment, une matière extrêmement polluante à produire, dans la production de béton.
Un portrait de l’industrie éolienne de l’Est-du-Québec démontre le besoin de gérer plus de 20 000 tonnes de pales, soit le volume estimé des pales d’éolienne actuellement en activité et qui devra être traité dans les prochaines années. Par exemple, le parc du Nordais, en opération depuis 20 ans près de Cap-Chat, approche de sa fin de vie utile.
Érosion et usure
La durée de vie des éoliennes est évaluée à quelque vingt ans, mais les pales peuvent se détériorer plus rapidement, ce qui entraîne des couts de maintenance élevés. La raison: l’érosion provoquée par la pluie, la neige, la poussière et les particules fines qui flottent dans l’air. À la pointe d’un rotor de 100 m, une goutte de pluie peut frapper la pale à plus de 280 km/h, mettant à l’épreuve son revêtement.
L’érosion du bord d’attaque des pales s’observe dès que la pluie ou le sable touche la couche supérieure de revêtement transparent. La traînée augmente, tandis que la portance diminue. Lorsque l’érosion atteint les couches inférieures de l’époxyde et du composite, la traînée a plus que doublé, tandis que la portance a encore plus diminué, entraînant une chute importante de la production d’énergie. La baisse de rendement peut atteindre 15 %, selon l’Association canadienne de l’énergie éolienne (CanWEA).
Des pales érodées peuvent également provoquer des vibrations affectant d’autres parties de l’éolienne, comme le rotor, ce qui peut causer d’autres dommages.